Montpellier : Malgré les condamnations en justice, Las Rébès fait de la résistance
URBANISME Les habitants du quartier refusent un projet de construction de logements sociaux sur un coin de nature...
Rires et odeurs de merguez grillées s’échappaient ce dimanche midi de la colline de Las Rébès, à Montpellier. Ici, sur ce petit coin de nature d’environ 1 hectare, ACM-Habitat, structure en charge des logements sociaux, a prévu de construire trois nouveaux bâtiments, abritant 60 logements, en plus des 540 déjà existants dans le quartier.
Face à la « menace des tractopelles », depuis plus de deux mois, les habitants se battent pour sauvegarder ce « poumon vert », qu’ils jugent indispensable à leur bien-être.
Un coin « unique »
Pour marquer leur résistance au projet, plus d’une centaine ont participé dimanche à un « pique-nique citoyen » sur ce lieu, bloqué par des palissades, qui normalement, leur est interdit d’accès : sept habitants, ainsi que deux associations, ont été condamnés en mars à des amendes, et à une interdiction d’empêcher le chantier. Ils n’ont pas fait appel.
« Justice ou pas », et même si quelques arbres ont commencé à être abattus, à Las Rébès, le combat continue. « C’est un petit coin vert, dans un quartier entièrement bétonné, où les enfants jouaient, les gens se rencontraient, c’était un véritable lieu de socialisation. C’est unique à Montpellier », note Zaïd, qui habite le quartier depuis une dizaine d’années. « Les petits sont heureux quand ils sont ici, assure Amélie. S’il n’y a plus cette nature, où vont-ils aller ? Dans les halls, les parkings ? »
« Une bouffée d’air frais »
Ce « poumon vert », « lorsqu’on ouvre les fenêtres le matin, c’est une bouffée d’air frais, reprend Olivier. Je ne veux pas qu’on me l’enlève ! » « C’est le seul espace de vie du quartier, assure un habitant. On se retrouvait ici le dimanche ou les vacances, entre voisins, pour pique-niquer, ou le soir, pour faire une pétanque. »
L’élu municipal et métropolitain communiste Hervé Martin était à Las Rébès, ce dimanche. Selon lui, « ils font moins de logements sociaux, et en plus, ils les font au mauvais endroit. Les gens d’ici ont droit, eux aussi, à une qualité de vie. »
« On ne veut pas d’un buisson planté sur du béton »
Mais malgré la mobilisation, ACM-Habitat ne semble pas disposé, pour l’instant, à suspendre le projet. De son côté, la ville soutient sa réalisation, notant qu’il y a urgence à construire des logements sociaux à Montpellier. D’autre part, elle souligne que 7 000 m2 seront préservés, le projet Alba ne s’étendant que sur 3 000 m2 environ.
Mais malgré nos demandes, impossible de savoir en revanche ce qu’il va advenir précisément de ces 7 000 m2 restants. « On ne veut pas d’un petit espace vert ou d’un buisson planté sur du béton, note une habitante. On souhaite que notre petit coin vert soit conservé. » Ce dimanche, les militants ont fait de la colline une Zad (une Zone à défendre). Certains ont choisi de dormir sur place, en fin d’après-midi.