Paris: Une journée pour montrer que «la parole, c'est plus fort que la violence»

Evenement Le Non-Violence Day, ou « Journée de la Non-Violence » se tient à Paris (2e) ce samedi. L'occasion de débattre des enjeux de la non-violence dans la ville, et renouer le dialogue...

Jessica Martinez
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Illustration d'un homme violent avec sa compagne.
Illustration d'un homme violent avec sa compagne. — ALCALAY SARAH/SIPA

« La ville est un réceptacle des violences qui ont lieu un peu partout dans la société », explique le philosophe Jean-Marie Muller, l’un des intervenants de la N-V Day, la journée de la non-violence, qui se déroule ce samedi à Paris (2e). « Les rapports humains sont de plus en plus compliqués. Notre société s’est accélérée, on n’a moins le temps, on est tous soumis à l’enjeu de la vitesse qui peut empiéter sur nos rapports humains » ajoute Didier Poulhazan, formateur dans la police depuis 28 ans, qui a aussi souhaité participer à l’une des tables rondes de la N-V Day en tant que simple citoyen.

Problèmes sociaux, délinquance, chômage, sentiment d’exclusion, les causes de la violence sont partout présentes autour de nous, dans l’espace urbain, comme l’explique Jean-Marie Muller. Mais elle trouve surtout son origine dans un problème de communication : « Et comme nous avons une perception globalement positive de la violence, enseignée comme la solution la plus facile des conflits, on va avoir à l’inverse une vision positive de la violence », explique le philosophe. « Il faudrait réussir à inverser ça et avoir une vision positive de la non-violence et négative de la violence ».

Re-créer des espaces de parole

Pour se réapproprier le concept de non-violence et renouer le dialogue entre citoyens, Yazid Kherfi, ancien délinquant, a notamment eu une idée, il y a de cela quatre ans : créer les Médiations nomades, un camping-car qu’il installe le soir venu dans les quartiers sensibles où il est appelé, à l’heure où le désœuvrement est le plus grand. « Je mets des tables devant, je fais du thé à la menthe, je mets des jeux de société, je mets de la musique… Je pars du principe que la parole, c’est plus fort que la violence. Il y a beaucoup de violence dans les quartiers car il n’y a pas de parole. Il faut recréer des espaces de paroles. Alors le soir, j’installe comme une terrasse de café où les jeunes peuvent venir parler. Mais surtout être écoutés ».

Le besoin d’une prise de conscience citoyenne

Un terrain « neutre » qui permet tous les dialogues, comme a pu le constater Didier Poulhazan. Un jour, habillé en civil, il accompagne Yazid dans sa médiation à Clichy-sous-Bois et brise la glace avec certains jeunes des quartiers : « Quand on discute dans un cadre calme comme Yazid le permet, ça a de vrais effets pour améliorer le rapport entre la police et les jeunes ». Un enjeu important pour le formateur, qui l’a notamment poussé à participer à la N-V Day pour « faire tomber les mythes » que les uns peuvent avoir envers les autres, qu’il s’agisse des jeunes et des policiers, mais aussi de l’ensemble des acteurs de la société entre eux. « Il faut travailler, en termes de prise de conscience citoyenne, pour la restauration du lien social », précise Didier Poulhazan. « Et faire passer le message que chacun dans son rôle, que ce soit par le biais de son métier ou en tant que citoyen, peut aider au re-tricotage du tissu social. Mais pour cela chacun doit se sentir concerné ».

A travers les tables rondes et manifestations artistiques organisées ce samedi dans le cadre de la N-V Day, de grands thèmes seront abordées par la dizaine d’intervenants, et membres associatifs présents, tels que « Eduquer dans la cité », « Agir dans la ville », « L’écologie : cas pratique d’une lutte non-violente » ou encore « Et maintenant, je fais quoi ? ». Et autant de débats pour se réapproprier les mots de la non-violence, mais aussi cette idée que la ville puisse être l’espace propice à un meilleur vivre ensemble. « Quand on réalisera que la journée de la non-violence, ce n’est pas qu’une journée, mais que c’est au quotidien, ça ira beaucoup mieux », conclut Didier.

Le Non-violence Day - « La non-violence dans la ville ». Le 14 mai 2016, non-stop de14h à 22h, entrée libre, salle Jean Dame - 17, rue Léopold Bellan à Paris (2ème), métro Sentier. Les actions se tiendront dans la grande salle et sur le parvis.