Municipales 2020 à Paris : Les candidats dévoilent leur vision pour les Champs-Elysées
URBANISME Les cinq principaux candidats ou leurs représentants étaient auditionnés ce mardi matin par le Comité Champs-Elysées qui souhaite ardemment une rénovation de « la plus belle avenue du monde »
- Le Comité Champs-Elysées, réunion d’acteurs économiques et culturels, porte un projet de rénovation de la « plus belle avenue du monde ».
- Ce mardi matin, les cinq principaux candidats à la Mairie de Paris sont venus défendre leur vision des Champs-Elysées.
- Leurs interventions étaient pour le moins imprécises, mais les membres du Comité se félicitent que les candidats se soient approprié le projet.
Et si la route pour l’Hôtel de Ville passait par l’Elysée ? C’est en tout cas ce qu’espère le Comité des Champs-Elysées, qui a rassemblé ce mardi matin dans un magnifique pavillon néoclassique des Champs pour une « matinée électorale » les cinq principaux candidats aux municipales, ou presque. Car si Cédric Villani, Benjamin Griveaux et David Belliard ont fait le déplacement, Anne Hidalgo et Rachida Dati se sont fait porter pâles et remplacées par leurs directeurs de campagnes, respectivement, Jean-Louis Missika et Nelly Garnier.
Pour préparer ce grand raout, le comité, qui rassemble les acteurs économiques et culturels de l’avenue et assure la promotion des Champs Elysées, a mis les petits plats dans les grands. Avant-projet sur les Champs en 2024 présenté au printemps dernier, tribune publiée dans Le Monde, projet de l’architecte Chiambaretta présenté aux différents candidats et annonce d’une consultation citoyenne sur l’avenir des Champs couplée à une exposition au Pavillon de l’Arsenal.
Villani sans filet et ça s’est vu
Et c’est Cédric Villani qui attaque, avec une dizaine de minutes de retard, ce qui permet au président du Comité, Jean-Noël Reinhardt, de prononcer un petit discours introductif présentant brièvement le projet de rénovation estimé à 150-200 millions d’euros. Le mathématicien intervient sans notes mais il aurait peut-être dû en avoir. Après un petit laïus sur son engagement pour Paris, Cédric Villani termine en assurant que les « Champs, emblématiques, font la fierté de Paris mais sont aussi le symbole de l’envahissement du tourisme à Paris », et qu’il veut en faire « un lieu de proximité où l’on se sent bien ». Sympa mais on cherche encore le début d’une proposition. Et sa faconde généreuse cache mal que ses réponses aux questions très précises sur les Champs restent trop évasives. Tout du moins assure-t-il que le projet du Comité « s’inscrit pleinement dans le projet écologique qu’il portera pour Paris ». C’est déjà ça.
Griveaux et ses petites blagues
Place à présent à Benjamin Griveaux, qui arrive lui aussi sans notes, sans beaucoup plus de propositions concrètes mais au moins focalise-t-il ses propos sur la question des Champs-Elysées. « Le projet porté par le comité s’inscrit dans ce projet de respiration de la ville et de réappropriation de la ville que nous portons », assure le candidat LREM, qui tente de charmer son auditoire très entrepreneurial avec un discours pro-business et des blagues bien senties – « Le grand sacrifié du mandat est le piéton car la maire de Paris n’aime pas les marcheurs ». Il ajoute que « les touristes, c’est important mais il y a aussi les Parisiens, et ce sont eux qui redonneront son âme aux Champs. » Interrogé sur sa première mesure pour le quartier, il souhaite « mettre en valeur l’existant en réaménageant les jardins des Champs ». Une proposition portée par le Comité.
Haro sur la voiture pour Belliard
Puis arrive David Belliard que Jean-Noël Reinhardt annonce être heureux de rencontrer car « entre les Champs-Elysées et les Verts, il y a une forme de distance idéologique ». Une remarque atypique qu’approuve le candidat écolo : « Il faut ouvrir des champs de débat avec certains acteurs que nous n’avions pas l’habitude de rencontrer, car nous ne pouvons pas changer la ville sans eux. » Néanmoins, le candidat des Verts a lui aussi du mal à entrer dans le vif du sujet et reste sur la présentation de son projet pour Paris, agrémentée de digressions sur les feux en Australie ou la pollution plastique des océans. Ce n’est qu’une fois interrogé par l’auditoire qu’il précise sa pensée. Ainsi sa première décision pour les Champs serait de « repenser le schéma de circulation afin de redonner la place au piéton et diminuer l’espace consacré aux voitures individuelles », la marotte des écolos parisiens. Il estime néanmoins que « piétonniser la totalité des Champs n’est pas réaliste ». Sauf si la France gagne le prochain Euro.
La droite reste floue
Visiblement, Nelly Garnier, la directrice de campagne de Rachida Dati, n’était pas présente lors de la présentation du projet du comité à la candidate LR. Son discours de présentation reprend les thèmes principaux de la droite – sécurité, propreté famille, écologie raisonnée – mais n’aborde quasiment pas la question des Champs-Elysées même si Nelly Garnier est « très en soutien de la démarche du comité ». Heureusement les questions recadrent les débats. Enfin presque, puisque dès la première question, elle dévie sur les parcs parisiens avant d’assurer que « nous, ce n’est pas un quartier plutôt qu’un autre ». On n’en saura pas beaucoup plus.
Missika en terrain connu
Jean-Louis Missika vient en habitué – on lui donne du « Jean-Louis » – pour clore cette « matinée électorale ». Comme ses prédécesseurs, il fait la promotion du bilan et du programme de sa candidate mais entre très rapidement dans le vif du sujet et affiche une maîtrise du sujet rendu possible par ses onze ans au sein de la municipalité parisienne. Il promet une transformation de la « place de l’Etoile et de la Concorde en de vastes espaces piétons afin de créer une véritable promenade le long des Champs-Elysées ». Les jardins « qui sont dans un état difficile doivent être une priorité en termes d’aménagement », ajoute-t-il. Et quand on lui demande pourquoi la municipalité n’a pas agi plus tôt, il n’hésite pas à se défausser sur la préfecture de police ou l’architecte des bâtiments de France, notamment sur le projet de piste cyclable au centre de l’avenue. Mais surtout Jean-Louis Missika laisse entendre que la mairie pourrait financer un tiers du projet du Comité, une nouvelle qui ne laisse pas Jean-Noël Reinhardt indifférent, ce dernier saluant une « intervention extrêmement précise ».
Malgré le flou de certaines interventions, les membres du Comité se montrent plutôt satisfaits de cette matinée. « Ce qui est intéressant c’est que tous les candidats partagent le diagnostic, la nécessité de faire quelque chose pour les Champs parce que ça fait trente ans qu’il ne s’est rien passé, donc ça c’est un point positif, se réjouit Eric Costa, président de Citynove Asset Management. Ils « s’approprient les grandes lignes du projet, notamment le réaménagement des jardins », précise-t-il. « On ne veut pas réinventer les Champs-Elysées, complète Eric Donnet, DG de Groupama Immobilier, on veut les réenchanter à travers trois dimensions, une dimension écologique sur laquelle les candidats semblent tous d’accord, une dimension économique qu’il est trop tôt d’aborder, et une dimension sociétale où il y a des visions différentes selon les couleurs politiques. » Pour Eric Costa, l’étape d’après, « c’est de travailler avec l’équipe victorieuse pour déterminer de façon fine un calendrier ». Et surtout se mettre d’accord sur le financement, question épineuse mais qui heureusement n’est pas pour tout de suite.
20 Minutes est partenaire de la consultation «Réenchanter les Champs-Elysées», initiée par le Comité Champs Elysées et l'agence PCA-STREAM sur la plateforme Make.org. Si vous souhaitez y participer, vous pouvez proposer vos idées et voter sur celle des autres participants dans le module ci-dessous.