Municipales 2020 à Marseille : Le prochain maire devra-t-il cogérer la ville avec le syndicat FO ?

POLITIQUE Jean-Claude Gaudin présentait ses vœux au syndicat majoritaire à la ville, Force ouvrière, alors que les liens étroits qu’entretient le maire avec le syndicat sont un secret de polichinelle

Adrien Max
Jean-Claude Gaudin lors de ses derniers voeux au syndicat FO.
Jean-Claude Gaudin lors de ses derniers voeux au syndicat FO. — Adrien Max / 20 Minutes
  • Jean-Claude Gaudin présentait ses vœux au syndicat majoritaire à la ville pour la dernière fois avant la fin de son mandat.
  • Des liens étroits sont entretenus entre le maire et le syndicat.
  • Au point qu’il sera difficile à son successeur à la mairie de s’en détacher.

Un tonnerre d’applaudissements à l’arrivée à la tribune de Jean-Claude Gaudin pour les traditionnels vœux de Force Ouvrière Territoriaux à Marseille. Une cérémonie au théâtre de l’Odéon qui ressemblait à s’y méprendre à un meeting politique de la droite locale. Le maire, pour ses derniers vœux au syndicat avant la fin de son mandat à la tribune, donc, Martine Vassal, présidente de la métropole au premier rang, contrairement à l’année précédente où elle partageait la tribune avec Gaudin « mais attention, campagne municipale oblige », selon celui-ci, et une ribambelle d’adjoints.

Une cérémonie à laquelle se prête avec plaisir le maire, sauf en 2018 à cause de certaines crispations, alors que la proximité entre Jean-Claude Gaudin et le syndicat est un secret de polichinelle. Peu après l’audition par le Parquet national financier de Jean-Claude Gaudin sur le temps de travail des agents marseillais à l’été 2019, le ministre de l’intérieur Christophe Castaner regrettait « une habitude de cogestion du personnel municipal depuis de longues années » à Marseille.

Le « pouvoir » de FO dans les municipales

Si Patrick Rué, le secrétaire général de FO territoriaux s’en défend, il n’hésite pas à mettre en avant leurs affinités. « Monsieur le maire, vous affirmez que vous êtes celui qui aura le plus donné à ces agents. Et c’est vrai. Vous n’avez jamais fait mystère de votre proximité avec notre syndicat comme l’avait eu en leur temps Gaston Defferre et Robert Vigouroux. Ce n’est rien connaître de notre fonctionnement que de penser que FO se positionne en gestionnaire. A la ville de Marseille, le seul patron c’est le maire », a-t-il lancé.

La carte d’honneur du syndicat offerte à Gaudin en 2014 n’était pourtant pas passée inaperçue à l’époque. « Nous n’avions pas imaginé que près de 10 ans après, certains médias en parleraient encore », en plaisante Patrick Rué.


Si le syndicat s’est défendu de cogérer la ville, Patrick Rué a rappelé le poids qu’il pouvait peser, en guise d’avertissement. « Lors des dernières élections, un candidat avait cru bon ton de fustiger les agents territoriaux et de stigmatiser leur syndicat majoritaire, accusé de trop les défendre. Après avoir été largement battu, cet élu est aujourd’hui hors course. Jamais FO n’a appelé à voter pour un candidat. Mais il est de notoriété publique que si un candidat ne respectait pas le travail des agents, notre syndicat ne lui ferait aucune concession », a-t-il prévenu, sans jamais mentionner Patrick Mennucci.

Difficile de se défaire d’une situation vielle de plusieurs décennies

Frédéric Legrand, auteur du documentaire Le Système G, relativise ces propos. « La défaite de Mennucci peut aussi s’expliquer du fait que les élections intervenaient à mi-mandat de François Hollande et les primaires socialistes qui l’avaient élu avaient découlé sur de nombreuses divisions. Mais c’est sûr que la position de FO a été un facteur aggravant », estime-t-il.

Face à ce constat, il sera probablement compliqué de se défaire de l’importance prise par le syndicat pour le prochain, ou la prochaine maire. « Renaud Muselier racontait avoir voulu briser le monopole de FO en 1995. Il s’est pris une grève assez dur comme c’était prévisible, mais alors que la droite le soutenait au début, il s’est retrouvé seul au bout de 15 jours », relate Frédéric Legrand.

Et cette situation ne semble d’ailleurs pas propre à la mairie. « Lors de son arrivée au conseil départemental, Martine Vassal n’a pas renversé la table. Ce n’est pas un tropisme marseillais : dans beaucoup de villes on fait bosser les employés comme militants », avance Frédéric Legrand. Jean-Claude Gaudin, après avoir remercié les personnels du syndicat pour leur transformation de Marseille, a d’ailleurs formulé le vœu que « quelqu’un d’autre, dans la même lignée, sera là l’année prochaine ».