Résultats des municipales 2020 en Outre-mer : Que faut-il retenir du second tour ?
ELECTIONS Un taux de participation plus élevé qu’en Hexagone, pas de vague verte, les candidats LREM battus… Les points forts du second tour
- A la Réunion, l’ex-ministre PS Ericka Bareigts devient la maire de la ville la plus peuplée d’Outre-mer, Saint-Denis.
- Le parti LREM peine toujours à s’implanter dans les départements ultramarins.
- En Guyane, les élections municipales ont été annulées en raison de l’épidémie de coronavirus.
Fin de plusieurs règnes en Guadeloupe, une ex-ministre PS élue à La Réunion, un taux de participation élevé à Mayotte malgré l’épidémie de coronavirus… Que faut-il retenir du second tour des élections municipales en Outre-mer ?
Tout d’abord, les électeurs guyanais ne se sont pas rendus aux urnes dimanche puisque le second tour a été reporté dans le département en raison de la situation sanitaire.
Ericka Bareigts élue à La Réunion
A La Réunion, plusieurs communes tenues par la droite et apparentés sont tombées dans l’escarcelle de la gauche, qui se maintient dans tous ses bastions. L’ancienne ministre socialiste de François Hollande et députée réunionnaise Ericka Bareigts, 53 ans, a été élue maire de Saint-Denis. Elle a largement battu (58,74 %) Didier Robert, président divers droite du conseil régional. C’est la première fois qu’une femme est élue maire du chef-lieu.
Au total, quatre femmes ont conquis ou reconquis l’une des 24 mairies de l’île, une première. La députée Huguette Bello (Divers gauche), 70 ans, a été élue maire de Saint-Paul, poste qu’elle avait déjà occupé de 2008 à 2014, battant (61,5 %) le candidat Alain Bénard (38,5 %). Arrivée récemment en politique, Juliana M’Doihoma, 35 ans, (DVD) a créé la surprise en remportant la mairie de Saint-Louis (sud), face aux deux anciens maires de la commune Cyrille Hamilcaro et le communiste Claude Hoarau. Vanessa Miranville (SE) maire sortante de la Possession, (ouest) conserve sans difficulté son siège. Le PCR, qui était le parti le plus puissant de l’île, ne conserve qu’une seule commune, Sainte-Suzanne.
Scrutin de la discorde dans la commune de l’Etang-Salé. Une voix, seulement, sépare le maire sortant réélu, Jean-Claude Lacouture (50,01 %), de son adversaire, Mathieu Hoarau (49,99 %). Le candidat de l’opposition a dénoncé des irrégularités et annoncé saisir les juridictions administratives et pénales pour faire annuler les élections.
Fin de règnes en Guadeloupe
En Guadeloupe, la ville de Pointe-à-Pitre en a terminé avec l’ère Bangou, qui aura duré 55 ans, de père en fils. L’écologiste Harry Durimel a été élu avec 42,7 % des suffrages face à son éternel rival Jacques Bangou (PPDG divers gauche), maire qui avait dû démissionner en 2019 après avoir fait l'objet d'une procédure de destitution par le préfet pour mauvaise gestion.
Une page se tourne aussi à Basse-Terre, chef-lieu de la Guadeloupe, pour la famille de Lucette Michaux-Chevry. Sa fille, Marie-Luce Penchard, devenue édile en cours de mandat après le départ de sa mère et ancienne secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, a été battue par le socialiste André Atallah.
Fin de règne aussi à Capesterre-Belle-Eau pour Joël Beaugendre devancé par Jean-Philippe Courtois, après 25 ans de mandat. A Saint-François, Laurent Bernier quitte aussi son fauteuil de maire occupé depuis 2008 après la victoire de Bernard Pancrel.
Au Gosier, c’est le candidat Cédric Cornet qui met fin à la succession de Jacques Gullot et le GUSR. Le nouveau maire est toutefois élu 18 mois après sa condamnation en appel pour atteinte sexuelle sur mineure de moins de 15 ans.
Au total, sur 20 communes concernées par le second tour, 14 ont un nouveau maire.
Un bastion indépendantiste… pris par la droite en Martinique
Du renouveau à Ducos, troisième ville de la Martinique, où Aurélie Nella, 35 ans, est devenue dimanche la quatrième femme élue maire sur les 34 que compte la Martinique, et le plus jeune édile de l’île.
Le PPM (parti progressiste martiniquais) a perdu son fief du Marin, détenu pendant près de 30 ans par le sénateur Rodolphe Désiré, au profit du candidat divers gauche José Mirande. Autre séisme à Rivière-Pilote, le bastion de l’indépendantiste Alfred Marie-Jeanne (ancien président du conseil régional de la Martinique) a été ravi par le candidat divers droite Jean-François Beaunol. A Saint-Joseph, la troisième fois fut la bonne pour Yan Monplaisir, premier vice-président de l’assemblée de Martinique.
A total, le second tour ont permis l’élection de cinq nouveaux maires.
Le parti autonomiste grand vainqueur en Polynésie
Le Tapura Huiraatira, parti autonomiste présidé par Edouard Fritch, le président de la Polynésie française, a largement remporté les élections municipales. Lui-même réélu à Pirae dès le premier tour, Edouard Fritch voit ses proches l’emporter dans la majorité des communes qui disputaient un second tour, comme le maire sortant de Papeete Michel Buillard.
Quelques exceptions : Le maire sortant d’Arue, Philip Schyle, en place depuis 18 ans, est battu dans une triangulaire par une proche de Gaston Flosse, Teura Iriti. Et à Paea, c’est l’indépendantiste Tony Géros qui s’impose dans une autre triangulaire.
Faa’a, une commune limitrophe de Papeete qui a réélu son maire Oscar Temaru dès le premier tour, reste le bastion indépendantiste. Le Tahoeraa de Gaston Flosse a conservé quelques îles. Joëlle Frébault a battu le maire sortant d’Hiva Oa, île des Marquises, devenant ainsi la première femme Hakaiki (maire) des Marquises, la « Terre des Hommes ».
Les bons calculs des indépendantistes en Nouvelle-Calédonie
Les indépendantistes, qui voulaient faire du vote un « tremplin » avant le deuxième référendum sur l’indépendance le 4 octobre, conservent 19 communes sur 33. Ils réussissent leur pari d’entrer ou de conforter leur présence dans les conseils municipaux de Nouméa et de sa banlieue, villes acquises à la droite.
Les résultats en Nouvelle-Calédonie
Après la réélection le 15 mars de Sonia Lagarde (droite) à Nouméa, les trois communes du Grand Nouméa – Dumbéa, Mont-Dore et Païta – ont elles aussi réélu les sortants, tous affiliés à la coalition non indépendantiste au pouvoir, l’Avenir en Confiance.
Le parti de centre droit Calédonie ensemble (CE) poursuit sa déconfiture, avec une défaite emblématique dans son fief de La Foa, remporté par Nicolas Metzdorf, ex-membre de CE. Côté FLNKS, la rivalité entre ses deux principales composantes tourne à l’avantage de l’Union Calédonienne au détriment du Palika. L’UC remporte la ville de Koné, chef-lieu de la province nord, et Ouvéa. Mais Paul Néaoutyine, homme fort du Palika, garde le fauteuil de maire de Poindimié, qu’il occupe depuis 1989.
Maryline Silewani (UC-FLNKS) devient la première femme élue maire dans les îles Loyauté, avec 50,5 % à Maré.
LR écrase LREM à Mayotte
Les Mahorais se sont déplacés en masse pour voter, avec un taux de participation à plus de 70 %, alors que le coronavirus continue de circuler activement dans l’île.
A Mamoudzou, le maire sortant Mohamed Majani, soutenu par La République en marche, est battu par le LR Ambdilwahedou Soumaïla. Autre candidate investie par LREM, la maire sortante de Chirongui (sud), Hanima Ibrahima Jouwaou, est également battue par un candidat LR, Andhanouni Saïd.
Les Républicains se retrouvent dans sept majorités, sur les 17 communes à renouveler. Le Mouvement pour le développement de Mayotte (MDM, parti centriste), est présent dans cinq majorités. Plus aucune femme n’est élue maire à Mayotte. Sur les 17 maires sortants, sept seulement ont été reconduits.