Mercantour: «Le loup ne doit pas être la seule image du parc», estime Ginesy
INTERVIEW Nouveau président du parc national, l'élu Républicain revient sur ses priorités…
Le parc national du Mercantour change de tête. Le premier vice-président du conseil départemenal (LR) Charles-Ange Ginésy en a été élu président ce lundi. Il évoque ses priorités : la biodiversité, l’attractivité du site, sa candidature à l’Unesco et l’épineuse question du loup.
Le Mercantour, vous le connaissez bien…
Le parc naturel du Mercantour, c’est un projet que je suis depuis longtemps. Mon père en a été longtemps le président. Très tôt, j’ai été sensibilisé à sa nécessité, mais aussi à ses difficultés. Je suis un élu de la ruralité et je ne considère pas que le parc soit un facteur bloquant. Il y a des choses à tirer des contraintes. Il faut prendre le taureau par les cornes plutôt que de le subir.
Quelles sont vos priorités pour le parc ?
D’abord, l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco. Notre dossier, avec celui d’Alpi Marittime en Italie, se porte bien. Je compte beaucoup sur le rayonnement du parc pour faire vivre le moyen et le haut pays. Sur la zone d’adhésion, il y a une vie qu’il faut partager et valoriser. Des structures et des emplois sont à conforter et maintenir. Avec le parc, c’est la connaissance de nos départements (Alpes-Maritimes et Alpes-de-Haute-Provence) qui est également en jeu.
Comment abordez-vous la question du loup ?
Je ne veux pas que l’image du loup soit la seule image du parc. Ce n’est pas un tabou, mais pas un objectif non plus. Aujourd’hui, c’est bien plus que le problème du parc, il est celui de tous, au niveau national. Nous sommes le département le plus touché par les attaques du loup, mais nous sommes également le département qui les a le plus anticipées.
Considérez-vous que les quotas de tirs de prélèvement fixés par l’Etat (au nombre de 36) sont suffisants ?
Les quotas sont suffisants tant qu’ils n’ont pas été atteints. L’objectif n’est pas l’éradication du loup, mais son éloignement du pastoralisme. Les prélèvements doivent avoir lieu là où il est menaçant pour le tourisme et dangereux pour les troupeaux. Il ne faut pas le chasser là où il ne nous enquiquine pas. Au niveau national, le loup coûte cher : 9 millions d’euros. Je préférerais que cet argent revienne aux parcs nationaux, mais il faut bien réguler sa population.
Qu’en est-il du pastoralisme ?
On a besoin du pastoralisme dans nos montagnes. Le loup est garant de la biodiversité, mais le pastoralisme aussi œuvre pour la biodiversité. Sans les moutons, les travaux de désherbage seraient immenses. Mais j’aime aussi le loup. Je ne veux pas le parquer, mais le repousser. Il comprendra naturellement. Je pense qu’il y a suffisamment d’hectares pour que chacun trouve sa zone.