Nantes: L’université bien embarrassée par l’occupation de ses bâtiments
MIGRANTS Des étudiants et militants squattent depuis plusieurs jours des locaux universitaires pour y héberger des jeunes migrants...
- Des jeunes migrants dorment au sous-sol du bâtiment de la Censive (fac de lettres) occupé depuis huit jours.
- Le château du Tertre est occupé depuis cinq jours par des militants et étudiants.
- L’université demande leur départ mais ne veut pas recourir aux forces de l’ordre.
Voilà déjà huit jours qu’une partie de la faculté de lettres est occupée par des militants et étudiants réclamant des solutions d’hébergement pour les jeunes migrants de l’agglomération nantaise. Au sous-sol du bâtiment de la Censive, sept salles de cours sont « réquisitionnées » pour y faire dormir entre 10 et 60 migrants, certains se présentant comme mineurs, sans solution de logement. Des salles servent aussi de garde-manger et de lieu de réunion.
Mais depuis dimanche soir, un deuxième bâtiment universitaire du campus du Tertre est également occupé. Il s’agit du château du Tertre, vidé de ses services universitaires ces dernières semaines dans l’attente d’un chantier de réhabilitation. La présidence de l’université, qui avait toléré l’occupation de la Censive, a demandé aux occupants du château de quitter les lieux immédiatement.
Les occupants déterminés à rester
« On en appelle à leur responsabilité, explique l’entourage du président Olivier Laboux. Ces locaux ne sont pas adaptés à l’accueil de personnes. Des travaux doivent commencer le 5 décembre. On doit ensuite y intégrer des services administratifs, une salle de conférences et des salles de cours. On a besoin de surface pour nos enseignements. Il n’y a pas de gras, tout le monde le sait. »
La demande a été refusée malgré des « échanges réguliers ». Les occupants sont déterminés à rester. Ils estiment avoir beaucoup de soutiens, notamment chez les étudiants. « La présidence est isolée dans ses choix », juge l’une d’entre eux. Pourtant, aucun jeune migrant ne semble loger pour l’instant dans le château, chauffé à l’aide de radiateurs électriques. « On attend que la situation soit stable pour pouvoir les accueillir, explique l’un des occupants. En attendant, ils sont de plus en plus à être logés au bâtiment Censive. »
« Notre position n’est pas simple », reconnaît l’université
Consciente de la « difficulté humaine de la situation des migrants », soucieuse de son image également, l’université n’entend pas, pour l’heure, faire appel aux forces de l’ordre. Et semble donc condamnée à subir les événements. « Notre position n’est pas simple, admet l’entourage d’Olivier Laboux. On n’a ni compétence, ni solution pour l’hébergement d’urgence. L’occupation des locaux, y compris celle du bâtiment Censive, ne peut être que provisoire. »
Il y a quelques jours, une pétition a été lancée afin que les travaux du château du Tertre soient reportés. Un millier de signatures ont déjà été collectées pour demander que le bâtiment puisse accueillir les migrants jusqu’au 31 mars.
Dans la nuit du 18 au 19 novembre, c’est l’ancienne école des Beaux-arts (vide depuis la rentrée) de Nantes qui avait été occupée. Ses quarante occupants avaient finalement été expulsés dimanche après-midi, à la demande de la mairie de Nantes, par 150 policiers.