Pour Marineland, pas question de «s'acheter une bonne conscience» en arrêtant les spectacles d'orques
RÉOUVERTURE Le parc marin d'Antibes se réoriente vers plus de «pédagogie» alors qu'aux Etats-Unis, SeaWorld a annoncé la fin de le reproduction des orques en captivité...
Nouvelles musiques, nouvelles vidéos « de sensibilisation », mais dans l’eau (quasiment) le même ballet. Les orques sautent, un peu moins, mais tirent toujours leur langue à la demande des soigneurs et miment même un bisou dans les « représentations animalières inédites », présentées jeudi par Marineland.
Fermé depuis les intempéries du 3 octobre dernier sur la Côte d’Azur, et sous le feu des critiques de militants anti-captivité, le parc marin d’Antibes, qui doit rouvrir au public le lundi 21 mars, assure avoir pris un virage « pédagogique ». En conservant ses spectacles, mais en « leur apportant davantage de contenus ».
« Arrêter les shows face à la pression ? On n’est pas dans cette logique »
Un choix défendu alors que l’entreprise américaine de parcs aquatiques SeaWorld, également dans le viseur d’associations de défenses des animaux, a annoncé ce jeudi son intention d’arrêter la reproduction des orques en captivité et confirmé qu’il allait réformer ses shows pour proposer « des rencontres naturelles ».
Les baleines noires et blanches de SeaWorld ne seront ainsi plus mises en scènes dans des performances face au public à compter de l’année prochaine à San Diego et dès 2019 dans ses parcs de Floride et du Texas.
« S’ils arrêtent les shows pour faire passer la pilule et relâcher la pression, le motif n’est pas noble. De notre côté, on ne va pas essayer de s’acheter une bonne conscience en annulant tous les spectacles, nous ne sommes pas dans cette logique-là », explique Arnaud Palu, le nouveau directeur général du delphinarium.
« On a plutôt choisi de faire de nos animaux des ambassadeurs de leurs congénères. Pour que le public reparte avec la certitude d’avoir appris quelque chose. Et ça, ça passe aussi par l’émotion », argumente le responsable.
Une nouvelle manifestation des « anti » prévue le 27 mars
« On garde dans les spectacles notre complicité avec les animaux, car ils y sont réceptifs. En revanche, nous allons moins montrer les performances avec les soigneurs. On ne les verra plus faire de saut périlleux arrière, propulsés dans les airs », explique Katia Chaperon, responsable animalier du parc pour les cétacés et les pinnipèdes [otaries].
Dans sa nouvelle formule, le parc promet aussi « des rencontres enrichissantes auprès de [ses] animateurs pédagogiques ». Pas de quoi calmer, en tout cas, les ardeurs des opposants du parc. Le collectif Sans voix Paca les a déjà appelés à une nouvelle manifestation devant l’espace antibois le 27 mars.
Ils dénoncent toujours « l’aspect non-pédagogique de ces prisons esclavagistes » et souhaitent « informer sur les conditions inacceptables de détention des animaux ». L’association espère également « convaincre le public [qu’il] est nécessaire que la fréquentation de ces parcs diminue ».
Sous le coup d’une enquête pour maltraitances
Marineland est également sous le coup d’une enquête préliminaire pour « actes de maltraitance » sur ses animaux après la plainte de trois autres organisations. Réseau cétacés, C’est assez ! et l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas) mettent notamment en cause la gestion des inondations d’octobre dernier.
Les installations du parc avaient été durement touchées par les intempéries. Le bassin des orques avait notamment été balayé par une vague de boue. Les systèmes de filtration n’avaient pas pu fonctionner pendant plusieurs jours. Et des poissons et des tortues avaient été tués.
Une semaine après le déluge, une orque mâle de 19 ans, Valentin était décédé « d’une torsion intestinale », selon le parc. Une disparition sans lien avec les intempéries, avait alors assuré la direction de Marineland.