Municipales 2020 à Nice : « La crise sanitaire donne raison à mon programme économique », dit Philippe Vardon
INTERVIEW Avant le second tour des municipales le 28 juin, « 20 Minutes » interroge les candidats encore en lice. Arrivé deuxième loin derrière Christian Estrosi, le représentant du RN Philippe Vardon n’est pas tendre avec le bilan du maire sortant
- Après le premier tour des élections municipales le 15 mars, il reste trois candidats à la mairie de Nice : le maire sortant (LR), Philippe Vardon (RN) et Jean-Marc Governatori pour la liste Nice écologique.
- Arrivé en 2e position avec 16,69 % des suffrages exprimés, Philippe Vardon fait figure d’outsider.
- Il détaille pour 20 Minutes sa priorité, la sécurité, et son programme économique, validé dit-il, par les premières conclusions tirées de la crise sanitaire.
Il passe le bilan de Christian Estrosi à la sulfateuse. Deuxième du premier tour (16,69 %) des élections municipales à Nice, le candidat du Rassemblement national, soutenu par la Droite populaire, Philippe Vardon est tous sauf tendre avec le maire sortant LR, arrivé loin devant (47.62 %).
Il détaille aussi sa priorité, la sécurité, et son programme économique, validé dit-il, par les premières conclusions tirées de la crise sanitaire actuelle.
Fallait-il organiser ce second tour le 28 juin, trois mois après le premier ?
C’est surtout le vote et le résultat du premier tour que l’on peut remettre en question. Il n’y a que 28 % des électeurs niçois qui sont allés voter. L’élection est biaisée. Mais, maintenant, il faut bien que la vie démocratique se fasse et que les collectivités puissent fonctionner normalement.
Quel regard portez-vous sur l’action du maire sortant pendant la crise ?
Il s’est beaucoup démené, agité même. Mais, en réalité, il a fait à peu près ce que tous les maires ont fait. Certains en ont fait un peu plus, d’autres un peu moins. Certains plus tôt, d’autres plus tard. A Fréjus, le maire RN David Rachline a testé très vite les agents municipaux. A Nice, ça a été fait quasiment un mois après. La réalité, c’est que Christian Estrosi a surtout occupé les colonnes des journaux et l’antenne des télés et des radios. Quand il fait une chose, il peut en parler pendant dix jours. C’est beaucoup de communication, de théâtre même. Mais, au-delà de cette agitation, cette crise a surtout souligné les problèmes de la ville, avec les émeutes aux Moulins et les compromissions de la mairie avec l’islam radical puisqu’on a eu un appel à la prière imposée à tout le quartier Bon voyage par une mosquée installée dans des locaux municipaux.
Quel bilan tirez-vous de ses deux mandats à la tête de la ville ?
Ce bilan, on peut le faire simplement : c’est 8.000 habitants qui ont quitté Nice en dix ans, 52 % d’augmentation de la taxe foncière ou encore des quartiers abandonnés aux dealers avec le tarif des trafics de drogue qui s’affichent sur certains murs. C’est du jamais vu.
Rien ne trouve grâce à vos yeux ?
Je suis comme de nombreux de Niçois, je ne reconnais plus ma ville.
Quel est votre avis sur les deux nouvelles lignes du tramway ?
Elles fonctionnent et c’est très bien. Mais si on avait suivi ce qui était originellement prévu par Jacques Peyrat [le prédécesseur de Christian Estrosi], on les aurait payées 700 millions de moins et on les aurait eues sept ans plus tôt.
Quelle est votre priorité ?
En tant que maire de Nice ou comme membre ou leader de l’opposition, l’urgence sera la sécurité. Je veux installer huit postes de police municipale. Il n’y en a plus. Il en faut dans tous les quartiers, dont un sur Jean-Médecin étant donné que 40 % de la délinquance à Nice est concentrée dans l’hypercentre. Il faut une police de terrain. Je préfère qu’on voit des bleus dans la ville plutôt que d’être vu par des caméras.
Les prochains maires seront aussi ceux de la relance économique après la crise liée au nouveau coronavirus. Que proposez-vous en la matière ?
Le projet que je défends depuis juin 2019 n’est que renforcé par cet épisode. La crise sanitaire donne raison à mon programme économique et valide tout ce que l’on défend avec ma famille politique puisque, aujourd’hui, tout le monde se met à parler de souveraineté, de relocalisation, de réindustrialisation. Ca fait des années que je défends le localisme : c’est-à-dire l’idée que l’on doit consommer au plus près, réduire les distances. La plaine du Var doit redevenir le grenier de la métropole au lieu de cette bétonisation qui devait ramener des emplois et qui est un échec total. Je veux favoriser le commerce de centre-ville en créant un compte de stationnement qui soit lié à la consommation dans les commerces : qu’un euro dépensé soit égal à une minute gratuite. Je veux aussi que les entreprises locales soient favorisées dans les appels d’offres.
« Chasse aux autos »
Le candidat du Rassemblement national veut mettre un terme à la « chasse aux automobilistes », qui est engagée à Nice, dit-il. « Avec le déconfinement, le sortant est allé encore plus loin dans le syndrome ‘Estrosidalgo’ avec des pistes cyclables installées sans aucune concertation et qui créent des bouchons et de la pollution. Un tiers des habitants habite sur les collines et ils ont besoin de leur voiture. Il ne faut pas les oublier. »