Attentat à Nice: «Au début, on a cru que c'était un gars bourré» raconte une policière qui a tiré sur le terroriste

TERRORISME Un mois et demi après l'attentat, la policière s'est confiée au syndicat Unité SGP Police...

François Launay
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Des forces de l'ordre le 15 juillet 2016 autour du camion utilisé dans l'attentat de Nice, sur la Promenade des Anglais à Nice la veille
Des forces de l'ordre le 15 juillet 2016 autour du camion utilisé dans l'attentat de Nice, sur la Promenade des Anglais à Nice la veille — ANNE-CHRISTINE POUJOULAT AFP

Un mois et demi après les faits, le traumatisme est encore très profond. Le 14 juillet, Magali, une policière niçoise, était sur la promenade des Anglais pour sécuriser le feu d’artifice. Une soirée qui s’est transformée en cauchemar quand le camion d’un terroriste 

Magali fait partie de ceux qui ont mis un terme à la course folle du camion en abattant le terroriste. Depuis, la policière, traumatisée, n’a pas repris le travail mais a accepté de raconter ce 14 juillet au 

« On n’a pas eu le temps de comprendre ce qui se passait »

Chargé de la surveillance d’un angle d’une rue avec la Promenade des Anglais, elle raconte être partie, avec ses collègues, en sens inverse de la foule paniquée. « On n’avait pas d’informations. Nos radios ne marchaient pas. J’ai cru tout de suite que c’était un gars qui était bourré. On est parti sur la cabine en criant au chauffeur de s’arrêter. Mais quand on a voulu intervenir, le conducteur nous a tirés dessus avant de réaccélérer. On n’a pas eu le temps de comprendre ce qui se passait. On a l’image du canon en face des yeux. On est parti en courant derrière le camion en voyant des gens se faire éjecter. On courait, on courait et ça continuait »

Un manque de reconnaissance

150 mètres plus tard, le camion, ralenti par un civil monté sur la cabine, s’arrête et les policiers interviennent et tirent. « Une fois que j’ai vu la tête en sang du terroriste, je me suis dit c’est fini mais ce n’est pas fini. A ce moment-là, on n’a aucune satisfaction. On reste sur ses gardes, on ne peut pas se relâcher. On n’a pas réalisé que c’était fini »

Depuis cet attentat, Magali s’interroge beaucoup. « Je me pose la question du sens de mon métier. Je me demande si ça a encore du sens de s’occuper de barrettes de shit ou de mettre des PV au lieu de mettre nos forces autrement », confie la policière qui estime avoir manqué de reconnaissance. « J’en ai eu par mes proches et mes collègues de Nice, ma hiérarchie. Mais au sens plus large, je n’ai pas l’impression d’en avoir eu. On a l’impression que c’est passé et que la vie continue », conclut une policière traumatisée.