Municipales 2020 à Paris : « Il faut empêcher l’alliance réactionnaire Dati-Griveaux d'arriver au pouvoir », estime David Belliard

INTERVIEW A quelques heures d’annoncer ses têtes de liste dans tous les arrondissements de la capitale et à quelques jours de la sortie de son livre « Paris, rêve de gosse », David Belliard, candidat EELV à la mairie de Paris, répond aux questions de « 20 Minutes »

Propos recueillis par Romain Lescurieux
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David Belliard, candidat EELV aux élections municipales à Paris, devant l'Hôtel de ville ce mercredi 8 janvier 2019.
David Belliard, candidat EELV aux élections municipales à Paris, devant l'Hôtel de ville ce mercredi 8 janvier 2019. — Romuald Meigneux/SIPA pour 20 Minutes
  • « Il y a un rêve parisien, mais aujourd’hui il est cassé », estime David Belliard, candidat écolo à la mairie de Paris, qui sort le 16 janvier ​Paris, rêve de gosse.
  • Lui qui tend la main au candidat dissident LREM Cédric Villani pour former une grande coalition pour le climat, martèle que dans cette histoire « il ne peut pas y avoir de soutien au gouvernement ».
  • David Belliard veut aussi « empêcher l’alliance rétrograde, conservatrice et réactionnaire Dati-Griveaux d’arriver au pouvoir ».

Une ville verte, inclusive et bienveillante. David Belliard, candidat EELV à la mairie de Paris, en rêve. Celui qui veut former une large collation parisienne pour le climat sort son livre le 16 janvier prochain, Paris, rêve de gosse (Editions Rue de l’Echiquier). Révolution du vélo, ville sans publicité, sans lobby et sans les « réactionnaires » Dati-Griveaux…. Le candidat du 11e arrondissement répond aux questions de 20 Minutes à quelques heures d’annoncer ses têtes de liste dans tous les arrondissements de la capitale.

Le 16 janvier prochain, vous publiez Paris, rêve de gosse. Pourquoi ce livre ?

J’avais besoin d’exprimer ma vision de Paris. Depuis quelques mois, nous avons avec mon compagnon, le désir d’avoir un enfant. Mais lorsqu’on a cette envie, il y a plein de questions qui se bousculent dans sa tête. Dans quel monde va-t-on vivre ? Dérèglement climatique, destruction du monde comme en Australie… La situation est catastrophique. A Paris, dès qu’on commence à avoir des enfants, on se demande si on va pouvoir y rester vivre. La ville est trop polluée, pas adaptée, chère, pas accessible, ultra-dense, dans l’ultra-consommation, avec trop peu d’espaces verts. Cela pose la question de notre modèle qui est le résultat de 50 ans d’une urbanité faite pour la technologie, la voiture et le béton. C’est la ville de la démesure dans laquelle l’humain n’a plus sa place.

Aujourd’hui, Paris fait-il encore rêver ?

Quand je suis arrivé à Paris, il y a vingt ans, j’étais porté par le rêve de la capitale, une ville inclusive, tolérante. Elle représentait des opportunités professionnelles, le fait de pouvoir m’accomplir, d’exprimer qui j’étais. Il y a un rêve parisien, mais aujourd’hui il est cassé.

Dans cet ouvrage vous parlez d’une ville « trop chère », « trop brutale » qui n’est « pas faite pour les enfants ni pour leur famille », un thème cher à tous les candidats à la mairie. Mais en tant que membre de la majorité municipale depuis plusieurs années, assumez-vous une part de responsabilité ?

Le cycle politique de 2001 à 2020 a vu un certain nombre de fruits positifs qui ont profondément transformé la ville avec des avancées portées par les écologistes : le vélo, la piétonnisation de berges de Seine, la préservation de la nature. Les relations entre les socialistes et les écologistes ont été houleuses mais nous avons fait vivre cette ville et aidé les plus vulnérables. Tout en la protégeant des grands lobbys. Aujourd’hui, nous avons atteint les limites du modèle. Anne Hidalgo n’est pas allée assez loin dans le combat contre Uber et est rentrée trop tardivement dans celui contre Airbnb. Elle a laissé filer la spéculation immobilière. Aujourd’hui, Paris broie les gens. Il faut basculer dans un autre cycle politique en mettant les écolos au pouvoir.

Vous allez annoncer ce jeudi toutes vos têtes de liste dans les arrondissements. Allez-vous vous déclarer officiellement dans le 11e arrondissement où vous allez très probablement y affronter Anne Hidalgo ?

Oui, je serai tête de liste dans le 11e arrondissement. Un bel arrondissement qui m’a accueilli, qui est en profonde mutation, avec aussi de belles mobilisations citoyennes. On l’a vu récemment avec le TEP Ménilmontant. Je ne sais pas où iront les autres candidats, mais ils sont les bienvenus dans le 11e.

David Belliard, à la terrasse du café Le Verre Luisant, dans le 4e arrondissement
David Belliard, à la terrasse du café Le Verre Luisant, dans le 4e arrondissement - Romuald Meigneux/SIPA pour 20 Minutes

Où en êtes-vous du projet d’alliance avec le candidat dissident LREM Cédric Villani ? Et qu’attendez-vous de lui aujourd’hui ?

Moi, j’ai pris mes responsabilités. J’exprime depuis septembre ce que nous voulons faire, notamment un plan pour libérer Paris de la voiture et du béton. Il y a une urgence climatique. Il faut que chacun prenne ses responsabilités. Je suis en capacité de réunir une large collation pour le climat avec les gens qui ont envie de transformer la ville. J’ai fait un acte de courage, une proposition nouvelle. C’est aux candidats de prendre leur responsabilité et clarifier leur position. J’ai donné les périmètres et conditions. Il ne peut pas y avoir de soutien au gouvernement.

Cette proposition d’alliance a provoqué des tensions chez EELV. Julien Bayou a rejeté en bloc cette stratégie. Yannick Jadot a volé à votre rescousse… Pourquoi cette alliance est devenue nécessaire alors que vous déclariez au début de la campagne être « l’anti-Villani » ?

On dit la même chose. Il n’y aura pas d’accord avec LREM. Et il faut empêcher l’alliance rétrograde, conservatrice et réactionnaire Dati-Griveaux d’arriver au pouvoir. Nous avons besoin d’une coalition ferme sur un projet et des valeurs.

Il n’y aura plus jamais d’alliance avec Anne Hidalgo ?

La question c’est le projet. La coalition se fait sur le projet. Ça se fera sur la base des propositions pour Paris notamment sur les questions d’urbanisme, d’espaces verts. Est-ce qu’on veut du béton ou des jardins ? Pour moi, il n’y a pas d’amour, que des preuves d’amour. Et si oui ou non, nous sommes capables de se mettre d’accord notamment si j’arrive en tête. S’ils veulent cette révolution pour la santé, les familles, les plus vulnérables, avec nous, alors bingo, on part ensemble.

Tous les candidats parlent de l’urgence climatique, de transition énergétique, d’écologie pour Paris. Même Marcel Campion dit avoir « un projet pour la nature ». Comment être plus vert que vert quand on est le candidat des Verts ?

On a les solutions, que l’on porte parfois depuis plusieurs années. Même si les gens y viennent tardivement, je suis content que les choses bougent. L’urgence est telle que nous devons nous mettre d’accord.

La grève semble avoir enclenché la révolution du vélo dans la capitale et la pratique de la marche à pied, que vous prônez. Si vous êtes élu, quelles vont être vos actions pour que ces habitudes s’inscrivent pleinement dans le temps long ?

On libère Paris de la voiture, on crée des pistes cyclables sécurisées partout et en lien avec la métropole. On a avancé sur le sujet, mais seul la moitié du plan vélo tel qu’il était prévu en 2014 a été réalisé. Ce plan est parti trop tard. Il faut récupérer la moitié des places de parking en surface pour faire des espaces verts et des pistes cyclables. L’idée est qu’un enfant puisse prendre son vélo et aller à l’école en toute sécurité. Nous allons redonner de l’espace et des infrastructures aux gens.