Paris aura bientôt sa brigade de lutte contre les incivilités

POLICE MUNICIPALE Elle comptera 1.500 inspecteurs de sécurité chargés de traquer les jets de mégot par terre, les déjections canines, les terrasses qui débordent, les nuisances sonores...

Fabrice Pouliquen
Depuis octobre 2015, la mairie de Paris traque les fumeurs qui jettent les mégots par terre.
Depuis octobre 2015, la mairie de Paris traque les fumeurs qui jettent les mégots par terre. — THOMAS COEX / AFP

Les amendes de 68 euros pour jets de mégots par terre, dressées depuis le 1er octobre, était un premier signe. Paris veut traquer part en guerre contre les incivilités du quotidien. Les pipis contre le mur, les terrasses qui débordent, les déjections canines, les nuisances sonores…

Ce lundi après-midi, au conseil de Paris, Colombe Brossel, adjointe chargée de la sécurité, présentera la prochaine étape : la création, le 12 septembre prochain, de la brigade de lutte contre les incivilités. 20 Minutes fait le point.

Qui était jusque-là en charge de la lutte contre ces incivilités ?

La mission était principalement dévolue à la DPP, la direction de la prévention de la protection. Le service compte 1.200 membres, parmi lesquels des agents d’accueil et de surveillance, qui protègent les bâtiments publics, des correspondants de nuit mais aussi 700 inspecteurs de sécurité, « les seuls en fait à verbaliser au sein de cette direction », précise Philippe Hsu, syndicaliste CGT.

Mais d’autres services de la ville se mêlent à cette lutte. Dans les parcs et jardins, ce sont ainsi les gardiens de square, rattachés à la direction des espaces verts, qui dressent les PV. « Ce cloisonnement des agents verbalisateur est inefficace, note Colombe Brossel. Surtout, ils ne sont pas assez nombreux. En particulier le soir, la nuit et les week-ends. »

Qu’est-ce qui changera le 12 septembre ?

La DPP laissera place à la Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection (DPSP). Le nombre d’agents y sera nettement revu à la hausse. « De 1.200, nous passerons à 1.900, précise Colombe Brossel. Avec un fort accent mis sur les inspecteurs de sécurité qui seront 1.500. » En uniforme, ils traqueront toutes les incivilités du quotidien sur tout l’espace public parisien.

L’autre grande nouveauté est la création d’une brigade d’intervention, une sorte d’équipe de choc de la lutte contre les incivilités. « Elle sera composée de 320 agents qui auront vocation d’intervenir soir, nuit et week-end pour répondre aux situations d’urgence et renforcer les dispositifs de sécurité locaux », précise Colombe Brossel.

Des embauches en perspective ?

En ces temps de restrictions budgétaires, ne rêvez pas trop : la ville de Paris n’embauchera pas 700 inspecteurs de sécurité d’ici septembre. « Nous allons ouvrir 32 postes », précise tout de même Colombe Brossel. Pour le reste, la mairie de Paris mise sur des regroupements de services. Elle a proposé à 140 gardiens de square d’intégrer cette brigade, mais aussi à 110 agents de surveillance de Paris [les « pervenches »] actuellement mis à la disposition de la préfecture de police de Paris pour la verbalisation du stationnement irrégulier.

S’agit-il d’une police municipale déguisée ?

Anne Hidalgo s’y est toujours refusée. Cela y ressemble toutefois de plus en plus même si, au conseil de Paris, le groupe UDI-Modem et Les Républicains veulent aller plus loin. « Il est temps qu’Anne Hidalgo demande à ce que ces inspecteurs de sécurité aient les mêmes compétences que les agents de police judiciaire adjoints, exige Nathalie Koscuisko-Morizet, chef des Républicains. Aujourd’hui, ils dressent des contraventions mais ne peuvent exiger les papiers d’identité de la personne verbalisée. Ce qui pose tout de même problème. »

NKM craint alors une réforme qui vise plus à accroître le nombre de PV qu’à sécuriser les Parisiens. Philippe Hsu y voit lui aussi « une réforme pour faire de l’argent. » « Nous avions auparavant de nombreuses actions de services publics proches des Parisiens, explique-t-il. Celui, par exemple, d’accompagner les personnes âgées dans leur démarche administrative ou d’aider les victimes de vols à refaire leurs papiers d’identité. Ces actions sont aujourd’hui délaissées au profit des missions de verbalisation. »

« Ces missions de services publics continuent », répond Colombe Brossel qui réfute également l’instauration d’objectifs chiffrés au sein de cette future brigade. Quant à l’augmentation du nombre d’inspecteurs de sécurité, « elle doit permettre aussi de mettre plus d’agents en uniforme dans Paris et dissuader ainsi les incivilités », justifie-t-elle.