Nantes : Que devient le grand projet urbain Pirmil-Les Isles ?

URBANISME L’ambitieux projet à cheval sur Nantes et Rezé ne fait plus trop parler de lui ces derniers mois. Il a également pris du retard. A tel point que les habitants s’interrogent

Frédéric Brenon
Le quartier Haute-île et les anciens abattoirs.
Le quartier Haute-île et les anciens abattoirs. — V.Joncheray/Nantes métropole
  • Le projet Pirmil-Les Isles s’étend en bord de Loire de la zone commerciale Atout sud à Pirmil.
  • Plus de 3.000 logements sont annoncés, dont une grosse partie sur Rezé. Les travaux vont durer une dizaine d’années.

C’est l’un des plus grands projets urbains de l’agglomération nantaise. Le projet d’aménagement Pirmil-Les Isles, entre Nantes et Rezé, est connu du grand public depuis plus de six ans. Mais, alors que les premières constructions étaient initialement envisagées pour 2019, rien n’est sorti de terre.

La dernière réunion publique date déjà de septembre 2019 et le calendrier demeure imprécis. Au point que les habitants du secteur commencent à s’interroger. Pour autant, le projet avance, assure Nantes métropole. Un jardin-test vient d’ailleurs ouvrir au public sur le site de Transfert.

Pimil-Les Isles, c’est quoi déjà ?

Le projet « ambitieux » débute au pont de Pirmil et s’achève, près de 3 km plus à l’ouest, au niveau de la zone commerciale Atout sud et du quartier Trentemoult. L’objectif est d’aménager ce vaste secteur disposant de nombreux terrains vagues en un « nouveau lieu de vie » proche de la Loire. De nombreux logements sont prévus, mais aussi des activités, des commerces de rez-de-chaussée et quelques services publics (crèche, groupe scolaire, salle de sport). La nature sera au cœur du projet, tandis que la place consacrée à la voiture sera fortement réduite. L’architecte-urbaniste en charge du projet s’appelle Frédéric Bonnet.

Pourquoi le projet donnait-il le sentiment de ne plus avancer ?

« Le calendrier a été ralenti par la double séquence électorale (municipales 2020, régionales et départementales 2021), explique Pascal Pras, vice-président de Nantes métropole en charge de l’urbanisme. La crise sanitaire et la difficulté d’organiser des rencontres n’ont évidemment rien arrangé. Il y a eu aussi l’arrivée d’une nouvelle équipe municipale à Rezé. Elle avait besoin de s’approprier le projet, d’échanger avec la métropole, alors qu’elle mène déjà deux gros projets urbains en parallèle (ZAC de la Jaguère et château de Rezé). » Pour autant, Pimil-Les Isles n’est « surtout pas en dormance », promet l’élu. « On travaille dessus. Nous avons eu plusieurs réunions de travail avec les élus et l’architecte-urbaniste. »

La zone culturelle Transfert, à Rezé
La zone culturelle Transfert, à Rezé - Jérémy Jéhanin

C’est quoi ce jardin-test sur le site de Transfert ?

Visible depuis le 3 juillet sur l’ancienne friche des abattoirs reconvertie en site culturel, ce jardin-test « préfigure un futur jardin de quartier », explique Nantes métropole. Il permet de montrer l’évolution des plantations et ambiances extérieures sur plusieurs années dans différentes compositions de sol. « C’est la première brique de Pirmil-Les Isles. Il permet d’expérimenter le retour à l’usage de la pleine terre sur un territoire qui est complètement artificialisé depuis des décennies », commente Pascal Pras. Outre des « coulées vertes » et « jardins partagés », Pirmil-Les Isles prévoit deux parcs : l’un à l’embouchure de la Sèvre, l’autre sur les berges de Loire à proximité du pont des Trois-Continents.

Le nombre de logements sera-t-il revu à la baisse ?

C’était l’un des points sensibles du projet. Quelque 3.300 nouveaux logements, soit environ 7.000 nouveaux habitants, sont programmés sur Pirmil-Les-Isles, dont les deux tiers du côté rezéen (Basse-île, anciens abattoirs​). Un volume qui impressionne pas mal de riverains, inquiets de la densification en marche. La nouvelle équipe municipale de Rezé a entendu le message. « L’objectif en volume est maintenu, affirme Pascal Pras. Mais on a beaucoup travaillé avec les élus rezéens sur l’intensité urbaine qui peut être un facteur de réussite de la ville. On a beaucoup travaillé sur les usages, les mixités de fonctions, les éléments qui font qualité de vie. Les hauteurs seront acceptables parce qu’on va également remettre du vert et de la terre. Frédéric Bonnet a d’abord pensé ce projet comme une reconquête d’espaces naturels. »

Où s’arrêtera le tramway ?

Les nouvelles lignes de tramway 6, 7 et 8, lesquelles desserviront le futur CHU à l’horizon 2026, disposeront d’une même station aujourd’hui imaginée à Rezé, le long du boulevard Schoelcher, au débouché du pont des Trois-Continents. Mais les maires du sud-Loire souhaiteraient que le tracé se prolonge à proximité de l’Hôtel de ville de Rezé (entrée d’Atout sud), voire jusqu’à la Petite-Californie, entre Rezé et Bouguenais. « Pour l’instant, la ligne s’arrête à l’angle Schoelcher-route de Pornic, confirme le vice-président de Nantes métropole. Mais la réflexion se poursuit pour voir où est-ce qu’on amène le tramway et dans quelle temporalité. La décision n’est pas prise. »

Quand commenceront les travaux ?

« Je ne peux pas donner de dates, répond Pascal Pras. On est en train de recaler nos calendriers avec les services et partenaires. » Les premiers travaux sur l’espace public devraient toutefois intervenir en 2022, suivis des premières constructions immobilières. Ensuite, les chantiers se succéderont les uns aux autres sur une durée de « dix à quinze ans ». Des nouvelles rencontres avec les habitants sont prévues à partir de la rentrée prochaine.