Municipales 2020 à Nice : Christian Estrosi annonce vouloir raser le théâtre et le palais Acropolis

L'EFFET D'UNE BOMBE Le maire-candidat a dévoilé ce projet lors de son tout premier meeting, dimanche

Fabien Binacchi
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Vue avant-après du site concerné avec le Théâtre national de Nice et le palais Acropolis
Vue avant-après du site concerné avec le Théâtre national de Nice et le palais Acropolis — Estrosi2020 / Montage 20 Minutes
  • Lors de son tout premier meeting, dimanche, le candidat maire de Nice a annoncé qu’il voulait poursuivre sa coulée verte en rasant le théâtre national de Nice et un centre de congrès.
  • Ses concurrents ont vivement réagi. Ils dénoncent notamment le coût de cet éventuel projet et les nouveaux grands travaux qui vont en découler.

« Du grand n’importe quoi », « j’ai cru à une Fake News », « une véritable dérive »... Rapidement raillée par beaucoup de ses concurrents, l’annonce de Christian Estrosi, dimanche lors de son tout premier meeting, a fait l’effet d’une petite bombe dans les prémisses de la campagne pour les municipales à Nice. S’il est réélu pour un troisième mandat, le maire sortant a promis de raser le palais Acropolis, d’où il s’exprimait, et le théâtre national de Nice (TNN) pour pouvoir poursuivre sa coulée verte.

« En accord avec sa directrice et le ministre de la Culture, le TNN, qui exige d’énormes et coûteux travaux de mise aux normes, sera relocalisé [dans l’ancienne église des] Franciscains, place Saint-François » et « Acropolis, démoli, sera remplacé par un parc d’exposition moderne plus proche de l’aéroport », a détaillé Christian Estrosi.

«Détruire des bâtiments construits il y a une trentaine d’années»

Alors que le Musée d’art moderne et d’art contemporain (Mamac) serait conservé in situ, le théâtre, lui, serait donc transféré dans l’ancien édifice religieux de la place Saint-François, à quelques pas de là. Rénové par la ville depuis 2018, le lieu était prévu, à l’époque, pour accueillir un espace culturel dédié à l’histoire de Nice. Et selon le projet de Christian Estrosi, les 21.000 m2 du palais des congrès seraient tout simplement rasés.

« Il veut donc détruire des bâtiments construits il y a une trentaine d’années seulement et rénovés à grands frais par le contribuable en 2011 avec l’aide de grands architectes tel que Jean-Michel Wilmotte pour planter du gazon et quelques arbres, tance Benoit Kandel [DVD]. Et l’ancien premier adjoint de Christian Estrosi d’interroger : « Où est la logique ? Dans le même temps, il bétonnise les riches terres agricoles de la plaine du Var. »

Le projet devrait donc permettre de poursuivre la promenade du Paillon. L’espace vert, inauguré fin 2013 sur 1,2 km de long, avait déjà nécessité la destruction de l’ancienne gare routière de Nice et de ses jardins suspendus. Le coût du chantier avoisinait les 40 millions d’euros.

«Cette affaire représente une somme délirante»

« C’est un nouveau gouffre financier qui s’annonce, tranche de son côté le socialiste Patrick Allemand. On pensait en avoir terminé avec la folie des grandeurs avec le souterrain de la ligne 2 du tram qui a endetté la ville et la métropole à hauteur de 2 milliards d’euros, mais le père de la dette est de retour ! Financièrement, cette affaire représente une somme délirante d’au moins 500 millions d’euros et encore des années de chantier en cœur de ville pour des Niçois.es qui n’en peuvent plus ».

« Ces travaux massifs, répétitifs, n’en finissent plus de traumatiser la ville », abonde Philippe Vardon. Et la tête de liste pour le Rassemblement national de juger que « Christian Estrosi ne se veut plus un maire bâtisseur mais désormais un maire démiurge, transformant la ville à son goût, à sa main ».