Loire-Atlantique: Aéroport, Hollande, médias, argent... Philippe Grosvalet se confie dans un livre

POLITIQUE Le président socialiste du conseil départemental raconte sa vision de la politique et de la Loire-Atlantique dans un recueil d'entretiens...

Frédéric Brenon
Philippe Grosvalet, président du conseil départemental de Loire-Atlantique, lors de sa réélection en 2015.
Philippe Grosvalet, président du conseil départemental de Loire-Atlantique, lors de sa réélection en 2015. — JS Evrard/AFP

Un responsable de collectivité territoriale en activité qui se confie dans un livre, ce n’est pas si fréquent. C’est pourtant l’exercice auquel s’est livré Philippe Grosvalet, , dans l’ouvrage La politique façon puzzle, qui vient de paraître aux éditions Joca seria. Répondant aux questions « ni vaches ni complaisantes » du journaliste Jean-Philippe Lucas, l’élu socialiste, 58 ans, raconte son parcours, ses responsabilités, sa vision, en balayant les thèmes. Morceaux choisis.

Sa jeunesse. « Comme tous les 15-20 ans de l’époque, j’ai baigné dans la mouvance de l’après Woodstock, des Doors… Mais j’ai choisi un chemin plus radical. A 17 ans, j’ai quitté le domicile familial, sans être fâché avec mes parents. J’ai abandonné le lycée alors que j’étais en classe de première. J’ai tout plaqué pour vivre complètement ma liberté et ne dépendre de personne. »

S’engager dans un parti. « Je reconnais qu’un jeune qui vient aujourd’hui dans une section du Parti socialiste n’aura sans doute pas très envie d’y revenir. On a nos habitudes, nos repères. Bref, on n’est pas très sexy. »

Le redécoupage des régions en 2014. « L’impression qui ressort c’est que quelqu’un a dessiné des  . On avançait, on reculait. Tout cela sans aucune concertation des élus locaux, hormis quelques rares privilégiés. Ce redécoupage a été un déni de démocratie. On a raté un grand rendez-vous avec l’histoire. »

Un référendum sur le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne, une bonne idée ? « Non. C’est un sujet clivant qui ne déboucherait pas sur une solution satisfaisante. Je reste favorable à une fusion des régions Bretagne et Pays de la Loire. […] Les départements auraient encore plus leur utilité au sein de cette grande région rayonnante. »

Son indemnité de président. « 5.400 euros bruts, soit 4.500 euros nets. Et je reverse 700 euros au Parti socialiste. […] Pour un smicard, ça peut paraître beaucoup. Mais dans la haute fonction publique ou dans le monde économique ce serait plus élevé. »

Hollande à l’Elysée. « Je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’il a fait, notamment sur la méthode, mais il a conduit une politique de gauche. Il a aussi rencontré des circonstances très défavorables. Il n’avait pas suffisamment mesuré l’état des finances publiques. Le contexte international est aussi de plus en plus difficile. Il ne faut pas craindre de faire l’inventaire de son quinquennat. »

Ayrault à Matignon. « La politique peut se  … Mais je pense que l’histoire retiendra du passage de Jean-Marc Ayrault que beaucoup a été fait, un peu comme lorsque Mauroy a été le Premier ministre de Mitterrand. Les retraites, le mariage pour tous, la refondation de l’école, c’est lui. »

Les primaires à gauche. « Si François Hollande se représente, je ne suis pas favorable à l’organisation d’une  . Quel en serait le scénario ? Des candidats de gauche attaquant un président en exercice qui appartient à la même formation politique que la leur ! Ce serait du pain bénit pour la droite. »

Pourquoi être favorable à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. « Il m’est apparu impossible de trancher en ne prenant compte que les arguments techniques : nombre de passagers, d’avions, taille de la piste, biodiversité… Ils sont presque tous recevables… et utilisables d’un côté comme de l’autre. C’est une vision de politique globale qui a emporté ma décision. »

Le choix de vie des Zadistes. « Personne ne peut imposer unilatéralement son  . Ici, le territoire ne leur appartient pas. Ils l’occupent de manière illégale. A travers les prestations de santé, le revenu de solidarité active, peut-être l’école, un certain nombre d’entre eux utilisent le système qu’ils dénoncent. On ne peut construire son mode de vie sur le dos des autres. »

La pollution aux pesticides en Loire-Atlantique. « La viticulture et le maraîchage ont contribué à la  . Les produits phytosanitaires restent au centre d’un débat qui dépasse les agriculteurs eux-mêmes. […] L’Etat doit se montrer ferme et exigeant sur leur utilisation. »

Les 32 heures de travail hebdomadaires. « J’espère qu’on y arrivera. Pour mieux partager le travail, il faut en réduire la durée hebdomadaire. Travailler moins et tous est un bel objectif. »

Opposé à un revenu minimum universel. « D’une part  , d’autre part je continue de penser que le travail est une source de construction collective et d’expression personnelle. On oublie un peu trop aujourd’hui que le travail ne sert pas seulement à ramener un salaire. Il apporte aussi une contribution à la société. »

La communication et les médias. « Il y a de plus en plus d’instantanéité dans l’information. Les réseaux sociaux sont omniprésents. Les politiques ne cessent de critiquer les médias mais se jettent sur la première caméra venue. Ne soyons pas hypocrites, tous les politiques aiment bien paraître. Il faudrait savoir refuser une interview si l’on n’a rien d’intéressant à dire. »

Stop à la politique. « Les politiques ne savent pas toujours  . Il y a comme une peur du vide. Quand je ne serai plus président du conseil départemental, plus personne ne viendra me voir. Je le sais parfaitement et cela ne me pose aucun problème. »

Séances de dédicaces

Philippe Grosvalet et Jean-Philippe Lucas dédicaceront leur ouvrage vendredi 18 novembre à 16h30 à la librairie Coiffard à Nantes, vendredi 25 novembre à 19h à la librairie L’Embarcadère à Saint-Nazaire, samedi 3 décembre à 14h30 à l'espace culturel Atout Sud à Rezé.