Municipales 2020 à Marseille : A quatre mois des élections, le grand flou politique

ELECTIONS Alors que le scrutin des élections municipales à Marseille se rapproche, le flou politique perdure à gauche, à droite, comme chez LREM. Seul le Rassemblement national est en ordre de marche

Adrien Max
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La mairie de Marseille, ici en décembre 2018
La mairie de Marseille, ici en décembre 2018 — Gérard Julien / AFP
  • A quatre mois des élections municipales, le flou règne dans la plupart des partis politiques marseillais.
  • A droite, Martine Vassal et Bruno Gilles se déchirent pour obtenir l’investiture des Républicains, tandis que chez LREM aucun candidat n’a été investi.
  • A gauche, l’union tant espérée semble prendre du plomb dans l’aile alors que Jean-Luc Mélenchon souhaite réunir les différentes forces en présence ce jeudi.
  • Seul Stéphane Ravier du Rassemblement national, qui a annoncé la liste de ses têtes de listes par secteur, a véritablement lancé sa campagne.

La succession de Jean-Claude Gaudin s’annonçait difficile, ce sera probablement bien pire. Bataille chez les Républicains, tractations à gauche, recherche du candidat idéal chez LREM… à quatre mois du premier tour des élections municipales de 2020, aucun parti n’est en ordre de marche pour briguer la mairie de Marseille, après 25 ans de règne sans partage de Jean-Claude Gaudin. Aucun parti, à l’exception du Rassemblement national. 20 Minutes fait le point sur cette bataille pour Marseille.

Chez Les Républicains, l’heure de la fin de la récré

Le parti de Jean-Claude Gaudin vit actuellement ce que tout le monde redoutait au sein de ses rangs : une profonde division. Lors de son passage de témoin à la tête de la métropole à Martine Vassal à l’automne 2018, le maire sortant de Marseille avait prévenu : « Il faudra rassembler largement pour espérer conserver la mairie ». Un an après, l’objectif est loin d’être atteint. Au moment même de cette mise en garde, Bruno Gilles, sénateur LR et héritier de la première heure de Gaudin, se déclarait candidat. Mais l’héritière nouvellement désignée lui a emboîté le pas en septembre dernier lorsqu’elle s’est, elle aussi, déclarée candidate.


Depuis, les deux bébés de Gaudin se disputent l’investiture de leur famille politique, alors que Gaudin soutien Vassal, mais que Bruno Gilles dispose de nombreux soutien chez LR à Paris. Face à cette guerre fratricide ponctuée de petits pics, Christian Jacob le nouvel homme fort chez LR, a convoqué tout ce petit monde ce mercredi à Paris pour siffler la fin de la récré, en présence de Jean-Claude Gaudin. Mais à la sortie, même statut quo pour les deux candidats. Ce sera donc à la commission nationale d'investiture de les départager le 27 novembre prochain, mais les deux candidats ont déjà prévenu : ils iront au bout, même sans l’investiture.

A gauche, tout le monde veut y aller mais personne n’est d’accord

Europe Ecologie Les Verts, Printemps marseillais, Pacte démocratique, Parti Socialiste. Difficile de se mettre d’accord sur le côté gauche de l’échiquier politique alors que tous s’accordent sur le fait qu’il faut « dégager Gaudin ». Si EELV a fait le choix d’y aller seul fin septembre, des dissensions sont apparues récemment entre le Printemps marseillais, réunissant différents partis comme LFI, les communistes, le PS, et des mouvements citoyens, et le Pacte démocratique, une union de citoyens et de militants. Ces derniers reprochent aux premiers de ne pas laisser assez de place aux citoyens dans la prise de décision. Face à ce « point de blocage », Jean-Luc Mélenchon a souhaité réunir les différentes forces autour de la table ce jeudi pour « réussir ce que tout le monde attend de nous ».


EELV a d’ores et déjà décliné l’invitation, ne souhaitant « pas [se] replonger avec les autres organisations dans un processus sans fin de négociations boutiquières ». Pendant ce temps, on règle ses comptes au sein du PS marseillais. Si Benoit Payan, président du groupe à la mairie, a été mandaté par la fédération nationale pour travailler à l’union des gauches, d’autres élus comme Patrick Menucci, ancien candidat à la mairie ou Samia Ghali, sénatrice des quartiers Nord, sont loin d’être favorables à une union des partis de gauche. Mais Samia Ghali, un temps proche de LREM, n’a toujours pas renouvelé son adhésion au PS.

Chez LREM, on se cherche toujours

Saïd Ahamada, Yvon Berland, Jean-Philippe Agresti, Johan Bencivenga. Autant de noms énumérés depuis cet été susceptible de rafler l’investiture LREM. Un temps annoncée pour juin, puis pour la rentrée, la décision n’est toujours pas prise à la mi-novembre. Face à l’impatience des candidats Ahamada et Berland en septembre, LREM a mandaté Jean-Pierre Borello pour départager les candidats. Mais ce week-end, c’est Jean-Philippe Agresti, enfin déclaré candidat à l’investiture, qui en a remis une couche en écrivant à Stanislas Guérini pour le presser de prendre une décision. Retour au point de départ.


Au Rassemblement national, fonce qui peut

Face aux atermoiements de ses potentiels futurs adversaires, Stéphan Ravier, lui, trace sa route. Toutes ses têtes de listes par secteur ont été présentées à la presse dès la fin septembre, et depuis le candidat du Rassemblement national est en campagne. Alors que son parti est arrivé en tête à Marseille aux dernières européennes, Stéphan Ravier organise ce jeudi soir une réunion sur le bilan de ses six années passées à la tête de la mairie des 13e et 14e arrondissements, la plus grande mairie RN de France. La possibilité d’une victoire du RN à Marseille n’est d’ailleurs pas prise à la légère chez les autres partis et mouvements politiques.