L'école autogérée, une utopie possible

Guillaume Frouin
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Les élèves du lycée assurent à tour de rôle la gestion quotidienne de l'établissement, comme la cuisine de la cantine.
Les élèves du lycée assurent à tour de rôle la gestion quotidienne de l'établissement, comme la cuisine de la cantine. — F. elsner / 20 Minutes

   Au lycée expérimental de Saint-Nazaire, on ne parle pas de profs, mais de « membres de l'équipe éducative » (MEE). Le choix des mots en dit long sur la philosophie égalitaire de cet établissement public, autogéré depuis trente ans par ses élèves et ses enseignants. Chaque lycéen y définit ses objectifs (passer un examen ou pas), et participe à la programmation, au suivi et à l'évaluation des « activités de formation ». Il ne sera pas collé s'il sèche : au lycée expérimental, il n'y a ni surveillant, ni CPE. Un « conseil d'établissement », où des groupes élèves-MEE siègent à tour de rôle, fait également office de proviseur. « On préfère rattraper les élèves qui décrochent par la discussion, plutôt que par la sanction ou l'appel aux parents », explique Hugo Breheret. Ici, ce prof de sport de 36 ans n'est en rien cloisonné à sa discipline : encore récemment, il a encadré des « jeux oraux en anglais » ou un travail sur la guerre d'Algérie. 

 Les élèves font aussi la cuisine
Faute de bulletins trimestriels ou de conseils de classe, chacun des 160 lycéens est aussi invité à conserver le maximum de traces écrites de son travail. « C'est très important s'il souhaite intégrer une autre formation après le lycée », poursuit Hugo Breheret.
  Leslie, elle, veut avant tout décrocher son bac littéraire. Elle est arrivée ici après sa 3e : on lui proposait soit de redoubler, soit de s'orienter vers un bac pro secrétariat. Depuis, la lycéenne de 19 ans a surtout appris à « se prendre en main ». Et pas que d'un point de vue pédagogique : la cuisine de la cantine, le secrétariat du lycée ou le bricolage sont assurés tous les quinze jours par un groupe profs-élèves différent. « Ceux qui sont passés au lycée expérimental n'ont pas forcément eu leur bac, mais cela leur a permis d'avoir davantage confiance en eux et d'avancer à leur rythme », résume Hugo Breheret. 

Des résultats difficiles à mesurer

Le ministère de l'Education nationale ne publie pas les « indicateurs de résultats » du lycée expérimental de Saint-Nazaire sur son site internet, par « manque de significativité ». L'établissement a lui lancé un appel à des universitaires, pour mesurer la « réussite » de ses anciens élèves.