Policiers attaqués: «On a affaire à des assassins», assure le maire de Viry-Châtillon

ESSONNE Après les attaques de ce samedi à la cité de la Grande Borne (Essonne) blessant quatre policiers, l’un d’eux a été placé sous coma artificiel…

Romain Lescurieux
Quatre policiers ont été visés par une attaque aux cocktails Molotov, samedi après-midi à Viry-Châtillon (Essonne)
Quatre policiers ont été visés par une attaque aux cocktails Molotov, samedi après-midi à Viry-Châtillon (Essonne) — Thomas SAMSON / AFP

Viry-Châtillon sous haute tension. Samedi après-midi, par une quinzaine d’individus cagoulés et armés de cocktails Molotov, près de la cité de la Grande Borne, située à cheval sur les communes de Viry-Châtillon et de Grigny, dans l’Essonne.

L’un des gardiens de la paix âgé de 28 ans, dans un « état préoccupant et déclinant », selon une source policière, a été placé sous coma artificiel ce dimanche. Son pronostic vital est engagé. Sa collègue de 39 ans, mère de famille, est toujours hospitalisée pour des brûlures, mais son état est « moins inquiétant », toujours d’après cette même source. Les deux autres agents, « choqués », sont eux, sortis samedi soir de l’hôpital de Longjumeau. Une attaque « inqualifiable » et « intolérable » . Retour sur les faits.

« Le carrefour diligence »

Il est 15 h ce samedi sur la , au niveau du carrefour dit du « Fournil » du nom de la boulangerie voisine. Au feu rouge,  à la portière avec violences. « Nous l’appelons le carrefour diligence », note auprès de 20 Minutes, Claude Carillo, secrétaire régional du syndicat de police  

Pour faire face à ce phénomène, la mairie de Viry-Châtillon a décidé il y a un an d’y installer une caméra de surveillance. , notamment à coup de meuleuse ou de voiture-bélier, cette caméra était depuis ce lundi « sécurisée » par des patrouilles statiques. Ce samedi, ils sont donc quatre policiers dans deux véhicules à effectuer cette mission de protection. Mais soudain, la première voiture est prise à partie par un groupe d’une quinzaine d’individus.

Une attaque « préméditée »

« Ils sont arrivés sur le côté, cagoulés et ont cassé les vitres du véhicule avec des pavés pour y jeter des cocktails Molotov. Il y avait la volonté de tuer car selon les premiers témoignages, ils ont tenté de les empêcher de sortir », détaille Claude Carillo. Appelée en renfort . Les deux agents s’en sortiront avec quelques ecchymoses. « Des individus organisés et armés comme cela, ça demande une préparation. Cette attaque est préméditée dans un contexte de guerre de territoire terrible. Cette caméra représente un frein à leur trafic », déplore-t-il.


Depuis, la zone a été quadrillée par d’importants renforts policiers armés de lanceurs de grenades lacrymogènes et de boucliers. Le parquet d’Evry a ouvert une enquête en flagrance pour tentative d’assassinat, confiée à . Selon une source judiciaire contactée par 20 Minutes, « à ce stade il n’y a pas encore eu d’interpellation ». « Pour le moment, il s’agit encore d’une enquête préliminaire. Nous recueillons un maximum d’éléments et de témoignages ». Tout le week-end et à quelques mois de l’élection présidentielle, les réactions politiques ont été nombreuses.

« La prochaine étape, c’est d’aller à l’intérieur de la Grande Borne »

« Des actes aussi intolérables appellent des sanctions exemplaires », a déclaré le Premier ministre Manuel Valls, ancien élu de l’Essonne. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a condamné ses actes et a indiqué qu’il se rendrait au chevet des policiers blessés « dès que possible ». « On a affaire à des assassins », a quant à lui dit à l’AFP . « La prochaine étape, c’est d’aller à l’intérieur de la Grande Borne pour faire cesser tous ces trafics car c’est bien ça que la caméra dérange », a-t-il tenu à préciser.



De son côté Claude Carillo, préconise davantage « la sécurité des équipes » que « les actions coup de poing ». « Nous dénonçons depuis dix ans les baisses de moyen. Nous demandons toujours 300 effectifs en plus dans le département alors que nous sommes à 112 en moins depuis 2012 », critique-t-il. « Depuis le début de la semaine nous alertons en disant qu’on ne peut pas laisser deux véhicules positionnés à cet endroit avec des équipes sans matériel pour faire face à une telle situation », lance Claude Carillo. Selon lui « il manque des moyens, des effectifs et des sanctions », regrette-t-il, en rappelant qu’à la Grande Borne, ce sont  par semaine.