Nantes: «Faut-il attendre d'avoir un mort pour qu'on trouve une solution aux migrants?» s'agace le diocèse

MIGRANTS Plus de 350 réfugiés sont toujours entassés dans l'ancien gymnase Jeanne-Bernard à Saint-Herblain

Frédéric Brenon
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Une personne réfugiée dans l'ancien gymnase Jeanne-Bernard à Saint-Herblain.
Une personne réfugiée dans l'ancien gymnase Jeanne-Bernard à Saint-Herblain. — L.Venance/AFP
  • Des migrants sont installés depuis octobre dans un gymnase désaffecté appartenant au diocèse de Nantes.
  • Leurs conditions de vie sont très difficiles, a fortiori en période de canicule.
  • Le tribunal d’instance avait ordonné fin mars l’expulsion des lieux mais l’Etat ne souhaite pas exécuter la décision.

Confrontée au refus de l'Etat d'évacuer et reloger les quelque 350 migrants du gymnase Jeanne-Bernard, malgré une décision de justice exigeant leur départ, la ville de Saint-Herblain a fait savoir mardi qu’elle allait doubler les points d’eau (toilettes, robinets) opérationnels sur le squat. Un aménagement « bienvenu » pour le diocèse de Nantes, propriétaire du bâtiment désaffecté via sa Fondation de la Providence, mais « temporaire et limité ».

« L’urgence, c’est la sécurité des personnes qui vivent ici dans des conditions indignes, insiste Xavier Brunier, responsable de la solidarité au diocèse. Il y a des plaques de métal extrêmement lourdes qui menacent de se décrocher du plafond. Il y a surtout le risque d’incendie. Au milieu des tentes, on a des gens qui fument, des fils électriques qui courent partout. Toutes les issues de secours sont bloquées. Vous imaginez s’il y a un départ de feu ? On risque un drame à tout moment. »

« On ne les voit pas en centre-ville de Nantes, c’est commode »

Le diocèse juge la situation « navrante ». « Quand l’Etat n’exécute pas une décision de justice au motif que ça pourrait créer un appel d’air pour la venue d’autres migrants, ce n’est pas acceptable humainement. On tourne en rond, tout le monde se renvoie la balle et il ne se passe rien. Faut-il attendre qu’il y ait un mort ? Je suis sûr qu’on trouverait alors une solution rapide pour les reloger. C’est injuste. »

Xavier Brunier est amer envers les pouvoirs publics. « On a des centaines de personnes qui s’entassent dans un coin discret à Saint-Herblain, on ne les voit pas en centre-ville de Nantes. C’est commode. » Il ajoute : « On héberge plus de 200 personnes sur l’ensemble du diocèse. On prend notre part. Je comprends qu’accueillir un grand groupe de migrants fasse peur. Mais si tous les maires jouaient le jeu d’en accueillir deux ou trois, le problème ne se poserait pas et ce serait bénéfique à l’insertion de ces personnes. »

L’Etat a jusqu’au 12 août pour procéder à l’évacuation du gymnase Jeanne-Bernard. Au-delà de ce délai, il pourrait être attaqué en justice. « On y réfléchit. La situation ne peut pas durer », précise le diocèse.

Un expert attendu pour examiner le plafond

Dans l’entourage du maire de Saint-Herblain, on considère également que le statu quo actuel est « dommageable pour tout le monde », que ce soit « pour les migrants bien sûr, mais aussi les riverains qui subissent des nuisances fortes ». On confirme également qu’un expert missionné par Nantes métropole doit venir prochainement pour vérifier l’état du plafond du gymnase. Il était déjà attendu la semaine passée.

« L’augmentation non maîtrisée de la population et l’absence totale de gestion du site aboutissent à ce que l’évacuation et l’hébergement d’un nombre aussi important ne sont plus envisageables et est source de troubles à l’ordre public par l’absence de réponse pour toutes les personnes présentes », expliquait début juin la préfecture de Loire-Atlantique.