Fête de la musique à Nantes: Le parquet ouvre deux enquêtes judiciaires
JUSTICE Une enquête est la conséquence de plaintes de policiers. L’autre fait suite à des plaintes de participants à la soirée techno, qui s’est achevée dans la confusion
Deux plaintes collectives, deux procédures. Deux enquêtes judiciaires ont été ouvertes suite à l'intervention policière controversée à Nantes lors de la Fête de la musique, a annoncé mardi le parquet, presque un mois après la disparition d’un jeune homme pendant cette soirée.
« J’ai reçu dix plaintes de policiers qui ont été blessés lors des événements de la Fête de la musique et qui ont déposé plainte pour des violences sur personne dépositaire de l’autorité publique », a d’abord déclaré Pierre Sennès, le procureur de la République à Nantes. « Ces plaintes ont été adressées pour enquête à la police judiciaire », a-t-il ajouté.
Dans la nuit du 21 au 22 juin, vers 4h30, des échauffourées avaient éclaté entre participants et policiers, venus exiger l’arrêt de la musique au niveau du quai Wilson, sur l’île de Nantes. Une vingtaine de policiers avaient subi des jets de projectiles, selon le chef adjoint de la direction départementale de la sécurité publique, qui avait autorité sur le service d’ordre cette nuit-là. Aux yeux de Thierry Palermo, il s’agissait d’une « riposte qui s'inscrit dans le cadre de la loi », alors que cinq fonctionnaires avaient été blessés, dont l’un « roué de coups à terre ».
« Mise en danger de la vie d’autrui »
De nombreux participants ont au contraire dénoncé une intervention disproportionnée, affirmant avoir été aveuglés par un nuage de gaz lacrymogène et, pris de panique, avoir chuté dans le fleuve depuis le haut du quai. Quatorze personnes avaient été repêchées dans la Loire par les secours durant la nuit. Une plainte collective émanant de 85 participants a été déposée le 3 juillet au parquet « pour mise en danger de la vie d’autrui et violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique ».
« J’ai saisi l’IGPN (l’Inspection générale de la police nationale) pour procéder à l’enquête suite à la plainte collective », a déclaré Pierre Sennès, précisant qu’il s’agissait d’une saisine « dans un cadre judiciaire ».
Steve toujours porté disparu
Depuis cette nuit-là, Steve Maia Caniço, animateur périscolaire de 24 ans qui participait à la fête, n’a plus donné signe de vie. Sa disparition fait l’objet d’une information judiciaire confiée à un juge d’instruction et les recherches dans la Loire se poursuivent.
Dans cette affaire où les procédures se multiplient, deux autres enquêtes sont en cours : l’une, administrative cette fois, de l’IGPN, l’autre du Défenseur des droits, pour éclaircir les circonstances de cette intervention controversée.