Municipales 2020 : « Il y a des similitudes entre un OM-PSG et une campagne municipale », assure l’arbitre Antony Gautier candidat à Bailleul

INTERVIEW Le Nordiste de 42 ans, qui arbitre depuis treize ans en Ligue 1, pourrait devenir le prochain maire de Bailleul

Propos recueillis par François Launay
Antony Gautier, ici avec Mbappé, arbitre en Ligue 1 depuis treize ans
Antony Gautier, ici avec Mbappé, arbitre en Ligue 1 depuis treize ans — J.E.E/SIPA
  • Arbitre international, Antony Gautier est candidat aux élections municipales de Bailleul.
  • Arrivé en tête du premier tour, il pourrait bien devenir maire de cette commune nordiste de 15.000 habitants.

C’est sans doute le match le plus important de sa carrière. Mais pour une fois, Antony Gautier ne va pas le jouer sur un terrain de foot. A 42 ans, l’arbitre international aux treize saisons de Ligue 1 vise le poste de maire de Bailleul, une commune nordiste de 15.000 habitants.

Arrivé en tête au premier tour (26,71 % des voix), le candidat sans étiquette défiera dimanche le maire sortant (DVC) Marc Deneuche (23,44 %) et la liste écolo de Joël Decat (15,44 %). Un match à trois bien plus indécis qu’un PSG-Toulouse et dans lequel la neutralité ne sera pas de mise pour une fois. Interrogé par 20 Minutes, Antony Gautier revient sur sa double casquette d’arbitre candidat.

Pourquoi avez-vous décidé de vous présenter aux municipales ?

C’est la conséquence naturelle d’un engagement qui date de plusieurs années à Bailleul. C’est la ville dans laquelle je suis né, dans laquelle mes enfants ont grandi et où mes amis vivent. Il y a une continuité logique dans cet engagement. On m’avait déjà poussé à le faire en 2014 mais à cette époque-là, je n’étais pas encore prêt. Depuis, j’ai eu une expérience très enrichissante d’élu à la ville de Lille avec Martine Aubry où j’étais adjoint délégué à l’enseignement supérieur, à la recherche et aux sports. Ça m’a permis de me sentir plus fort et de me positionner comme candidat au poste de maire de Bailleul. Aujourd’hui, je me sens prêt à porter une nouvelle dynamique dans cette ville.

Votre notoriété d’arbitre international a-t-elle été un atout pendant cette campagne municipale ?

La notoriété n’est pas un sujet de polémique pour moi. Si je suis connu à Bailleul, c’est essentiellement parce que j’y vis depuis quarante-deux ans, parce que j’y suis impliqué en tant que président d’association de parents d’élèves. Alors, bien sûr, le côté médiatique intéresse certaines personnes. Mais je crois que ce qui intéresse avant tout les Bailleulois, c’est la sincérité de ma démarche.

Une campagne municipale est-elle plus compliquée que l’arbitrage d’un OM-PSG ?

Une campagne municipale, c’est aussi du sport (rires). Il vaut mieux être prêt physiquement et psychologiquement. Il y a vraiment des points de similitudes importants avec l’arbitrage de matchs de haut niveau. Que l’on soit en campagne ou sur un PSG-OM, il faut savoir fixer un cap et le tenir. Sur un match de foot, il peut y avoir des événements imprévus. Et c’est la même chose pour un mandat de maire dans lequel il faut savoir réagir et prendre des décisions rapidement.

Êtes-vous nombreux dans l’arbitrage français à être aussi engagé en politique ?

Aujourd’hui, je pense être le seul dans le milieu à être tête de liste aux municipales dans une ville de la taille de Bailleul qui compte quand même 14.800 habitants. C’est un parcours original sur lequel j’échange beaucoup avec mes collègues arbitres.

Si vous êtes élu maire, allez-vous arrêter l’arbitrage ?

L’arbitrage est une activité professionnelle qui me laisse beaucoup de disponibilités. C’est un atout par rapport à la perspective d’exercer un mandat de maire. Aujourd’hui, je viens de terminer ma treizième saison en Ligue 1. Je suis donc plus proche de la sortie que de l’entrée. Mais je pense que les deux activités sont compatibles. Après, si je suis élu maire de Bailleul, je reconsidérais la perspective de ma fin de carrière avec une échéance qui arriverait plus tôt que prévu.

Avez-vous eu envie de distribuer beaucoup de cartons rouges pendant la campagne ?

Pour une fois, je ne me suis pas positionné comme arbitre car j’étais au cœur du match. Je ne me serai donc pas permis de distribuer des cartons. Par contre, s’il y avait pu avoir parfois un arbitre à certains moments, ça aurait pu être très utile à certains moments de la campagne.