Montpellier: Refoulée aux portes de son master II, une étudiante «sans-fac» voit son rêve se briser
ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR Tandis qu’une assemblée générale a lieu ce jeudi matin à l’université Paul-Valéry, «20 Minutes» a rencontré une «victime» de la sélection à la faculté…
- L’université Paul-Valéry fait face à des problèmes de possibilité d’accueil.
- En master, certains se voient refuser l’accès à l’échelon supérieur.
- C’est le cas de l’étudiante que nous avons rencontrée.
Chloé* raconte avoir passé « l’été à pleurer ». Cette étudiante de 23 ans, qui a entamé il y a cinq ans un cursus de psychologie à l’université Paul-Valéry de , s’est vue refuser l’accès à un master II. Malgré la mention « bien » décrochée avec son master I il y a un peu plus de deux mois, elle n’a finalement pas été sélectionnée parmi la trentaine de futurs praticiens qui sont passés à l’échelon supérieur en cette rentrée…
Et sans son Bac + 5, la jeune femme, qui remue ciel et terre pour faire bouger les choses, peut dire au revoir à son rêve le plus cher : devenir psychologue clinicienne.
« J’ai honte parfois »
« Je me suis demandé durant tout l’été ce que j’allais bien pouvoir faire de ma vie, soupire cette "sans-fac", qui préfère garder l’anonymat. J’ai ma place, et on me la refuse. J’ai tout donné, j’ai tout fait bien, j’ai les valeurs pour faire ce métier… C’est injuste. »
Pas de chance pour cette étudiante, qui patiente aujourd’hui sur une liste d’attente : elle n’a pas pu bénéficier de la réforme voulue par le gouvernement, qui devrait donner plus de droits aux étudiants en master I. « Rien n’a été prévu pour nous, les étudiants entre
l’ancienne et la nouvelle réforme, ce qui est anormal », s’exaspère-t-elle.
Malgré son refus en master II, la jeune femme assiste aux cours, en se faisant toute petite, « au cas où la situation se débloque à un moment ou à un autre ». « Je vais aux cours la boule au ventre. En espérant que l’on ne me fiche pas à la porte. J’ai honte parfois. » Aujourd’hui, la Montpelliéraine a un avocat, espérant qu’une décision de justice lui soit favorable et lui permette de reprendre le cours normal de la formation.
Une assemblée générale ce jeudi
Chloé est loin d’être seule dans ce cas. Selon des chiffres communiqués par le Syndicat de combat universitaire 875 étudiants titulaires d’un master I à l’université de lettres (au 15 septembre) n’ont pas pu continuer dans le master II correspondant.
Et ce sont 1.125 étudiants titulaires d’une licence qui se sont vus refuser l’accès à une première année de master. Inadmissible pour le syndicat, qui organise ce jeudi (9h15) une assemblée générale dans l’amphithéâtre A de
Des problèmes de possibilités d’accueil et d’employabilité
De son côté, la direction de l’université, contactée par 20 Minutes, confirme ces chiffres, en rappelant toutefois qu’un étudiant peut déposer plusieurs dossiers : « Une candidature refusée n’est donc pas équivalente à un étudiant sans master. »
L’université, qui accueille de plus en plus d’étudiants chaque année (près de 500 en cette rentrée) assure qu’il n’y a pas « de capacités d’accueil en licence et en master », mais qu’une réalité s’impose : « Faire coïncider les capacités d’accueil avec les possibilités d’accueil physique et d’encadrement pédagogique, afin de ne pas mettre en péril la qualité des enseignements ». Pour les masters, « l’employabilité des diplômés » est aussi rentrée en compte. Pour résumer, il y aurait beaucoup, beaucoup trop de candidats à certains diplômes, pour des secteurs qui n'offrent que trop peu de débouchés.
L’université « s’efforce de trouver les meilleures solutions pour chacun », assure-t-elle. Sur son campus, la mobilisation des « sans-fac », elle, ne cesse de s’intensifier…
* Le prénom a été modifié.