Municipales 2020 à Rennes : « Nous avons bien dormi »… Nathalie Appéré et les écologistes ont négocié sereinement

ELECTIONS La liste de la maire sortante Nathalie Appéré (PS) et celle du candidat écologiste Matthieu Theurier ont annoncé leur fusion samedi lors d’une conférence de presse

Camille Allain
L'élu écologiste Matthieu Theurier, ici aux côtés de la maire de Rennes Nathalie Appéré, le 30 mai 2020.
L'élu écologiste Matthieu Theurier, ici aux côtés de la maire de Rennes Nathalie Appéré, le 30 mai 2020. — C. Allain / 20 Minutes
  • La liste d’union de la gauche de Nathalie Appéré va fusionner avec la liste écologiste emmenée par Matthieu Theurier en vue du second tour des municipales à Rennes.
  • En 2014, d’âpres négociations avaient eu lieu entre les deux camps avant le second tour du scrutin.
  • Six ans de partage du pouvoir ont visiblement atténué les tensions. Les négociations étaient visiblement beaucoup plus sereines.

« Nous avons bien dormi, de bonnes nuits de douze heures. » Matthieu Theurier a le sourire sincère. Le candidat écologiste aux élections municipales à Rennes se souvient parfaitement des âpres négociations que sa liste avait menées en 2014 en vue de la fusion avec Nathalie Appéré. Des nuits entières à discuter, des heures de tractations délicates pour aboutir à un projet commun. Les six ans à partager le pouvoir ont visiblement apaisé tout le monde.

Arrivées en tête au soir du premier tour, les deux listes de gauche ont négocié pour aboutir à une fusion de leur mouvement. Samedi, les deux têtes de liste ont annoncé leur nouvelle union, six ans après un premier mariage. « Chacun a évolué, s’est rapproché. Nous avons six ans de travail commun derrière nous et des valeurs communes », assure Nathalie Appéré.

Des divergences ? « Elles n’ont pas disparu en quarante-huit heures »

La maire sortante n’a pas caché sa satisfaction de voir l’union de la gauche aboutir. « Nous avons discuté avec beaucoup de sérénité. Il n’y a pas eu de portes qui claquent », assure la tête de liste, arrivée en tête avec 32 % des suffrages au premier tour des élections municipales. Rien à voir donc avec les discussions de 2014, où le score inattendu de Matthieu Theurier (15 %) avait contraint la successeure de Daniel Delaveau à un mariage forcé. « Nos socles politiques sont convergents. La preuve, nous ne prenons pas les trois jours qui nous restent (jusqu’au dépôt des listes mardi 2 juin). Nous ne voulions pas discuter pour une virgule sur un programme. Nous sommes prêts, les Rennais nous attendent », assène Matthieu Theurier, crédité de 25 % des voix au soir du 15 mars. Cette fois, les tractations se sont déroulées en petit comité, épidémie oblige, et sans coup de sang.

Les deux colistiers ont cependant évoqué leurs « points de divergence ». « Nous en avons et ils n’ont pas disparu en quarante-huit heures. Mais nous avons su les dépasser », promet Nathalie Appéré. La question de l’urbanisme et de la hauteur des constructions a fait l’objet de longues discussions, aboutissant à un accord qui sera dévoilé dans les semaines à venir. Quant à la dotation de pistolets à impulsion électrique pour les policiers municipaux voulue par la maire sortante, elle ne convient toujours pas aux écologistes. « Mais le pouvoir régalien revient au maire », tranche l’élue socialiste.


A un mois du second tour, la route qui mène au fauteuil de maire semble grande ouverte à Nathalie Appéré, aux commandes de la capitale bretonne depuis 2014. Dans une ville aux mains de la gauche depuis 1977, le candidat de la droite Charles Compagnon et la candidate de La République en marche Carole Gandon auront sans doute du mal à rivaliser au soir du 28 juin. Dans un communiqué, cette dernière dénonce une alliance qui scelle « la reconduite d’un modèle urbain à bout de souffle, inadapté pour faire face aux futures pandémies », critiquant « six années de bétonisation et d’hyperdensification ».

A un mois du second tour, la question de la répartition des portefeuilles brûle déjà les lèvres. Les écologistes parviendront-ils à placer un élu vert au poste stratégique des transports à la métropole ? Pas impossible. « Notre présence va sans doute surprendre », glisse un membre de la liste. En 2014, les Verts avaient obtenu huit élus au conseil municipal qui en compte 61. En gagnant dix points en six ans, ils devraient être beaucoup mieux représentés en cas d’élection. « La répartition se fera à la proportionnelle. Le partage des responsabilités se fera aussi selon les compétences de chacun », assure la maire Nathalie Appéré, avant de conclure. « Il y a d’abord une élection à gagner ».