Ian Brossat: «Nous utiliserons tous les leviers pour améliorer l’offre locative à Paris»

LOGEMENT Adjoint au maire de Paris en charge du logement et de l’hébergement d’urgence, il accorde à «20 Minutes» son premier entretien…

Fabrice Pouliquen
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Ian Brossat est le nouvel adjoint au maire de Paris en charge du logement et de l'hébergement d'urgence.
Ian Brossat est le nouvel adjoint au maire de Paris en charge du logement et de l'hébergement d'urgence. — V. Wartner / 20 Minutes

A seulement 33 ans, Ian Brossat est, depuis samedi, l’adjoint PCF (Parti communiste français) au maire de Paris en charge du Logement et de l’Hébergement d’urgence. Un poste clé dans l’équipe d’Anne Hidalgo. Il accorde à 20 Minutes son premier entretien dans ses nouvelles fonctions.

Anne Hidalgo l’a maintes fois rappelé: son premier combat sera celui du logement. Vous héritez justement de ce dossier. A seulement 33 ans, vous sentez-vous de taille pour relever ce défi?

Il y a évidemment des attentes énormes sur la question du logement. C’est la première préoccupation des Parisiens et bien souvent aussi leur premier poste de dépense. Mais nous avons pleinement mesuré l’ampleur de la tâche avec Anne Hidalgo et c’est un défi que je relève avec enthousiasme. Le logement n’est pas un sujet que je découvre. J’étais président du groupe communiste au Conseil de Paris ces six dernières années et je me suis spécialisé sur les questions de l’habitat. J’ai notamment présidé deux missions d’information ayant trait au logement. D’abord une mission sur les ascenseurs en 2009, puis sur les familles monoparentales en 2010.

Anne Hidalgo a fait sienne la proposition des communistes parisiens de construire 30% de logements sociaux d’ici 2030. Soit 5% de plus que ce qui est exigé par la Loi Duflot. Comment comptez-vous tenir votre promesse électorale?

Notre objectif est de construire 10.000 nouveaux logements chaque année. Du logement privé, accessible aux jeunes actifs et aux classes moyennes. Mais aussi 7.000 logements sociaux par an. Ces logements sociaux ont une vocation généraliste et s’adressent aux classes populaires comme aux classes moyennes. Nous veillerons également à ce qu’ils soient mieux répartis sur le territoire parisien afin d’assurer la mixité sociale de la ville. Il y a aujourd’hui trop peu de logements sociaux dans les arrondissements du centre et de l’ouest parisien. Nous utiliserons tous les leviers disponibles pour parvenir à ce cap des 30 % de logements sociaux d'ici 2030.

Quels sont ces leviers justement?

Nous avons déjà parlé de la production de logements sociaux. Je vois deux autres leviers à utiliser. D’abord, la mobilisation des appartements vacants. Nous allons rapidement mettre en place notre dispositif «multiloc» que nous avons présenté durant la campagne. Elle visera à donner des garanties aux propriétaires de logements vides. En échange, ils s’engageront à les mettre en location à des niveaux de loyers accessibles. L’autre levier sera la reconversion des bureaux vides. Nous avons l’objectif de transformer 200.000 mètres carrés de bureaux vides en habitat.

Malgré tout, un document interne de la Direction du logement et de l’habitat (DLH) estime difficilement atteignables, à Paris, les objectifs de la Loi Duflot de 25% de logements sociaux d’ici 2025…

Il y avait déjà des interrogations en 2001 lorsque Bertrand Delanoë avait fait part de sa volonté de faire 20% de logements sociaux d’ici 2014. Au final, le pari a été tenu. Nous arriverons à tenir nos objectifs. Nous en avons la volonté politique. Les marges de manœuvre existent. Il y a ainsi à Paris des terrains et des immeubles appartenant à l’Etat mais qui ne sont plus utilisés et que nous aimerions transformer en logement. La caserne de Reuilly dans le 12e arrondissement est un exemple, tout comme d’anciens ministères laissés vacants et que nous aimerions convertir en logements. La ville de Paris ne doit pas être non plus la seule à se mobiliser. Samedi, lors de son discours d’investiture, Anne Hidalgo a précisé qu’une grande conférence sera organisée d’ici juin, associant acteurs publics et privés, pour trouver des solutions.

Comptez-vous également faciliter l’accession à la propriété à Paris?

Paris est une ville de locataires. Plus de 60% des Parisiens sont en location alors que le rapport est inversé à l’échelle nationale. Je crois que Paris doit assumer ce caractère-là. Pour nous, la priorité est une offre locative accessible. Le niveau du foncier à Paris est tel que même lorsque l’on fait des efforts, les prix à l’achat restent très élevés.

Votre poste d’adjoint comprend également le dossier de l’hébergement d’urgence… Quels seront vos objectifs dans ce domaine?

La volonté d’Anne Hidalgo est de faire de la lutte contre l’exclusion la grande cause de cette mandature. L’hébergement d’urgence s’inscrit pleinement dans ce cadre-là. Nous avons l’intention d’améliorer les conditions d’accueil mais aussi de fluidifier le parcours des personnes aidées. De l’hébergement d’urgence à l’obtention du logement. Là encore, notre volonté n’est pas d’agir seul, mais bien de faire participer les Parisiens à la lutte contre l’exclusion.