Sur la Côte d’Azur, les surfeurs cassent le mythe de Brice de Nice

INSOLITE De l’automne au printemps, en fonction des conditions, des dizaines de personnes se retrouvent dans la mer Méditerranée pour une session de surf. Olivier Brunel en fait partie. Depuis trois ans, il casse la réputation de Brice de Nice et surfe les vagues de la Côte d’Azur

Elise Martin
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Olivier surfe à Cannes depuis 3 ans. Ce week-end, il a enfilé sa combinaison, ses gants, ses chaussons et sa cagoule pour une session en plein hiver.
Olivier surfe à Cannes depuis 3 ans. Ce week-end, il a enfilé sa combinaison, ses gants, ses chaussons et sa cagoule pour une session en plein hiver. — E.MARTIN / ANP / 20 Minutes
  • Avec des vagues de 0,5 à 1,5m, la Méditerranée offre aux moins frileux de belles sessions de surf entre l’automne et le printemps.
  • Olivier Brunel, ingénieur informatique, essaie d’aller à l’eau chaque semaine entre quarante-cinq minutes et une heure.
  • Pour lui, les spots de surf de la Côte d’Azur n'ont pas à jalouser ceux de l’Atlantique.

Température extérieure : 8 °C. Température de l’eau : 14,5 °C. Samedi matin, Olivier Brunel sort de sa Twingo grise ancienne génération garée sur le parking du Palm Beach à Cannes. « Il va falloir se motiver ! », lâche-t-il en essayant de se réchauffer. Au large, une petite dizaine de surfeurs est déjà en train de glisser sur les vagues. « En général, j’ai plus chaud une fois que j’ai mis ma combinaison et que je suis dans l’eau ».

Cet Azuréen de 31 ans surfe les vagues de la Méditerranée chaque semaine, « quand les conditions et [son] travail [le lui] permettent », pendant quarante-cinq minutes à une heure, « après, il commence à faire vraiment froid si tu attends trop », confie-t-il en souriant. Depuis près de trois ans, après une initiation en Écosse et un voyage en Amérique Centrale et du Sud qui lui ont fait découvrir la pratique, l’ingénieur en informatique s’est rendu compte qu’il pouvait aussi en faire là où il avait grandi, près de Saint-Tropez.

Il raconte : « Un jour, en vacances chez un ami à Biarritz, j’ai feuilleté un de ses livres qui répertorie tous les endroits où surfer en France. Je suis tombé sur une page qui parlait de la Méditerranée et plus spécifiquement, de la Côte d’Azur. »

Olivier, en pleine session à l'Aérospatiale, un autre endroit où surfer à Cannes.
Olivier, en pleine session à l'Aérospatiale, un autre endroit où surfer à Cannes. - Olivier Brunel

« Les gens ne me croient pas quand je leur dis que je surfe sur la Côte d’Azur »

De retour dans les Alpes-Maritimes, Olivier Brunel achète du matériel et se met à la recherche des spots. « Juste à côté de chez mes parents, sur la plage de Gigaro, il y avait un super endroit pour surfer. J’y suis allé une fois, le lendemain d’une tempête et c’est là que j’ai commencé à vraiment croire que c’était possible et à scruter les endroits pour pouvoir pratiquer le plus souvent possible. Cet hiver, j’ai même emmené mon frère qui ne me croyait toujours pas quand je lui disais que je surfais ici ! »

En effet, les clichés sont rudes dans l’imaginaire collectif. « On pense directement que le surfeur en Méditerranée, c’est Brice de Nice, qui passe son temps à attendre les vagues sans jamais rien prendre. C’est vrai que l’hiver, il y a beaucoup moins de monde sur la Côte. Alors, on garde en tête que la mer est plate et qu’il n’y a pas de vagues. Pourtant, parfois, on se retrouve à l’eau et on n’a presque plus de place pour une session. Pour qu’on me croie vraiment, je dois montrer des photos. »

La meilleure saison étant de l’automne au printemps, surfer en Méditerranée implique une eau froide et du mauvais temps pour de bonnes conditions. Il faut alors s’équiper. Olivier Brunel énumère : « J’ai une combinaison intégrale néoprène 4/3 mm, [à savoir 4 mm sur le torse/dos et 3 mm sur les bras], des gants, des chaussons et une cagoule. »

Des vagues plus douces, accessibles pour les motivés

L’avantage de surfer sur la Côte d’Azur, selon lui, c’est « que les vagues sont plutôt molles et moins dangereuses que dans le Sud Ouest, même si tu peux te faire rouler dessus parfois ». Il ajoute : « J’ai déjà vu des vagues de deux mètres à l’Aérospatiale [autre spot connu pour surfer à Cannes]. Personnellement, je m’amuse davantage quand ce sont des plus petites sessions. En général, dès qu’on voit qu’il y a du surf, même si ce n'est que 80 cm, on y va. Il ne faut pas attendre. En deux ou trois heures, à cause du vent, on peut ne plus rien avoir. » Les webcams de la ville lui permettent de vérifier les conditions avant de partir de chez lui et d’éviter d’être déçu en arrivant sur place.

Se considérant comme encore débutant, l’ingénieur, qui a continué son apprentissage du surf à travers des tutoriels sur YouTube, a acheté une planche en mousse supplémentaire pour être sûr de partir sur le plus de vagues possibles. « C’est aussi une façon d’avoir une deuxième planche pour entraîner mes amis ». Pour lui, pour démarrer le surf sur la Côte, il est préférable de ne pas être tout seul. Il conclut fièrement : « C’est possible de surfer en Méditerranée et de bien s’éclater. Il faut se motiver, mais c’est possible ! »