Municipales 2020 à Bordeaux : Tous se revendiquent écolos, comment tenter de les distinguer les uns des autres ?
ELECTIONS L’écologie est l’une des préoccupations principales des Bordelais et les sept candidats aux municipales l’ont bien compris. «20 Minutes» leur a demandé en quoi leur programme faisait la différence sur ce terrain
- L’environnement est l’une des thématiques centrales des municipales et les sept têtes de liste à Bordeaux l’ont bien compris.
- S’ils partagent le constat et certaines mesures comme la plantation d’arbres, tous tentent de marquer les esprits avec des propositions différentes de leurs concurrents.
La protection de l’environnement est la préoccupation majeure des électeurs et les Bordelais ne font pas exception. Elle s’est manifestée par exemple lors du budget participatif de la ville où 24 des 41 propositions lauréates concernaient l’écologie.
Les sept têtes de listes déclarées dans la course à la mairie de Bordeaux ont bien compris que c’était l’enjeu fort de ces élections. S’accordant pour la plupart sur un grand plan de plantations d’arbres pour verdir la ville de pierres et la création d’îlots de fraîcheur dans une cité promise au climat de Séville d’ici 2050, chacune tente de se montrer sous son jour le plus vert, avec des stratégies différentes.
Le plus « prudent » : Nicolas Florian
Le maire sortant (LR) qui a pris la suite d’Alain Juppé ne veut pas brusquer les Bordelais et sur le terrain sensible des transports, il a tenu à rassurer : « je ne serai jamais le maire qui interdira les voitures dans Bordeaux », a lancé Nicolas Florian lors du débat TV7, Sud-Ouest. Sur les déchets aussi, il veut « accompagner » les changements de pratique : « la transition, ce n’est pas la rupture », précise-t-il. Pour lui, la population fait déjà des efforts et un mouvement de fond est en cours : « en dix ans, la part de la voiture est passée de 40 % à moins de 30 % sur Bordeaux ». Parmi ses propositions, celle d’une ferme urbaine sur la Jallère, un site sur lequel il a interrompu un projet immobilier de 2.000 logements (tout en conservant le volet économique).
Le plus « authentique » : Pierre Hurmic
Dans l’opposition depuis 1995, le conseiller municipal Europe Ecologie les Verts (EELV) fait le pari que les électeurs préféreront « l’original à la copie ». « Nos adversaires ont une vision comptable de l’écologie (nombre de pistes cyclables, d’arbres, etc.) qui ne répond pas à une vision écosystémique qui veut que l’écologie irrigue toutes les politiques municipales », explique Pierre Hurmic. Un poste d’adjoint dont la fonction sera de veiller à cette cohérence figure dans son programme. L’une de ses priorités sera de garantir « zéro artificialisation des sols » pour stopper la disparition des espaces naturels. « Il faut construire la ville sur la ville », estime-t-il.
Le plus « innovant » : Thomas Cazenave
Pour rattraper le retard pris par la ville, le candidat de La République en marche veut créer une cité de la transition écologique sur la rive droite. « La transition on la fera avec les entreprises et les chercheurs en trouvant des solutions innovantes, souligne-t-il. On en connaît déjà certaines sur le biocarburant par exemple, qu’il faudra industrialiser, et d’autres sont à trouver sur la captation du carbone et de nouveaux modèles d’urbanisme par exemple ». Il prône un changement de modèle, notamment agricole, à l’échelle plus vaste de la métropole et des territoires alentour.
Le plus « radical » : Philippe Poutou
La tête de liste de Bordeaux en luttes veut s’attaquer au problème à la racine. « On veut avoir les moyens de mener une écologie radicale en redonnant à la population le contrôle de la vie publique, c’est-à-dire en récupérant la gestion de l’eau, de l’assainissement, des déchets et des transports. Il s’agit d’enlever aux privés, qui se moquent des droits sociaux et de la planète, les moyens de nuire », explique Philippe Poutou. Pour sortir du « tout voiture », il propose de développer un important réseau de lignes de bus et de rendre les transports en commun gratuits.
Le plus « inventif » : Pascal Jarty
Le candidat sans étiquette propose d’équiper le toit de la base sous marine en panneaux photovoltaïques qui alimenteraient en électricité les paquebots de croisière maritimes et pourquoi pas le tramway. Le plan serait financé par la revente de l’énergie à EDF et par un programme européen. Pour ce candidat anti-bétonnisation, une mesure symbolique à mettre en place serait aussi « la végétalisation de la place Tourny qui a rejoint le rang des sites très minéraux, aux côtés de Pey-Berland et Gambetta ».
Le plus « rural » : Bruno Paluteau
Le candidat du Rassemblement National élargit lui aussi la question au-delà des limites municipales et souhaite « une meilleure répartition de la population dans les campagnes oubliées de la région Nouvelle-Aquitaine et que les quartiers (rive droite, les Chartrons etc.) deviennent des villages basés sur le localisme (une production de richesses consommées sur place) afin de retrouver cette âme traditionnelle française. »
Le plus « extra-municipal » : Gilles Garçon
Pour ce candidat de l’UPR, l’union populaire républicaine, les décisions qui comptent en matière d’écologie sont prises à Bruxelles et pour avoir les mains libres, « il faut sortir des traités ». Il propose un référendum d’initiative locale pour « redonner le pouvoir au peuple » et par exemple lui demander de trancher sur l’idée d’une gratuité des transports en commun.
« Plus on parle d’écologie, plus ça favorise la liste écologiste, conclut Pierre Hurmic, on ne craint pas la concurrence sur ce terrain-là, surtout quand elle est aussi timorée. » Réponse le 15 mars, après le premier tour de cette élection, ouverte de façon inédite à Bordeaux.