L’Île-de-France encouragée à accélérer le développement des voitures autonomes
TRANSPORTS La France est encore très timide dans ses expérimentations
- L’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France a publié ce jeudi un rapport sur la voiture autonome.
- Il pointe le retard de la France en la matière et demande des expérimentations plus ambitieuses.
- L’Ile-de-France entend se positionner comme un acteur important du développement des véhicules autonomes.
D’ici à quelques années, les Franciliens qui se rendent au travail en voiture croiseront peut-être, sur leur route, des conducteurs qui lisent le journal ou qui font la sieste au volant. C’est, avec un peu d’exagération, le scénario poussé par l’institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU), un organisme rattaché à la région Île-de-France.
Dans un rapport publié ce jeudi, l’IAU fait le point sur les expérimentations actuelles des véhicules autonomes et propose des pistes pour multiplier les essais en conditions réelles. A en croire l’étude, il y a urgence : « Depuis 2015, 70 expérimentations en France ont permis de faire parcourir environ 300.000 km à des véhicules autonomes, tandis qu’aux Etats-Unis, Waymo, qui fait figure de pionnier, a fait rouler plus de 16 millions de km à ses véhicules autonomes ». Autrement dit, un seul acteur du marché américain compte déjà 53 fois plus de kilomètres « autonomes » que l’ensemble des acteurs français.
Des tests encore peu ambitieux
L’autre souci, c’est que les expérimentations françaises dans ce domaine sont souvent assez limitées. L’IAU se montre par exemple un brin moqueur sur une expérimentation menée par la RATP en 2017. « Il n’est pas sûr qu’une navette [autonome] sur le pont Charles de Gaulle [au-dessus de la Seine, à Paris] roulant à 4 km/h sur 170 mètres (…) démontre une quelconque utilité » assène le rapport.
Depuis, le gouvernement s’est emparé du sujet. Il y a deux mois, il a dévoilé un nouveau plan stratégique pour le développement des véhicules autonomes d'ici à 2022, avec 16 nouvelles expérimentations prévues un peu partout en France, pour un budget global d’environ 200 millions d’euros.
Mais là encore, le projet manque de souffle pour l’IAU : « Sur les 16 expérimentations, 13 concernent des navettes dédiées à des usages de niche (…). Une seule expérimentation, menée en Ile-de-France sur des voies à chaussées séparées [2x2 voies, autoroutes] par PSA et Renault, concerne les voitures autonomes (…). On est encore très loin des expérimentations menées sur des flottes de voitures autonomes aux Etats-Unis par Waymo, Uber et autre GM ».
Rouler en conditions réelles
A la place, l’organisme milite pour des tests avec beaucoup plus de véhicules, et à plus grande échelle. « Mieux qu’un site construit sur un terrain militaire ou universitaire comprenant une reconstitution artificielle, [la zone d’expérimentation] doit comporter des morceaux réels de ville (habitat, bureaux, commerces, écoles, etc.) pour permettre des tests en conditions réelles » note l’IAU.
Plusieurs endroits sont proposés : le plateau de Saclay (qui mène déjà une expérience de navettes), Versailles-Satory, ou encore Marne-la-Vallée. L’idée est que les véhicules autonomes puissent circuler « librement » dans tout le périmètre, et ne plus se cantonner à un itinéraire bien défini à l’avance.
Routes « intelligentes »
Ces recommandations sont bien accueillies par Grégoire de Lasteyrie, maire de Palaiseau et délégué spécial aux nouvelles mobilités à la région Ile-de-France. « Il faut créer les conditions optimales pour les expérimentations de véhicules autonomes, explique-t-il. Cela passe notamment par le développement de routes « intelligentes » (via la 5G), avec par exemple des feux rouges connectés ». L’année dernière, 5,5 millions d’euros ont déjà été débloqués par la région pour aménager des axes franciliens en vue des expérimentations futures.
Le développement de la voiture autonome devrait aussi être facilité par la future loi Mobilités (loi LOM), actuellement en discussion à l’Assemblée. Elle devrait permettre aux véhicules autonomes « de niveau 4 » de circuler d’ici à 2022. Ce niveau correspond à une « automatisation élevée », où le conducteur n’a pas besoin d’intervenir immédiatement, mais seulement au bout de quelques minutes en cas d’alerte. Ce qui laisse un peu de temps pour lire son journal… ou faire la sieste.