Municipales 2020 à Bordeaux : « Je souhaite que d’ici à 2026 toutes les livraisons s’effectuent avec des véhicules 100 % propres »

INTERVIEW « 20Minutes » a rencontré le candidat LREM à la mairie de Bordeaux ,Thomas Cazenave, concernant son programme sur les déplacements

Propos recueillis par Mickaël Bosredon
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Le candidat LREM à la mairie de Bordeaux, Thomas Cazenave
Le candidat LREM à la mairie de Bordeaux, Thomas Cazenave — Mickaël Bosredon/20 Minutes
  • En « repensant la façon d’utiliser les infrastructures », Thomas Cazenave (LREM) défend un programme « ambitieux » et « soutenable financièrement. »
  • Son grand projet ne sera ni un nouveau pont ni un grand contournement routier, mais « 200 km de pistes cyclables sécurisées. »
  • Parallèlement, il veut s’attaquer aux problématiques de livraison et de stationnement en centre-ville.

Le programme du candidat LREM aux municipales à Bordeaux, concernant les mobilités, est quasiment bouclé. Thomas Cazenave nous confie ses toutes dernières réflexions sur la livraison en centre-ville, le free-floating ou encore le stationnement, et revient sur ses principales propositions.

Quel est votre projet pour régler le problème de la saturation des infrastructures (rocade, tramway) à Bordeaux ?

Mon projet repose sur une utilisation différente des infrastructures. Aujourd’hui, nous avons un problème de liaison entre les territoires et la métropole, qui se traduit notamment par une très forte saturation des axes routiers le matin. Pour cette raison, le projet de RER métropolitain va permettre de créer une mobilité du quotidien qui offre une alternative à la voiture.

Ensuite, il faut transformer la rocade en grand boulevard métropolitain, en rétrécissant la largeur des voies, en réduisant la vitesse, et en y implantant une voie de covoiturage. On recense en moyenne 1,1 passager par voiture sur la rocade ; il faut donc encourager de nouveaux modes de déplacement. Il faudra aussi réguler le trafic de transit aux heures de pointe, avec des parcs de rétention pour les poids lourds, l’idée étant d’interdire le trafic international à certaines heures et d’ouvrir un corridor aux Bordelais qui vont travailler.

Parallèlement, je créerai 10.000 places supplémentaires en parcs relais aux portes de la métropole.

Certains spécialistes estiment que ces parcs relais encouragent les habitants à aller vivre de plus en plus loin, et que cela génère donc de l’étalement urbain…

J’entends les spécialistes. Mais je constate qu’il y a déjà des habitants qui vivent en dehors des agglomérations, et ils utilisent déjà leurs voitures pour se rendre en ville… Il faut changer ce mode de transport.

Votre projet comporte aussi un important volet consacré aux pistes cyclables…

Il faudra utiliser différemment l’espace public, pour faire de Bordeaux la première métropole du vélo. Je veux implanter sur la métropole 200 km de pistes cyclables sécurisées – notamment sur les boulevards – avec les équipements qui vont avec (garages à vélo, arceaux…). Ce projet se chiffre à environ 200 millions d’euros.

Donc vous n’aurez pas un grand projet d’infrastructure pour Bordeaux ?

Mon grand projet est de transformer la manière dont on se déplace, c’est ambitieux et soutenable financièrement. Mais il n’y aura pas de nouvelle grande infrastructure, et j’attends de voir ceux qui vont en proposer, alors que la métropole va devoir faire face à des investissements considérables ces prochaines années pour le renouvellement des rames du tram. Et cela pose un problème de crédibilité quand même : en 2014 on promettait déjà de refaire les boulevards, rien n’a été fait, le grand contournement est une Arlésienne dont on nous parle depuis 20 ans…

Vous voulez aussi créer des bus express ?

Pour désenclaver le tram, je propose des lignes de bus directs entre deux grandes stations, par exemple entre Buttinière et le centre de Bordeaux, ou entre la Victoire et le campus. Cela permettra d’alléger à bas coût le problème d’engorgement du tram. Le tram est beaucoup saturé par les étudiants, il ne faut pas se leurrer. Je souhaite aussi investir la Garonne, avec un système de barges qui permette de traverser le fleuve en ligne droite, en quatre ou cinq points.

Sur la problématique de la livraison en ville, aurez-vous des propositions ?

C’est fondamental car il y a une explosion du nombre de véhicules de livraison en ville, c’est donc un enjeu de circulation et de santé publique. Et tout cela n’est pas très optimisé… Je souhaite que l’on crée deux plateformes logistiques, au nord et au sud, et ensuite des prestataires effectueront la livraison dans le centre. Avec une exigence : je souhaite que d’ici à 2026 toutes les livraisons dans Bordeaux s’effectuent avec des véhicules 100 % propres.

Votre programme sur la mobilité est-il bouclé, ou allez-vous faire de nouvelles propositions ?

Nous allons proposer une régulation du free-floating (trottinettes, vélos, scooters en libre-service) dans l’espace public, car c’est devenu anarchique, en contractualisant avec les opérateurs des zones de dépôt.

Il faut également se pencher sur la question du stationnement, notamment en rouvrant la concertation dans les quartiers qui ne sont pas encore concernés par le stationnement payant, je pense bien sûr à Saint-Augustin et Caudéran. Une partie des résidents se plaint que leur quartier est devenu un repaire à voitures-ventouses, ce qui rend le stationnement difficile. Il faudra enfin développer des modalités de stationnement temporaire plus simples pour les commerces de proximité, par exemple en élargissant les plages horaires de 15' actuellement, à 45' ou 1 h. Cela concerne aussi les entreprises. Je ne veux pas que la ville ne soit que résidentielle, il faut pouvoir continuer à y travailler.