Nantes : Dates, lits, parking, coût… Les dix choses à savoir pour tout comprendre au projet de nouveau CHU
SANTE Le Premier ministre Jean Castex a posé ce vendredi la première pierre de ce projet contesté sur l'île de Nantes. Il sera l'un des plus gros chantiers de France ces prochaines années
- Le futur CHU de Nantes doit voir le jour en 2027 sur l'île de Nantes.
- Il regroupera sur un même lieu trois grands sites hospitaliers nantais.
- Le projet est critiqué, en particulier sur la suppression annoncée de lits.
Au milieu d’un agenda vampirisé par les actualités du Covid-19, le Premier ministre Jean Castex était à Nantes ce vendredi midi pour poser la première pierre du nouveau CHU de Nantes. Ce grand hôpital public, dont les travaux de terrassement viennent de s’achever, sera construit sur l’île de Nantes, face à la Loire, au pied du pont des Trois-Continents. Vous connaissez mal le sujet ? Voici les dix choses à savoir pour tout comprendre.
1/ Il va regrouper trois des neuf sites du CHU
Beaucoup de Nantais l’ignorent mais le CHU de Nantes est aujourd’hui éclaté sur 9 sites à Nantes, Saint-Herblain et Carquefou. Le futur hôpital sur l'île réunira les activités de trois d’entre eux : l’Hôtel-Dieu, l’Hôpital Mère-enfant et l’Hôpital nord-Laënnec. « Nous étions au plan médical dans une situation où les 80.000 urgences prises en charge par le CHU se réalisaient à l’Hotel-Dieu alors que certains services, comme la cardiologie et la neurologie, sont à l’autre bout de la ville. C’est une situation problématique qui ne pouvait pas durer », estime Philippe El Saïr, directeur du CHU de Nantes.
2/ Il va ouvrir ses portes avec pas mal de retard
Longtemps prévu pour 2026, le nouvel hôpital n’ouvrira finalement pas avant 2027, annoncent les autorités. Le calendrier a en effet été retardé par les procédures liées au choix des entreprises, justifie l’Etat. Les travaux de gros œuvre, qui dureront quatre ans, débuteront cet été. Avant cela, il faudra installer la base vie des ouvriers puisque pas moins de 1.200 professionnels sont attendus au plus fort du chantier. Evoqué depuis plus de quinze ans, le CHU devait initialement ouvrir, en deux temps, à partir de 2023.
3/ Il ne dépassera pas six étages
Contrairement aux bâtiments de l’Hôtel-Dieu et de Laënnec, le futur CHU sera résolument bas, six étages maximum. Ouvert et étalé, il sera constitué de 13 îlots reliés par des passerelles et des allées piétonnes. Le bâtiment central, qui accueillera les blocs opératoires, sera le plus grand mais aussi le moins haut (trois étages). Plusieurs surfaces seront modulaires. Une parcelle nue est également conservée pour répondre à un besoin d’extension.
4/ Les chambres ne seront plus partagées
Si les locaux actuels sont jugés « vieillissants » voire « vétustes », les futurs équipements et le mobilier sont annoncés comme « ultramodernes ». Une dépense de 110 millions d’euros leur sera consacrée. Tous les services auront de la lumière naturelle, notamment les salles d’urgence. Les chambres partagées seront largement minoritaires (10 %) alors qu’elles représentent les deux tiers de l’offre aujourd’hui. « On aura un saut considérable à la fois pour les conditions de travail des personnels et les conditions d’accueil des patients », assure Philippe El Saïr.
5/ Il va coûter très très cher
Le montant total du projet s’élève officiellement à 1,24 milliard d’euros. L’Etat apportera 400 millions d’euros. Le reste sera financé par le CHU, soit par des emprunts bancaires (environ 400 millions d’euros), soit par ses fonds propres (400 millions aussi). Ce dernier point intègre la vente de parcelles inutilisées sur le site Laënnec pour un montant d’environ 30 millions d'euros. L’hôpital espère aussi réaliser des économies importantes avec le site unique (plateaux mutualisés, moins de transferts en ambulance).
6/ Il y aura moins de lits qu’aujourd’hui
C’est l’un des principaux griefs adressés au projet par les opposants : avec un total de 1.436 lits disponibles sur le nouvel hôpital, la capacité sera diminuée d’au moins 65 lits par rapport à aujourd’hui. Un choix qui s’explique par le développement annoncé des soins ambulatoires (prise en charge à la journée). Ce chiffre aurait pu être encore plus réduit si la direction du CHU n’avait pas finalement décidé l’été dernier la création de 192 lits supplémentaires en gériatrie. Pas de quoi rassurer les syndicats qui estiment que le projet va « droit dans le mur » compte tenu de la croissance démographique.
7/ Un immense parking et des trams
Pour se garer au futur CHU, 1.200 places de stationnement seront intégrées en sous-sol des bâtiments. Nantes métropole y ajoutera 2.000 places publiques dans le quartier, dont un nouveau parking public de 650 places. Trois nouvelles lignes de transport en commun en site propre doivent également être mises en service à partir de 2027 : deux de tramways et une de busway. Elles desserviront le quai de la Fosse, Rezé, Bouguenais et l’ouest de l’île de Nantes.
8/ Les étudiants devront attendre
Actuellement située le long de l’Hôtel-Dieu, la fac de santé viendra s’implanter en 2029 près du nouvel hôpital, en face de l’usine Béghin-Say. Le nouveau bâtiment regroupera toutes les filières de santé, à l’exception de la pharmacie 1er et 2 e cycle et de la première année de médecine. Onze instituts de formations paramédicales (infirmières, orthophonie, orthoptie…), actuellement dispersés, rallieront aussi l’ensemble. Pas moins de 7.000 étudiants seront ainsi regroupés.
9/ Les opposants espèrent toujours l’empêcher
Malgré l’avancée des étapes et l’épuisement des possibilités de recours, les opposants continuent de penser que le projet peut être stoppé. Ils poursuivent donc leur mobilisation et misent, notamment, sur d’éventuelles difficultés dans le montage financier, voire sur les déconvenues du chantier compte tenu de la nature de ce sol de bord de Loire. « Le financement est extrêmement solide », assure le directeur du CHU. « Les choses sont irrémédiables », a même averti Jean Castex ce vendredi.
10/ Les bâtiments actuels pourraient rester
Une fois le transfert effectué, une bonne partie du site de l’Hôtel-Dieu est vouée à la démolition. Et alors que la plupart des observateurs imaginent des logements sur ce site idéalement placé dans la ville, la maire de Nantes a fait savoir qu’elle envisageait plutôt l’aménagement d’un « parc nourricier ». La partie la plus ancienne des bâtiments pourrait toutefois être conservée, de même que la chapelle. A Saint-Herblain, le site de Laënnec conservera, lui, des lits hospitaliers pour les personnes âgées. Un centre de consultation local devrait être aussi aménagé.