Montpellier : Une « petite partie » des mineurs non-accompagnés ont sombré dans la délinquance

DELINQUANCE Entre 800 et 900 mineurs non-accompagnés sont pris en charge dans l'Hérault

Nicolas Bonzom
Des mineurs non-accompagnés (Illustration)
Des mineurs non-accompagnés (Illustration) — POUZET/SIPA
  • « Une petite partie de ces mineurs non-accompagnés posent un réel problème en matière de délinquance dans le centre-ville de Montpellier », indique à 20 Minutes Fabrice Bélargent, le procureur de la République de Montpellier.
  • « Ils sont véritablement en détresse, indique un bénévole de Réseau Education Sans frontières. Leur demande numéro 1, c’est d’être formé au Français, et à un métier. »

Vols à l’arraché, cambriolages… A Montpellier, dans l'Hérault, les méfaits imputables à des mineurs non-accompagnés, qui noircissent régulièrement les colonnes de la presse locale, interrogent : ces adolescents posent-ils réellement un problème d’ordre sécuritaire dans le centre-ville ? En 2018, 120 affaires seraient liées à ces mineurs d’origines étrangères, séparés de leurs familles, et qui, selon le droit français, doivent être accompagnés et protégés. Mais seule une infime partie serait en cause.

« Une petite partie de ces mineurs non-accompagnés posent un réel problème en matière de délinquance dans le centre-ville de Montpellier, indique à 20 Minutes Fabrice Bélargent, le procureur de la République. Ils commettent essentiellement des vols avec violences de téléphones ou des arrachages de colliers. Un certain nombre sont impliqués dans des cambriolages de commerces ou d’appartements. Il s’agit évidemment d’une minorité, mais particulièrement agissante. Le phénomène s’accroît depuis le mois de septembre. Nous nous heurtons à de multiples difficultés pour les identifier, tracer leurs antécédents et établir leur âge réel. De nombreux mineurs impliqués dans ce type de délinquance, mais pas tous, ne sont pas intégrés dans les filières de prise en charge. »

« Leur demande numéro 1, c’est d’être formé »

En effet, si le département de l’Hérault, qui en a la compétence, accueillerait entre 800 et 900 adolescents d’origines étrangères, d’autres échappent aux dispositifs d’accompagnement. Ces derniers vivent, parfois, dans des conditions très difficiles, notamment des squats, et ne bénéficient pas des 10 euros quotidiens de tickets d’alimentation délivrés par la collectivité aux mineurs non-accompagnés déclarés.

Michel Elie, bénévole à Réseau Éducation sans frontières 34, une structure qui accompagne les mineurs non-accompagnés, s’insurge contre les amalgames qui feraient de ces adolescents des délinquants en puissance. « Ce n’est qu’une minorité très, très faible, confirme-t-il. Les mineurs non-accompagnés n’ont plus de lien avec personne, ils ont souvent connu un trajet extrêmement dur. Je discutais dernièrement avec l’un d’eux, qui a traversé la Méditerranée. Deux de ses copains se sont noyés à ses côtés. Ils sont véritablement en détresse. Leur demande numéro 1, c’est d’être formé au Français, et à un métier. Et lorsque l’on parvient à les faire scolariser, ils sont très bien perçus dans les établissements, ils ne posent aucun problème et dynamisent même les classes. »

« Bon nombre de mineurs non-accompagnés sont embauchés par des entreprises de Montpellier en recherche de main-d’œuvre et elles en sont très satisfaites », note Kleber Mesquida (PS), le président du département, dont l’action en la matière a été pointée du doigt par Philippe Saurel (divers gauche), le maire de Montpellier (lire l’encadré).

« Il faut protéger les mineurs, et protéger les Montpelliérains de quelques comportements de délinquants », a grondé mardi Philippe Saurel, pour qui cependant « la grande majorité des mineurs non-accompagnés ne sont pas délinquants ». « Je demande au département d’assumer la compétence dont il a la charge. En accompagnant mieux les mineurs, en les répartissant de façon solidaire sur l’ensemble du territoire départemental. Montpellier ne doit pas être la seule ville impactée. Le département n’est pas à la hauteur. Ces mineurs, qui ont des vies difficiles, sont la première proie des réseaux criminels. » « Si monsieur le maire veut être constructif, je l’invite à nous proposer toutes les solutions d’hébergements disponibles, lui a répondu mercredi Kleber Mesquida. Tous les bâtiments ou terrains qui permettent au département d’organiser l’accueil de ces jeunes dignement (…) seront des solutions bienvenues (…) En ce qui concerne la délinquance, ce n’est pas le département qui relâche les jeunes ayant fait l’objet d’interpellations. » Ce jeudi matin, Philippe Saurel hausse le ton. « S’il ne veut pas s’occuper de solidarité et des mineurs non-accompagnés, il le dit, et il transfère la compétence à la métropole, nous, on s’en occupera », confie l’élu à 20 Minutes.