Côte d'Azur: La restauratrice Yuka Iwahana se met au chevet des œuvres d’art
METIERS D'ART La Cagnoise redonne vie aux tableaux...
Le teint terne, la surface craquelée et les fissures profondes. Sur la table d’auscultation, le diagnostic est pourtant encourageant. « Il y a une semaine de travail mais je vais pouvoir lui offrir une seconde vie », pointe Yuka Iwahana, penchée au-dessus de ce tableau du XVIIIe siècle mettant en scène une femme et trois angelots.
Si cette Cagnoise peut « sauver » cette toile, c’est qu’elle est l’une des rares conservatrice-restauratrice de peinture de la Côte d’Azur. « Comme les hommes, les tableaux ont leur médecin, fait remarquer celle qui ouvrira les portes de son atelier à l’occasion des journées européennes des métiers d’art ce week-end. J’aime ce métier car je peux participer à la survie d’une œuvre qui aurait pu finir à la poubelle. »
Des musées aux particuliers
Née au Japon, c’est en visitant un musée à Rome que Yuka Iwahana découvre cette profession qui deviendra une vocation. Des diplômes décrochés à Bordeaux puis à la Sorbonne en poche, elle s’installe dans son petit atelier de Cagnes-sur-Mer. « Il est arrivé que des toiles passent tout juste par la porte d’entrée », sourit la conservatrice.
C’est que sa table de travail a vu défiler un tableau de Renoir et une vingtaine d’œuvres de François Bensa, aujourd’hui pensionnaires du musée Massena de Nice. Mais ce sont majoritairement des particuliers qui confient leurs toiles aux mains de Yuka Iwahana. Et le tableau à la femme et aux anges sur lequel elle se penche est longtemps resté accroché au-dessus de la cheminée de sa cliente. « Il a aussi souffert de son encadrement qui a abîmé la toile », analyse la restauratrice. Pour 55 euros de l’heure, elle s’attellera à dépoussiérer, protéger, nettoyer, rentoiler et repeindre par petites touches l’œuvre afin de lui offrir une seconde jeunesse.