Coronavirus : Valérie Pécresse coupe temporairement les vivres de la RATP et la SNCF

TRANSPORTS Faute d’aide et de « soutien » de l’Etat, l’Ile-de-France arrête provisoirement de payer la RATP et la SNCF, a annoncé Valérie Pécresse ce mercredi au siège de la Région

R.L.
Valérie Pécresse, la présidente de la Région Ile-de-France
Valérie Pécresse, la présidente de la Région Ile-de-France — Lionel GUERICOLAS / MPP/SIPA
  • Valérie Pécresse met la pression dans le bras de fer qui l’oppose au gouvernement.
  • Le conseil d’administration d’Ile-de-France Mobilités a voté à l’unanimité mercredi l’arrêt provisoire des paiements à la RATP et la SNCF pour juillet.
  • « J’attends que le gouvernement se saisisse de ce sujet et que nous nous réunissions au plus vite pour discuter de cette gravissime crise des transports publics dans le pays », a-t-elle indiqué.

« Nous avons dépensé sans compter pour faire face à la crise du Covid-19 », explique ce mercredi Valérie Pécresse dans la salle de presse de la Région Ile-de-France à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Nettoyage, désinfection, sécurité et surtout paiement à 100 % pour ses opérateurs… « Ile-de-France Mobilités s’est montrée exemplaire pendant la crise », ajoute-t-elle. Mais aujourd’hui, faute d’aide et de « soutien » de l’État, la présidente de la région (LR) et d’Ile-de-France Mobilités, annonce une mesure drastique.

Le conseil d’administration d’Ile-de-France Mobilités a en effet voté à l’unanimité l’arrêt provisoire des « versements des acomptes mensuels » pour la RATP et la SNCF – ce qui représente 400 millions d’euros – pour le mois et de juillet et ce, « jusqu’à ce que le budget d’Ile-de-France Mobilités en 2020 soit à nouveau équilibré ». Soit, en d’autres termes, jusqu’à ce que l'État compense les pertes de recettes dues à la crise du coronavirus. « Cette décision fait suite au refus du gouvernement d’envisager un plan massif de soutien aux transports publics en France et notamment en Ile-de-France », déplore Valérie Pécresse et d’attaquer : « Nous appelons le gouvernement nouvellement formé à ouvrir les yeux ».

« Les opérateurs vont utiliser leur trésorerie »

Pour l’heure, l’Etat propose à l’autorité organisatrice des transports franciliens une compensation de 425 millions d’euros. Ce qui représente, selon Valérie Pécresse, « seulement » 16 % du total de pertes de recettes du système de transports franciliens. La Région estime en effet à 2,6 milliards les pertes de recettes en 2020 : 1,6 milliard de recettes commerciales perdues en raison de la chute de la fréquentation et un milliard du versement mobilité. Et elle table d’ores et déjà sur 1,5 milliard d’euros en 2021. Mais Valérie Pécresse l’assure : « Il est hors de question que les voyageurs payent la facture de la crise alors que dans tous les autres pays ce sont les Etats qui ont compensé les pertes ». Alors comment vont s’organiser les opérateurs en attendant un geste de l’État ?

A ce stade, « les opérateurs vont utiliser leur trésorerie » – notamment grâce à un trop-perçu de 600 millions d'euros – pour assurer la circulation des transports publics, a assuré Valérie Pécresse, prévenant que les projets d’investissement seraient affectés « dès la fin juillet » si la situation ne se débloquait pas. Tout comme l’économie qui pourrait en pâtir également. « L’impasse financière d’Ile-de-France Mobilités aura des conséquences dans toute la France et ce sont des dizaines, des centaines de milliers d’emplois qui sont en jeu », dit-elle.

« J’attends que le gouvernement se ressaisisse »

Valérie Pécresse demande donc « un plan massif » et prévient : « S’il n’y a pas de compensation par l’État, cela veut dire imposer un impôt Covid de 20 euros sur les voyageurs franciliens par mois. Et cette taxe ne passera pas par nous ». Elle souhaite donc engager la discussion au plus vite. « J’attends que le gouvernement se ressaisisse et que nous nous réunissions au plus vite pour discuter de cette gravissime crise des transports publics dans le pays », a-t-elle poursuivi, regrettant d' « avoir l’impression de parler dans le vide avec un gouvernement de comptables ».

Début juillet, Jean-Baptiste Djebbari, alors secrétaire d’État chargé des Transports, aujourd’hui ministre délégué, déclarait sur le plateau de BFM TV : « Mme Pécresse a les moyens financiers de payer la RATP et la SNCF au 8 juillet ». Mais nous sommes ouverts à poursuivre les discussions et elle le sait. »