Nice : Le maire retire les délégations de deux élus et une autre revient sur un vote (sans doute) pour s'éviter le même sort
BISBILLE Christian Estrosi a retrogradé Bernard Chaix et Gaëlle Frontoni alors que Catherine Moreau a fait machine arrière sur un de ses votes
- Bernard Chaix et Gaëlle Frontoni, conseillers municipaux depuis juin 2020 à la ville de Nice, ne sont plus subdélégués à l’agriculture urbaine, pour le premier, et aux activités périscolaires et à la restauration scolaire, pour la seconde.
- Les deux élus auraient bafoué « la charte signée par chaque membre de la majorité affirmant que l’intérêt de la ville de Nice est au-dessus de tout » en votant contre la ligne de Christian Estrosi au conseil départemental.
- Une de leurs collègues, Catherine Moreau, « a été contrainte de modifier son vote a posteriori sous la menace de sanctions personnelles », selon eux.
A Nice, la majorité de Christian Estrosi semble souffrir de quelques turbulences. Le maire a retiré leurs délégations à deux élus et une autre a fait marche arrière sur l’un de ses votes au conseil départemental, sans doute pour s’épargner le même sort.
La nouvelle est en fait tombée lundi soir, dans les colonnes de Nice-Matin. Bernard Chaix et Gaëlle Frontoni, conseillers municipaux depuis juin 2020, ne sont plus subdélégués à l’agriculture urbaine, pour le premier, et aux activités périscolaires et à la restauration scolaire, pour la seconde. Le maire en a décidé ainsi.
Contactée par 20 Minutes, la municipalité confirme et justifie ce recadrage. Les deux élus, également vice-présidents du département (et proches d’Eric Ciotti), auraient bafoué « la charte signée par chaque membre de la majorité affirmant que l’intérêt de la ville de Nice est au-dessus de tout ». En cause ? « Un vote », justement dans l’hémicycle de cette autre collectivité. Deux votes en fait, pour lesquels Bernard Chaix et Gaëlle Frontoni ne sont pas allés dans le sens de la majorité de Christian Estrosi.
« En contradiction avec les propos d’Estrosi sur la liberté de parole »
Selon la ville, ils se seraient prononcés contre la nomination d’Anthony Borré, son premier adjoint, au sein de la gouvernance du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) 06 et auraient voté pour le maintien du Comité régional du tourisme (CRT) Côte d’Azur, que le maire et le président de la région Renaud Muselier voudraient abandonner pour ne conserver qu’un CRT Paca.
Bernard Chaix et Gaëlle Frontoni ont finalement réagi dans un communiqué ce mardi soir. Et la décision du maire de Nice de les évincer « se trouve en complète contradiction avec [ses] propos sur le respect de la liberté de parole et d’opinion des élus », avancent-ils. D’autant plus qu’ils disent ne même pas avoir voté sur la question du Sdis.
Leur éviction serait également, selon eux, une sorte de règlement de comptes liée à leur absence de « la rentrée politique du parti politique la France audacieuse ». Une réunion « au cours de laquelle Christian Estrosi s’est livré à une attaque en règle des Républicains et a fait un pas de plus vers son ralliement à Emmanuel Macron », écrivent-ils.
« La dérive d’un exécutif municipal autocratique »
Concernant le CRT, les deux élus sont droits dans leurs bottes et assument avoir voté pour que le « territoire puisse continuer à bénéficier d’un tel outil permettant le développement économique ». « Nous ne pouvons que déplorer la dérive d’un exécutif municipal personnel, autocratique et autocentré », ajoutent-ils, citant le cas « d’une collègue niçoise, qui a été contrainte de modifier son vote a posteriori sous la menace de sanctions personnelles ».
Cette collègue ne serait autre que Catherine Moreau. L’adjointe au maire déléguée à l’agriculture urbaine et à l’animation des quartiers s’était effectivement prononcée pour le maintien du CRT Côte d’Azur avant de se rétracter. Dans un mail adressé au président du département Charles-Ange Ginésy, et qu’elle a transmis à 20 Minutes, l’élue indique qu’elle se « dédie [sic] de [son] vote pour rejoindre [celui] du groupe Mon département d’abord » et annonce même qu’elle démissionne du fameux CRT.
Du remue-ménage qui a fait réagir dans les rangs du Rassemblement national. « S’il s’agit d’un énième épisode – avant un nouveau rabibochage ? – des chamailleries entre les clans Ciotti et Estrosi, il n’en reste pas moins que le message envoyé par Christian Estrosi dans ce démarrage d’année présidentielle est très clair : un pour tous, tous pour Macron », a raillé Philippe Vardon.