«Cash investigation» sur France 2: Ce que l'émission nous a appris sur le stade de Nice

ÉQUIPEMENT Le programme s'est intéressé à sa construction par le biais d'un partenariat public-privé...

Fabien Binacchi
L'Allianz Riviera a été inauguré en septembre 2013
L'Allianz Riviera a été inauguré en septembre 2013 — M. Frénois / ANP / 20 Minutes

  et une salve de tweets (38 au total) envoyée pendant la diffusion de l’émission… Christian Estrosi et ses équipes ont sorti l’artillerie lourde pour tenter de répondre   qui s’intéressait mardi soir au Stade de Nice et à sa construction en PPP (partenariat public-privé).

L’émission d’investigation et l’ancien maire (LR) de Nice s’opposent sur le coût global de ce projet pour la ville, la redevance que cette dernière doit verser à Vinci pendant 27 ans ou encore le dimensionnement de ce , construit entre 2011 et 2013. Au final, l’enquête de France 2 a permis d’en savoir beaucoup plus sur plusieurs aspects de ce dossier. Au moins trois.


  • Le recours à l’emploi local, moins important qu’annoncé

C’était l’un des arguments forts de Christian Estrosi pour vanter son recours au PPP : « Le contrat passé avec le groupe Vinci prévoit le recours à 40 % de PME locales », avait-il assuré à Nice-Matin, le 4 janvier 2011.


Au final, qu’en est-il ? Dans un courrier adressé au magazine d’investigation, l’ancien maire de Nice évoque lui-même une part moins importante : « L’engagement de 30 % du coût de la construction a été atteint et vérifié lors de la livraison de l’équipement ».


Et c’est finalement encore plus faible que ça, selon Vinci. « Le contrat ne prévoyait pas de pourcentage à réserver à des PME locales, les textes tant français que communautaires n’autorisant pas à discriminer les PME selon leur origine géographique, explique le groupe dans une lettre. Néanmoins […] le groupement a mobilisé nombre d’entreprises […] implantées localement […] pour environ 20 % du coût total ».

Un chiffre de toute façon impossible à vérifier, note Cash investigation.

  • Le stade de Nice, une rentabilité toute relative

Les matchs de l’OGC Nice,  et de l’équipe de France, l’Euro et quelques spectacles… Après trois ans d’exploitation, le stade de Nice, que Cash investigation juge « surdimensionné », est-il rentable ? Ce PPP est-il une bonne affaire pour Vinci ? L’émission est carrément allée poser la question   créant le malaise dans la salle.

« Les résultats, pour l’instant, sont extrêmement difficiles », lâche Xavier Huillard, le PDG de Vinci. « Le PPP du stade Nice ne rapporte rien aux actionnaires de Vinci, ajoute Pierre Coppey, le président de Vinci concessions. On pourra juger de la rentabilité sur la durée du contrat. »

Christian Estrosi vante en tout cas les retombées pour la ville. « C’est un projet qui a rapporté beaucoup et qui va rapporter beaucoup dans les prochaines années », lâche-t-il évoquant pêle-mêle « l’emploi » et « l’Euro ».


  • Le stade de Nice, un enjeu électoral

« La seule logique c’était de faire arriver ce grand stade jusqu’à son objectif réel, qui était l’enjeu électoral. » La phrase est lâchée par Marouane Bouloudhnine, ancien conseiller municipal subdélégué aux sports de Christian Estrosi,   « Avec   c’était les deux grands projets qui allaient nous faire gagner les élections », ajoute l’ancien élu.

Alors le stade de Nice et le recours au PPP pour accélérer sa construction ont-ils été dessinés à des fins électoralistes ? Cash Investigation cite un rapport du   « jamais publié » et qui fait le point sur le recours à ces « contrats de partenariat » (CP) en France. « Le PPP étant jugé plus rapide […] il est ainsi possible de mettre en évidence un certain lien entre le recours au CP et le cycle électoral selon un rapport du ministère des finances jamais publié », est-il écrit.

Si l’Allianz Riviera a été fait dans ces conditions, ce n’est « pas pour être réélu, mais pour être au rendez-vous de l’Euro [de football] », a répondu Christian Estrosi face à Elise Lucet. Le président de la métropole Nice Côte d’Azur et de la région Paca annonce même qu’il va porter plainte après ces « accusations graves ».