Hérault : Des bourgeois aux boulistes, Albert Dubout dessinait les Français comme personne
EXPOSITION Des dessins inédits de l'artiste sont à découvrir jusqu'au 31 mars 2023 à son musée
- Jusqu’au 31 mars 2023, dans l’exposition « Dubout dessine les Français », le musée qui lui est consacré, à Palavas-les-Flots, dévoile des dessins inédits de l’artiste.
- « Jean D’Ormesson disait d’Albert Dubout que c’était le dessinateur des congés payés, de la société de masse, et de la société de consommation », confie son petit-fils du dessinateur, Didier Dubout, chouchoute l’œuvre de son grand-père.
- Sur certaines planches, « il y a passé un mois, parce qu’il y a 1.000 personnages. Il travaillait comme un fou, presque nuit et jour », poursuit-il.
La grosse dame et le petit monsieur, les gendarmes et les voleurs, les boulistes, les bourgeois, les fonctionnaires… Toute sa vie, Albert Dubout a dessiné les Français. Il les a croqués au volant, en vacances, devant la télévision, au boulot, ou faisant la fête. Jusqu’au 31 mars 2023, dans l’exposition « Dubout dessine les Français », le musée qui lui est consacré, à Palavas-les-Flots (Hérault), dévoile des dessins inédits de l’artiste à la pipe, qui a travaillé pour près de 250 journaux et revues.
Le style burlesque avec lequel il a caricaturé les gens lui vaut encore, bientôt cinquante ans après sa mort, d’être considéré comme l’un des maîtres du dessin comique. Cet ancien élève des Beaux-Arts de Montpellier a d’ailleurs inspiré Cabu, qui recopiait, petit, ses dessins, et Wolinski. Et il est indissociable de l’œuvre de Marcel Pagnol et de Frédéric Dard. « Jean D’Ormesson disait d’Albert Dubout que c’était le dessinateur des congés payés, de la société de masse, et de la société de consommation », confie le petit-fils du dessinateur, Didier Dubout, qui chouchoute l’œuvre de son grand-père.
« Une imagination débordante »
Son dada, ce sont les scènes de foule. Les files d’attente dans les administrations, les plages bondées, le public à la pétanque, les bagarres ou les fanfares. « Il commençait toujours le dessin en haut à gauche, et il terminait en bas à droite, poursuit son petit-fils. Jamais d’esquisse, jamais de travail préparatoire. » Albert Dubout avait « tout dans sa tête, il savait placer son dessin au millimètre près. Il avait une imagination débordante. »
Sur certaines planches, « il y a passé un mois, parce qu’il y a 1.000 personnages. Il travaillait comme un fou, presque nuit et jour ». Seulement dans son atelier, « avec le calme et la concentration les plus absolus. Personne n’avait le droit d’y entrer. Mon père n’y est jamais entré, moi encore moins. Seuls les chats avaient ce privilège. »
Et il lui est arrivé, souvent, de faire des dessins engagés. Son hit, la grosse dame et le petit monsieur, était, d’ailleurs, une manière de dénoncer les violences conjugales, note son petit fils. « Dès 1927 ! », pointe Didier Dubout. « Dessiner un gros bonhomme martyrisant sa petite femme, c’était sans doute trop proche de la réalité pour lui », raconte-t-il. Son idée était de montrer ce malheur à l’envers, avec une femme forte, persécutant son petit mari. Albert Dubout fut d’ailleurs très inspiré par les Suffragettes, qui militaient pour le droit vote des femmes. « Il sera, note son petit-fils, le dessinateur de l’émancipation des femmes. » Il est grand temps de (re)découvrir Albert Dubout.
Tarifs et informations ici.