Cannes, candidate au patrimoine mondial de l’Unesco pour «sanctuariser» ses îles de Lérins
PATRIMOINE Le dossier, défendu par le photographe Yann Arthus-Bertrand, sera présenté au ministère de la Culture en décembre dans une version resserrée…
« Des fonds marins aux couleurs inouïes » et « une nature sauvage qui contraste avec l’urbanisation extrême de la Côte d’Azur ». Animé d’une « tendresse particulière » pour les Îles de Lérins, deux bouts de terre au large de Cannes, le photographe Yann Arthus-Bertrand est venu défendre leur inscription au patrimoine mondial de l’Unesco, ce lundi. Le dossier, porté par la Cité des festivals, devrait arriver entre les mains du ministère de la Culture dès le mois de décembre, dans un format resserré.
Lancée en mai 2015, la candidature portait alors également sur la Croisette. « Nous souhaitions mettre en valeur le paradoxe qui existe entre le glamour des événements qu’accueille le célèbre boulevard, et notamment le festival du film, et aussi le patrimoine exceptionnel de ces îles, tant historique que naturel. Mais cela ne collait pas au cahier des charges de l’Unesco », explique Maud Boissac, la directrice des affaires culturelles de la ville de Cannes, chargée du dossier.
Patrimoine militaire et religieux
Aidée par vingt-cinq experts, dont beaucoup de ses propres agents (de son service des archives, des musées, etc.), la ville peaufine désormais son dossier sur le thème de « l’illustration exceptionnelle d’occupation traditionnelle d’un espace insulaire », avec en point de mire, « la préservation et la sanctuarisation » des Îles de Lérins.
« La particularité du site, c’est l’existence commune d’un patrimoine militaire, avec un fort royal, des fortifications, des bunkers allemands et des canons à boulet notamment, sur l’île Sainte-Marguerite [la plus grande des deux] et d’un patrimoine religieux, sur l’autre », pointe la responsable.
Saint-Honorat, plus au Sud, abrite des moines depuis le Ve siècle. En plus d’un monastère fortifié, érigé en 1073 et qui doit faire l’objet d’un vaste programme de rénovation entre 2018 et 2020, l’île a accueilli un monastère bénédictin, puis une abbaye cistercienne, depuis le XIXe siècle.
Un processus (très) long
Une vingtaine de religieux, vignerons et liquoristes, y sont toujours les maîtres des lieux aujourd’hui. « Ce qui est exceptionnel sur ce site, c’est la pérennité de l’occupation à travers les siècles », vante Maud Boissac.
« Et ce serait certainement une très bonne chose que ces îles soient sanctuarisées par le label de l’Unesco », pointait sur place Yann Arthus-Bertrand, à l’affiche d’une exposition présentée tout l’été dans le Fort royal de l’Île Sainte-Marguerite. La plus grande des sœurs de Lérins accueillent jusqu’à 5.000 touristes par jour en été.
Après le dépôt de son dossier en décembre, la ville devra attendre la décision de l’Etat. Le ministre de la Culture pourra choisir ou pas de l’inscrire sur « la liste indicative de la France », c’est-à-dire des dossiers qu’il ira défendre devant les instances de l’Unesco. Mais, dans tous les cas, pas avant quelques années.