Montpellier : Refusé en master, un étudiant en droit a entamé une grève de la faim

UNIVERSITE Ce lundi, Mehdi attend toujours une réponse de l’université ou du rectorat

Nicolas Bonzom
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Mehdi est en grève de la faim depuis vendredi
Mehdi est en grève de la faim depuis vendredi — N. Bonzom / Maxele Presse
  • Un étudiant est en grève de la faim depuis vendredi matin à Montpellier.
  • Il a été refusé dans le master qu’il convoitait, et reste depuis sans réponse.
  • « Au-delà de la situation dramatique de Mehdi, le problème est aussi collectif », assure le Scum, le Syndicat de combat universitaire de Montpellier, qui relaie l’action de l’étudiant.

Mehdi n’a rien mangé depuis trois jours. Cet étudiant, refusé par l'université de Montpellier (Hérault) au sein du master qu’il convoitait, a entamé vendredi une grève de la faim. Ce lundi matin, il était encore assis devant le rectorat, sans réponse.

« J’ai fait mes trois premières années à l’université de Montpellier, confie l’étudiant de 25 ans, à 20 Minutes. J’ai été refusé en master droit des affaires et en master droit pénal, car, m’a-t-on dit, les capacités d’accueil sont limitées [environ 20 places ouvertes par master, selon nos informations]. Ils procèdent à des sélections, mais sur des critères opaques. Et ce n’est pas uniquement l’université de Montpellier, toutes les universités de France sont dans ce cas. Beaucoup d’étudiants laissent tomber. Ce système ne fonctionne pas, et laisse des étudiants motivés sur le carreau. »

Mehdi est en grève de la faim depuis vendredi
Mehdi est en grève de la faim depuis vendredi - N. Bonzom / Maxele Presse

« L’espoir d’avoir une réponse »

« Au-delà de la situation dramatique de Mehdi, le problème est aussi collectif, reprend le Syndicat de combat universitaire de Montpellier (Scum), qui a relayé depuis vendredi l’action de l’étudiant montpelliérain. Cette année, de nombreux étudiants refusés en master n’ont eu aucune proposition du rectorat, alors que c’est une obligation légale. »


Aujourd’hui, Mehdi attend de l’université de Montpellier qu’elle lui fasse d’autres propositions d’affectation. « Lorsque l’on discute normalement, cela ne fonctionne pas, reprend-il. Alors, on est obligé de passer par des actions comme celle-là… La grève de la faim, c’est très dur. Mais ce qui me fait tenir, c’est l’espoir d’avoir une réponse… Et de toute façon, ce sera encore plus dur si je sors aujourd’hui du système universitaire. Avec une licence de droit, sur le marché du travail, on ne fait pas grand-chose… »

Pourra-t-il conserver sa chambre universitaire ?

Si Mehdi n’est pas inscrit dans une faculté avant le 30 septembre prochain, il ne pourra pas, par ailleurs, conserver la chambre à la cité universitaire où il réside. « Je serai à la rue », souligne l’étudiant montpelliérain. « L’obtention d’un logement et d’une bourse du Crous est conditionnée à l’inscription de l’étudiant dans un établissement d’enseignement supérieur, ont confirmé les services du Crous, ce lundi matin, à 20 Minutes. Pour l’instant, l’étudiant est logé chez nous jusqu’au 30 septembre. »

Mise à jour à 17 h 40 : En fin d’après-midi, le rectorat, que 20 Minutes avait sollicité, a indiqué qu’il recherchait pour cet étudiant une affectation dans une autre université. Sans succès, pour l’instant. « Alertés sur sa situation et les difficultés qu’il rencontre, les services du rectorat (…) ont formulé à ce jour 13 présentations auprès d’universités en Occitanie, dont la première date du 20 août 2020, indique le rectorat. Les services de la région académique le tiennent très régulièrement informé de l’état d’avancement de la procédure (…) Les derniers échanges téléphoniques avec cet étudiant datent des 16 et 17 septembre 2020 pour l’informer de l’état d’avancement de la procédure en cours. »

Par ailleurs, poursuit le rectorat, le Crous « n’envisage aucunement de lui retirer le bénéfice de sa chambre avant d’avoir les résultats des procédures en cours ».

De son côté, le doyen de la faculté de droit confirme à 20 Minutes que Mehdi n’a pas pu être accueilli en master en raison des capacités limitées. « Jusqu’à présent les capacités d’accueil limitées n’existaient qu’à niveau M2 [master 2], explique-t-il. Le recrutement à niveau M1 [master 1], en lieu et place du traditionnel recrutement à niveau M2, ne devait pas intervenir avant l’année 2021-2022, date d’entrée en vigueur des nouvelles maquettes adaptées à la nouvelle réglementation. Toutefois le ministère a souhaité imposer ce recrutement à niveau M1 dès cette année. Les doyens des Facultés de droit en ont été informés à la fin du mois de novembre 2019, là où ils s’attendaient à bénéficier d’un régime dérogatoire pendant encore un an (…) Appliquées ainsi dès l’année de M1, les capacités d’accueil de Master ont très rapidement été atteintes, les dossiers d’un moins bon niveau n’étant pas retenus dans un contexte d’offre tendue. »