Alpes-Maritimes : Avec leur marque Chandam, elles tissent un nouveau filon de la laine en France

ENTREPRISE Deux entrepreneuses établies sur la Côte d’Azur lancent une collection de vêtements confectionnés avec de la laine de mouton de la vallée du Var

Fabien Binacchi
Sandra Khochmatlian et Eléonore Bricca (à dr.) ont lancé une série de cinq pièces.
Sandra Khochmatlian et Eléonore Bricca (à dr.) ont lancé une série de cinq pièces. — Chandam
  • Après une campagne de crowdfunding, Chandam vient de lancer sa première collection en laine pour femme afin de « valoriser une matière naturelle française ».
  • Elles veulent réorganiser toute une filière autour de la laine mérinos d’Arles, prélevée sur des moutons élevés dans les Alpes-Maritimes.

Des troupeaux de moutons de Loris Morato, éleveur à Villeneuve-d’Entraunes dans la vallée du Var (Alpes-Maritimes), jusqu’à… votre penderie. Valoriser la laine française et développer une filière 100 % locale, c’est le pari de l’Azuréenne Eléonore Bricca et de son associée, Sandra Khochmatlian.

Leur rencontre, il y a un peu plus d’un an, a fait tilt. La première, agronome de formation, avait œuvré auprès de différentes sociétés pour les rendre plus vertueuses. La seconde a travaillé vingt ans dans la mode. Après une campagne de crowdfunding, leur société Chandam, établie à Antibes, vient de lancer sa première collection pour femme. Une série composée d’une veste, de deux pulls, d’une écharpe et d’un béret, déclinés en une dizaine de coloris pour « valoriser une matière naturelle française ».

Bientôt leur propre fil

La laine mérinos d’Arles, qu’elles ont choisie pour « sa douceur et sa résistance », « est en grande majorité exportée vers la Chine pour 0 euro à 50 centimes le kilo », se désole Sandra Khochmatlian. « Ils la transforment là-bas et nous revendent ensuite les vêtements après un deuxième tour du monde », appuie-t-elle.

Leur idée, c’est de relocaliser. Pour cette première collection, « de l’élevage au tricotage, en passant par la teinture, tout se fait entre la France et l’Italie », détaille Eléonore Bricca. Pour le moment, elles achètent leur fil de l’autre côté de la frontière. Mais, « à terme, nous voulons produire notre propre fil 100 % français ».

Les deux entrepreneuses y travaillent en réalité depuis plus d’un an, « mais tout ce qui est recherche et développement, ça prend du temps, poursuit Sandra Khochmatlian. On veut arriver à la bonne qualité, notamment en ce qui concerne la résistance. »

Une collection en lin français pour l’été

A terme donc, la laine azuréenne sera d’abord envoyée dans le Gévaudan pour y subir un « lavage ». Direction ensuite les ateliers Dumortier à Tourcoing, dans le Nord, où les fibres seront cardées et peignées. Le tricotage restera dans les parages, à Reggio Emilia, près de Bologne en Italie, comme c’est déjà le cas pour cette collection « capsule ».

Le coût devrait rester le même : comptez 230 euros pour un pull. « C’est un juste prix par rapport à la matière utilisée, au circuit de fabrication ou encore à la qualité des détails », avance Sandra Khochmatlian. Les deux associées planchent déjà sur une collection d’été avec du lin 100 % français.

« Valoriser chaque acteur »

Avec ce projet, Eléonore Bricca et Sandra Khochmatlian veulent « valoriser chaque acteur de leur filière ». « Dans le textile, à l’inverse de l’alimentaire, il n’y a aucun lien entre consommateur et producteur. Nous ne savons jamais d’où provient la matière et qui l’a produite. Bien souvent, les agriculteurs et les éleveurs ne savent pas non plus ce qui est fabriqué avec leur matière. Nous avons envie de créer un véritable lien », assure la seconde.