Une octogénaire tuée pour un héritage: Sa petite-fille jugée aux assises

FAITS DIVERS La cour d’assises de Créteil juge à partir de mardi un couple accusé d’avoir tué une octogénaire au caractère bien trempé…

20 Minutes avec AFP
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Au cœur du conflit entre la grand-mère et sa petite-fille figurait une villa située dans le Parc du Perreux,
Au cœur du conflit entre la grand-mère et sa petite-fille figurait une villa située dans le Parc du Perreux, — Capture d'écran / Google Maps

Deux femmes, un héritage: pour récupérer son dû, une villa cossue du Perreux-sur-Marne (Val-de-Marne), une femme est soupçonnée d'avoir fait tuer sa grand-mère par son mari, qui a étouffé à mort la vieille dame. Le couple comparaît mardi devant la cour d'assises, à Créteil.

Le 6 novembre 2012, un voisin inquiet de ne pas recevoir de réponses à ses appels, retrouve Christiane, 83 ans, sans vie, allongée sur son lit et le visage tuméfié. Rapidement, les soupçons se portent sur Chantal, sa petite-fille, et son mari Patrice, avec lesquels l'octogénaire entretient de longue date une relation très tumultueuse.

Une grand-mère au caractère bien trempé

Au cœur du conflit, une villa située dans le Parc du Perreux, une résidence huppée, privée et bardée de caméras, occupée par Christiane et dont a hérité pour part égale sa petite-fille, à la mort de son grand-père.

La grand-mère, connue pour son caractère bien trempé - une vidéo la montrant en train d'invectiver violemment des ouvriers chez elle avait fait le bonheur d'internet - ne souhaite pas quitter les lieux, tandis que Chantal, en proie à des problèmes d'argent avec son mari, veut vendre pour éponger leurs dettes et acheter une maison.

La petite-fille et son mari ont reconnu les faits

Butant sur un impossible compromis depuis plusieurs années, les deux parties étaient arrivées à un point de non-retour. Placé en garde à vue trois jours après la découverte macabre, le couple, sans antécédents judiciaires, reconnaît les faits.

Hébergés chez des amis ce soir-là, Patrice et Chantal décident de se rendre chez Christiane, dont la villa est située à quelques kilomètres. D'abord une première fois aux environs de 22h, avant de rebrousser chemin et de revenir peu avant minuit.

Pour justifier cette visite nocturne, les époux vont d'abord assurer aux enquêteurs que leur intention était simplement de dialoguer pour trouver un ultime arrangement. Et si Patrice, après avoir enjambé le portail, a reconnu avoir coupé la ligne téléphonique et forcé la porte du garage à l'aide d'une pince, ce n'était que pour intimider la retraitée.

Accident mortel? Homicide volontaire? Meurtre planifié?

Surprise de sa présence en pleine nuit, Christiane se serait alors mise à insulter sa femme et ses enfants. Après une violente empoignade, Patrice a plaqué sa main sur la bouche et le nez de la vieille dame, la faisant tomber sur son lit, jusqu'à l'asphyxier.

Dialogue qui s'envenime et tourne à l'accident mortel, homicide volontaire, meurtre planifié? Que savait Chantal de la scène qui se jouait derrière les murs de la villa, en dépit des nombreux SMS échangés cette nuit-là avec son mari? Au cours de l'affaire le couple a multiplié les versions.

Lors de leur confrontation devant les enquêteurs, les époux, qui encourent la réclusion à perpétuité pour assassinat et complicité d'assassinat, ont reconnu la préméditation. Avant de revenir sur leurs déclarations lors de l'instruction, expliquant les avoir délivrées sous la pression de la garde à vue.

«Ils n'ont ni le profil, ni la personnalité, ni l'envie» d'un couple d'assassins, assure Me Stéphane Sebag, leur avocat, qui souligne «le monde de violence» dans lequel a grandi Chantal, tandis que Patrice, ancien surveillant pénitentiaire «bien noté par sa hiérarchie», «se retrouve de l'autre côté des barreaux du jour au lendemain».