Coronavirus à Nice : « La dynamique est plutôt bonne, on ajoute encore des vols pour l'été », respire le patron de l’aéroport
INTERVIEW Franck Goldnadel, le président du directoire de la société Aéroports de la Côte d’Azur, revient pour 20 Minutes sur ces treize derniers mois d’une crise inédite et reste tout de même « prudent » sur la reprise du trafic
- L’aéroport de Nice a annoncé pour cet été un millier de vols par semaine, 90 destinations, 37 pays et de nouvelles perspectives à l’international, vers New York et Dubaï.
- Malgré ce programme, Franck Goldnadel, le président du directoire de la société Aéroports de la Côte d’Azur, indique qu’un des deux terminaux de l’aéroport de Nice restera encore fermé jusqu’à la fin du premier trimestre 2022.
Un millier de vols par semaine, 90 destinations, 37 pays et de nouvelles perspectives à l’international, vers New York et Dubaï. En annonçant la semaine dernière son programme estival, sous réserve de l’évolution des conditions sanitaires liée à l’épidémie de Covid-19, l’aéroport de Nice a donné des perspectives encourageantes pour la reprise du tourisme après des mois de diète en régime sec.
L’occasion de dresser un état des lieux avec le patron de la troisième plateforme aéroportuaire de France, alors qu’une possible sortie de crise se profile à l’horizon. Franck Goldnadel, président du directoire de la société Aéroports de la Côte d’Azur, a répondu aux questions de 20 Minutes.
Quel bilan avez-vous tiré de ces treize derniers mois ?
Nous avons terminé 2020 avec 4,6 millions de passagers, très loin de la fréquentation enregistrée en 2019 [14,485 millions de visiteurs]. C’est une année terrible pour tout le monde. Mais elle n’aura pas été inutile. Nous avons continué à faire évoluer nos processus opérationnels. Nous avons mis en place un nouveau PC pour gérer l’activité quotidienne et nous avons continué à investir dans trois domaines : la sécurité aéronautique et sanitaire, les mises aux normes et l’environnement [l’aéroport s’est engagé à ne plus émettre de CO2, pour ses activités au sol, d’ici 2030].
Vous risquez-vous à faire des pronostics de fréquentation pour 2021 ?
On pensait que le premier trimestre serait plutôt faible et que le deuxième signerait une phase de rebond avec l’avancée de la vaccination et l’ouverture des frontières. Mais le troisième confinement est arrivé et il a, en plus, commencé chez nous. Les Azuréens n’avaient pas forcément la capacité à voyager et les voyageurs qui pouvaient se déplacer n’avaient pas forcément envie de venir à un endroit concerné par des restrictions spécifiques le week-end. Alors il faut rester prudent. Je peux au moins dire que nos projections nous portent à croire que l’été sera à 50 %, voire 55 %, de l’activité de l’été 2019. Actuellement, la dynamique est plutôt bonne. Enfin. On continue à ajouter encore des vols.
Les compagnies arrivent-elles à s’adapter rapidement aux annonces gouvernementales ?
C’est un des enseignements de cette crise. Les compagnies ont beaucoup gagné en agilité. Elles peuvent programmer très vite des vols. A nous, d’être à la hauteur pour les accompagner en garantissant un maximum de sécurité dans l’aéroport. Le programme de reprise est fort sur le trafic domestique, avec les grandes capitales régionales. Il y a aussi une reprise sur le faisceau européen grâce à des mesures cohérentes entre les pays. On voit poindre aussi le retour de longs courriers avec, notamment, les Etats-Unis. Nous n’avions pas cette visibilité l’année dernière.
En décembre, vous envisagiez une réouverture du terminal 1, inutilisé depuis le premier confinement, pour cet été. Qu’en est-il finalement ?
Il va rester fermer, pour le moment. Les prévisions de trafic de l’été, pas plus que celles de l’automne d’ailleurs, ne rendent nécessaires sa réouverture. J’espère que nous en aurons besoin à l’horizon de la fin du premier trimestre 2022. C’est ce que nous souhaitons tous.
Fin 2020 encore, vous signiez un accord d’activité partielle longue durée sur trois ans. Il permet de sécuriser l’ensemble de vos emplois directs, soit près de 600 ?
Nous avons pris cet engagement parce que je suis convaincu que Nice sera un des aéroports qui retrouvera son activité nominale le plus vite. Celle de 2019. Et c’est grâce à des agents qui connaissent leur métier qu’elle a pu être atteinte. Se séparer de cette expertise, ce serait un drame pour eux, mais aussi pour l’entreprise et pour tout le territoire. Les dispositions prises permettent donc de préserver ces emplois.
Ne faut-il pas craindre que certains des 5.400 autres emplois induits et liés à l’activité de l’aéroport n’aient pas résisté à la crise ?
On a essayé, avec nos prestataires et concessionnaires, de faire le maximum pour l’éviter. Nous avons donné de la visibilité. On a adapté nos contrats pour les accompagner autant que possible. Il est impossible de dire aujourd’hui si certaines entreprises ont dû prendre ce genre de décision malgré les aides de l’Etat et le chômage partiel. Ce n’est qu’à partir de l’automne qu’on pourra commencer à faire ce bilan.
Décrié par des défenseurs de l’environnement, votre projet d’extension pour le terminal 2 reste d’actualité dans ce contexte ?
Il prend tout son sens aujourd’hui. Il faut accueillir nos clients avec le niveau de qualité exigée sur la Côte d’Azur. Les installations étaient plus que saturées à l’été 2019. On ne sait pas traiter le trafic de 2019, qui reviendra, dans nos installations actuelles. Et, le deuxième élément important, c’est que les mesures de protection sanitaire, les gestes barrière demeureront, je l’espère, dans nos habitudes après crise. Il faut donc de la place pour pouvoir les garantir. Le projet en lui-même répondra donc à ces deux principales attentes. Et on travaille à continuellement l’améliorer.
A terme, au-delà de la crise, le but reste-t-il également d’accueillir plus de passagers ? La direction de l’aéroport tablait sur quatre millions de passagers supplémentaires par an.
Une chose est sûre : si on a plus d’espace dans nos terminaux, on sera capable d’accueillir plus de passagers. Mais ça ne va pas dire forcément qu’il y aura plus d’appareils en vol et davantage de nuisances. J’ai encore un travail d’explications et de démonstrations à faire à ce sujet. Dans les infrastructures que j’ai eues à gérer par le passé [Franck Goldnadel a notamment été directeur de l’aéroport d’Orly, puis de l’aéroport Charles-de-Gaulles, à Paris], nous étions capables d’avoir plus de clients avec moins d’avions.