Municipales 2020 à Paris : Comment les candidats veulent en finir avec le développement « désorganisé » du vélo

POLITIQUE (4/7) Depuis quelques mois, on ne parle que de vélo à Paris. Remise sur le devant de la scène durant la grève dans les transports, la bicyclette est désormais dans la bouche de beaucoup de candidats à la mairie de Paris

Romain Lescurieux
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Des cyclistes dans Paris le 17 décembre 2019, en pleine grève des transports contre le projet de réforme des retraites.
Des cyclistes dans Paris le 17 décembre 2019, en pleine grève des transports contre le projet de réforme des retraites. — Aurore MESENGE / AFP
  • Les municipales se tiennent les 15 et 22 mars 2020. Chaque lundi, 20 Minutes aborde un thème de la campagne. Aujourd’hui, les enjeux autour la mobilité et du vélo.
  • Quasiment tous les candidats à la mairie de Paris se positionnent pour améliorer le nombre de déplacements à vélo dans la capitale.
  • Concrètement, comment favoriser le vélo en contentant aussi les piétons, les trottinettes et les voitures ?

«A Paris, à vélo, on dépasse les autos», chantait Joe Dassin. Un précurseur? Depuis quelques semaines, tous les candidats n’ont d’yeux que pour elle, la petite reine. Désormais incontournable dans les rues de Paris, le vélo l’est devenu aussi dans la campagne des principaux candidats à l’Hôtel de Ville. Car il est vrai, la grève dans  les transports a boosté les coups de pédale. Et même si la dynamique est un peu retombée depuis, qu’importe, les candidats à la mairie de Paris veulent emboîter le pas pour poursuivre cette dynamique. Mais concrètement qui proposent quoi ? 20 Minutes fait un tour d’horizon à quelques semaines du premier tour.



La création du « Vélopolitain »

Le 29 janvier dernier, ils étaient nombreux à avoir répondu à l’appel, les associations Paris en selle et Mieux se déplacer à bicyclette, qui les avaient conviés à un « grand oral ». Durant 15 minutes chacun, Cédric Villani (ex-LREM), Anne Hidalgo (PS), l’ex-candidat Benjamin Griveaux (LREM), Nelly Garnier, qui représentait Rachida Dati (LR), Danielle Simonnet (LFI) et David Belliard (EELV) ont détaillé leur vision, leur projet et leurs propositions pour le vélo.

A l’exception de Rachida Dati (LR) qui veut d’abord organiser une concertation citoyenne avant d’enclencher un « plan global de mobilités », tous les candidats se sont engagés en faveur de la création du «Vélopolitain», ce réseau de 170 km pistes cyclables sécurisés, proposé par les associations et qui reprend en surface le tracé des lignes du métro. Pour sa réalisation, Anne Hidalgo parle d’investir 250 millions d’euros, tout comme Cédric Villani. Les Marcheurs veulent réaliser le « Vélopolitain » en commençant par les voies cyclables qui pourront désengorger les lignes de métro saturées, comme la ligne 13.

Pistes, stationnement et équipements

La maire sortante promet de rendre cyclable l’intégralité des rues de Paris d’ici à 2024. Elle veut « récupérer de la place sur les voitures » et transformer 60.000 places de stationnement pour élargir les chaussées, « faire des pistes cyclables bidirectionnelles », et créer 100.000 places de stationnement vélo. Du côté de LREM, on propose d’améliorer la sécurité aux intersections (peindre les pistes cyclables, etc.), « séparer les flux » entre bus et vélo, interdire les bus de tourisme dans Paris, instaurer une prime pour « la transition aux deux-roues thermiques », créer 100.000 places de stationnement vélo, développer une « police de la circulation » municipale et « graver gratuitement » les vélos,

« Le vélo s’est développé à Paris mais de manière désorganisée et la qualité de service de Vélib' n’est pas au niveau. Mon plan comporte la mise en place du Vélopolitain, des initiations au vélo avec un permis cycliste dès le CM2, la création de quartiers apaisés, l’élargissement et la sécurisation des voies, regagner de l’espace sur le stationnement de voitures, le réaménagement de la Petite ceinture », expliquait récemment à 20 Minutes Cédric Villani.

Danielle Simonnet revendique « une hiérarchie : d’abord on doit défendre les piétons, les cyclistes, les transports en commun, les taxis, et ensuite seulement la voiture ». Elle souhaite « créer un vrai service municipal du vélo », développer la pratique du vélo « dans les écoles, les centres de loisirs, les colonies de vacances ». Elle propose d’offrir un vélo à tous les jeunes de 16 ans, ce qui coûtera « 4 millions d’euros ».

Enfin David Belliard veut « libèrer Paris de la voiture ». « On crée des pistes cyclables sécurisées partout et en lien avec la métropole. On a avancé sur le sujet, mais seul la moitié du plan vélo tel qu’il était prévu en 2014 a été réalisé. Ce plan est parti trop tard. Il faut récupérer la moitié des places de parking en surface pour faire des espaces verts et des pistes cyclables. L’idée est qu’un enfant puisse prendre son vélo et aller à l’école en toute sécurité », détaillait-il auprès de 20 Minutes, il y a quelques semaines. 

Quid du Vélib’?

Dans le débat sur la mobilité et le vélo dans la capitale, une question est en suspens. Quel avenir pour le Vélib’ ? «Il faudra regarder si l’offre est encore attendue », a estimé Rachid Dati quand Anne Hidalgo développe d’autres systèmes de location de vélos spécifiques comme les vélos cargo, les vélos pour personnes handicapées. David Belliard veut quant à lui « poser la question de la remunicipalisation ». Danielle Simonnet, elle, met en avant « municipalisation » et «gratuité» , assumant de vouloir «faire des emprunts» pour cela. Cédric Villani propose la gratuité des deux premières heures de Vélib'.

Lundi prochain, nous aborderons la thématique des infrastructures sportives.