Nice: L'aéroport promet de ne plus émettre de CO2 dans dix ans

GAZ A EFFET DE SERRE Une annonce qui intervient alors que son projet d'extension fait polémique pour des raisons environnementales

Fabien Binacchi
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L'aéroport de Nice a accueilli 14,5 millions de passagers en 2019 et vise les 21 millions en 2030
L'aéroport de Nice a accueilli 14,5 millions de passagers en 2019 et vise les 21 millions en 2030 — F. Binacchi / ANP / 20 Minutes
  • Après avoir annoncé un engagement pour 2050 en juin 2019, l’aéroport de Nice a finalement promis mardi de ne plus émettre de CO2 dès 2030.
  • Des panneaux photovoltaïques et des puits de carbone devraient permettre d’atteindre cet objectif pour les infrastructures au sol.
  • « C’est un contre-feu pour faire passer leur projet d’extension », dénonce un collectif.

« Personne ne nous l’impose. Ce n’est pas une réponse à quoi que ce soit. Cela fait simplement partie de notre projet depuis plusieurs années. » Interrogé par 20 Minutes, Dominique Thillaud, le patron des aéroports de la Côte d’Azur, a tenu à mettre les choses au clair en annonçant mercredi sa volonté de faire passer les infrastructures au sol de la plateforme de Nice en mode « zéro émission » de gaz à effet de serre dès 2030.

« Hasard du calendrier », cette initiative intervient alors qu’un projet d’extension du terminal 2 a soulevé des inquiétudes sur le plan... environnemental. Les deux événements sont déconnectés, assure la direction.

« Nous prenons cet engagement, avec vingt ans d’avance sur notre précédent objectif [annoncé en juin 2019], pour accompagner le développement du trafic aérien. Nous avons simplement voulu aller plus vite », assure le président du directoire de la société Aéroports de la Côte d’Azur (SACA). Celui de Nice a accueilli 14,5 millions de passagers en 2019. Il vise les 21 millions en 2030.

Des « puits de carbone »

Les 101 grammes de CO2 émis pour chaque passager, lors de leur passage dans l’aéroport en 2019 devraient être de l’histoire ancienne en dix ans. « Cette année, l’électrification de 80 % des véhicules de service fera déjà baisser les émissions de 83 %, note Isabelle Vandrot, chef du service développement durable. Des panneaux photovoltaïques permettront ensuite d’atteindre l’objectif. »

Parallèlement, l’aéroport mettra en place des « puits de carbone », pour l’absorber. Des arbres en somme. « Nous expérimenterons aussi des colonnes de capture chargées en microalgues », précise Dominique Thillaud.

« Un contre-feu pour faire passer leur extension »

Reste l’activité aérienne en elle-même, celle du trafic des avions, la plus émettrice. Et de loin. Pour ça, l’aéroport annonce s’engager sur le « cycle LTO », l’approche, le roulage et le décollage, soit 10,75 kg de CO2 par passager. « Nous allons proposer une baisse de la redevance de 5 % à 10 % pour les avions qui produisent le moins de gaz », indique le président de SACA.

« C’est un contre-feu pour faire passer leur extension, tranche Airy Chrétien du Collectif citoyen 06, vent debout contre cet agrandissement. Ces mesures ne compensent qu’une part infime de la pollution engendrée. »

« Un recours va bien être déposé devant le tribunal administratif de Nice contre le permis de construire de l’extension du terminal 2. C’est une question de jours. Il sera porté par des associations régionales », avance Airy Chrétien du Collectif citoyen 06. Signé par le préfet le 20 décembre, le permis a été retiré le 13 janvier pour prendre en compte l’avis complété de la commissaire-enquêtrice, indique la préfecture des Alpes-Maritimes. Un nouveau permis a été validé le jour-même.