Nantes: Ces jeunes vont gravir l'Annapurna pour décrocher un emploi
DEFI Sept jeunes Nantais en difficulté d’insertion sociale et professionnelle partent dans l’Himalaya pour prouver de quoi ils sont capables…
- Sept jeunes Nantais du grand quartier Bellevue partiront le 5 avril pour le Népal.
- Onze jours de trek et une arrivée à 4.200 m d’altitude sont au programme.
- La préparation sportive et le financement du projet ont déjà forgé leur caractère.
Ils ont entre 18 et 29 ans et sont tous originaires du grand quartier Bellevue. Sept jeunes Nantais en difficulté d’insertion se sont lancé un défi ambitieux : réaliser, du 6 au 18 avril, l’ascension de l’Annapurna (Népal), l’un des plus hauts massifs de l’Himalaya. Objectif : prouver de quoi ils sont capables afin de revenir mieux armés sur le marché de l’emploi.
Si le trek, relativement balisé mais aussi parfois extrêmement dangereux, ne nécessite pas de compétences d’alpinisme, il réclame tout de même une sacrée endurance. Onze jours de marche, 2.300 m de dénivelé positif, une météo imprévisible et une arrivée à 4.200 m d’altitude (camp de base) figurent en effet au programme. « Nous ne sommes que trois à être déjà allés à la montagne. Certains ne sont jamais allés plus haut que la butte Sainte-Anne », rigole Milo, 21 ans.
« S’attaquer à un sommet et redescendre ensemble »
Le groupe, qui part accompagné de trois encadrants et deux réalisateurs-cadreurs nantais, ne se connaissait pas au départ. C’est Linda Remadi, 29 ans, salariée de la pépinière jeunesse Etincelle, qui a formé l’équipe en septembre. « J’ai vu des jeunes qui galèrent, qui avaient perdu la motivation, qui ne voulaient même plus envoyer de CV. J’ai eu cette idée d’un défi suffisamment grand pour les obliger à se dépasser individuellement tout en forgeant un esprit collectif. Je voulais sortir de notre milieu. Ici on est trop conditionnés. » « Il y a aussi le symbole. S’attaquer à un sommet et redescendre ensemble, montrer que c’est possible », ajoute Milo.
Quand on leur a proposé, la plupart ont cru à « une blague ». « J’ai regardé sur une carte pour voir où c’était, se souvient Simon, 22 ans. Le Népal, aujourd’hui encore, ça me paraît très abstrait. » « Ça paraissait fou. Je ne faisais pas de sport. Et maintenant je me retrouve à m’entraîner plusieurs fois par semaine », raconte Santiana, 24 ans. Pour être fins prêts, les sept Nantais ont en effet découvert la boxe, se sont mis à la course à pied et à la randonnée, sans relâche. « Ça n’a pas été facile. Il fallait parfois être sur leur dos. Mais ils ont énormément progressé », se félicite Linda.
Le financement ? « On y a cru, on n’a pas lâché »
Il a aussi fallu financer le projet. Quelque 36.000 euros ont été réunis grâce à des partenaires (privés et publics) et à un financement participatif sur Internet. « Jusqu’à fin janvier, on n’avait pas tout, confie Linda. On y a cru, on n’a pas lâché. » En tout cas, cette préparation a déjà fait franchir un palier au groupe. « On a rencontré des gens, on a appris des choses. Je me sens plus à l’aise à l’oral par exemple », explique Santiana. « Dans ma tête, il y a plein de choses qui ont changé, ressent Imane, 19 ans. On s’est trouvé un objectif. »
Au retour du Népal, l’agence Best Intérim, qui soutient le projet, a promis de leur donner un coup de pouce vers un job ou une formation. La diffusion d’un documentaire est également prévue. Enfin, une seconde édition, avec d’autres jeunes, est également à l’étude. « Mais ce sera sans moi, sourit Linda Remadi. Ce projet m’a pris énormément de temps, je n’ai plus de vie de famille ! Je passerai le relais avec grand plaisir. »
Ne comparez pas avec le film L’Ascension !
L’aventure des jeunes de Bellevue ressemble un peu à l’histoire du film L’Ascension, sorti en 2016, avec le Nantais Ahmed Sylla dans le rôle principal. Une comparaison qui ne réjouit pourtant pas l’équipe. « Ça n’a rien à voir, insiste Linda Remadi. Beaucoup de personnes font le lien avec le film, comme si on avait copié l’idée. Mais j’avais déjà ce projet en tête alors que le film n’était pas sorti. »