Elections municipales à Nantes : Encore battue, la droite nantaise peut-elle casser la spirale de l’échec ?

ELECTIONS Laurence Garnier (LR) est arrivée loin derrière Johanna Rolland (PS) au second tour des municipales. Une défaite de plus pour la droite nantaise qui ne parvient pas à se relever

Frédéric Brenon
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Une militante colle une affiche électorale pour la candidature de Laurence Garnier (LR) aux municipales 2020 à Nantes.
Une militante colle une affiche électorale pour la candidature de Laurence Garnier (LR) aux municipales 2020 à Nantes. — S.Salom-Gomis/Sipa
  • Johanna Rolland a été réélue maire de Nantes en devançant Laurence Garnier (27,6 %) et Valérie Oppelt (12,7 %).
  • Laurence Garnier était déjà candidate des Républicains en 2014.
  • Le dernier maire de droite est Michel Chauty (RPR), de 1983 à 1989.

Six revers consécutifs et peu de motifs de satisfaction. Voilà désormais 31 ans, depuis l’arrivée d’un certain Jean-Marc Ayrault (PS), que la droite est battue aux élections municipales à Nantes. Dimanche, c’est Laurence Garnier (LR) qui a échoué en deuxième position de la triangulaire du second tour (27,61 %), loin derrière la socialiste Johanna Rolland (59,67 %). Un écart nettement plus important qu’il y a six ans. Pourtant, tirant les leçons des échecs précédents, la droite nantaise avait su conserver la même candidate. Elle était également créditée, de l’avis général, d’une campagne offensive. Alors, qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ?

« La crise sanitaire a quand même beaucoup joué en faveur des maires sortants, on l’a vu dès le premier tour », estime Laurence Garnier. « En temps de crise, les électeurs essaient de garder de la stabilité, confirme Julien Bainvel, conseiller municipal LR. Les sujets locaux sont, en plus, passés au second plan. » « La campagne était bonne. Le thème de la sécurité, qui a été repris par tous les candidats, c’est Laurence qui l’avait imposé. On avait beaucoup d’espoirs. Et, au final, beaucoup de frustration », regrette Anthony Beraud, secrétaire départemental des Républicains.

« On lâche très vite dans notre camp »

L’abstention est aussi pointée du doigt. « Je pense qu’elle a été plus pénalisante pour la droite. Il y a un électorat âgé qui n’est pas allé voter », poursuit Anthony Beraud. Sophie Van Goethem, qui était l’une des candidates de la droite (sans étiquette) en 2014, partage cet avis mais avance un problème de motivation. « On a beaucoup de défaitistes qui se sont dits "ça ne sert à rien", "tout est plié". On lâche très vite dans notre camp. »

La candidature de la liste En Marche (Valérie Oppelt) et son maintien au second tour ont également siphonné une partie des voix habituelles de la droite. « C’est le principal problème », affirme sans détour Pierre Gobet, candidat divers droite en 2014. « Ils n’ont pas souhaité se marier avec nous, bien que nous leur ayons tendu la main. Je le regrette », répète Laurence Garnier. « Malgré les difficultés, on a quand même évité le crash qu’ont connu d’autres candidats de droite ailleurs, comme à Rennes, à Lille ou au Mans. C’est le signe que la stratégie était bonne », positive Julien Bainvel.

« Je continuerai à me battre pour cette ville »

Comment rebondir dans ces circonstances ? « Il faudra encore du travail, de l’énergie, une équipe renouvelée. Aucune ville n’est imprenable ! », répond Laurence Garnier. « Il y a encore des quartiers où nous ne sommes pas assez implantés. Il faut qu’on réussisse à mailler le territoire et à susciter le débat », considère Julien Bainvel. « On est trop sérieux, trop correct, on ne fait pas assez de buzz. Il faut probablement faire plus de bruit », suggère Sophie Van Goethem.

Faut-il changer de candidate ? Pas forcément, estime Julien Bainvel. « On a besoin de temps. La notoriété, la connaissance du terrain, c’est extrêmement difficile à acquérir. » « Si Laurence est déterminée, elle sera une très bonne candidate, est persuadé le secrétaire départemental des Républicains. Mais six ans c’est loin. Est-ce qu’elle en aura envie ? » Laurence Garnier, que l’on sait intéressée par un mandat au Sénat, se dit encore motivée. « Bien sûr le score, la défaite, m’amènent à réfléchir. Mais je suis Nantaise. J’essaie d’être authentique. Je reste convaincue que le projet qu’on a porté répond à de véritables enjeux pour Nantes. Je continuerai à me battre pour cette ville et à proposer des idées. »

« Peut-être que des jeunes charismatiques vont émerger ? s’interroge Sophie Van Goethem. Tout est ouvert. » Pierre Gobet émet des doutes. « Laurence Garnier n’est pas une mauvaise candidate. Mais, dans cette ville, tant qu’il n’y aura pas quelqu’un de connu, d’emblématique, ce sera compliqué. »

« Ça paraît compliqué mais, six ans, c’est très très long »

Les années à venir seront-elles plus favorables à la droite nantaise ? Julien Bainvel y croit. « Il y a des différences idéologiques au sein même de la majorité PS-Verts. Il y aura aussi des personnalités fortes. Je ne suis pas sûr que ça se passera très très bien. » « Johanna Rolland s’est imposée dans le paysage politique mais je ne suis pas sûr qu’elle ait tissé un lien fort avec ses habitants », estime Anthony Beraud.

« En politique, rien n’est jamais gagné ou perdu d’avance. Il ne faut jamais jamais lâcher ! », renchérit Sophie Van Goethem, qui reconnaît toutefois que « Nantes a toujours été difficile pour la droite ». « Ça paraît compliqué mais, six ans, c’est très très long, beaucoup de choses peuvent se passer, conclut Pierre Gobet. Le contexte national aura énormément d’influence. On y verra déjà plus clair après la présidentielle. »