Guerre en Ukraine : L’ONG Human Rights Watch met en garde Kiev contre « l’usage apparent » de mines antipersonnel
ARMES L’ONG appelle l’Ukraine à enquêter sur l’utilisation par son armée de milliers de mines antipersonnel dans la région d’Izioum
Human Rights Watch (HRW) évoque un « usage apparent ». L’ONG a mis en garde l’Ukraine, mardi, contre l’utilisation, par ses forces armées, de mines antipersonnel interdites, lors de la bataille pour libérer Izioum, à l’est du pays. Occupée pendant près de six mois par les Russes, la ville a été reprise par Kiev en septembre dernier.
« L’Ukraine devrait enquêter sur l’usage apparent par son armée de milliers de mines antipersonnel disséminées par des roquettes dans et autour de la ville d’Izioum lorsque les forces russes occupaient la zone », a écrit HRW, tout en rappelant que les forces russes de leur côté ont utilisé des mines antipersonnel dans de nombreuses régions d’Ukraine depuis le début de l’invasion il y a presque un an.
Des positions russes ciblées
A Izioum, l’ONG a documenté de nombreux cas de « mines papillon », de fabrication soviétique, déployées à partir de tirs de roquettes. Elles ont été trouvées dans neuf zones où se trouvaient des positions russes, suggérant que ces dernières étaient « les cibles ». « Les forces ukrainiennes semblent avoir déployé des mines de façon intensive dans la région d’Izioum, entraînant des victimes civiles et posant un risque continu », a déclaré Steve Goose, directeur du département armes à HRW, cité dans le rapport.
« Les forces russes ont fait un usage répété des mines antipersonnel et commis des atrocités à travers le pays, mais cela ne justifie pas l’utilisation par l’Ukraine de ces armes interdites », a-t-il ajouté. Les mines papillon (PFM-1S), de couleur verte ou marron, sont remplies de 37 grammes de liquide explosif. Elles sont normalement équipées d’un système d’autodestruction après 40 heures, mais le mécanisme est souvent défaillant, rappelle HRW.
Une cinquantaine de civils blessés ?
La ville d’Izioum a été reprise mi-septembre par les forces ukrainiennes, après plus de cinq mois d’occupation russe. HRW a mené une enquête dans la région du 19 septembre au 9 octobre, interrogeant plus de 100 témoins. Onze victimes de mines ont été identifiées. Mais selon les services de santé, une cinquantaine de civils, dont au moins 5 enfants, ont été vraisemblablement blessés par ces mines pendant ou après l’occupation russe, la moitié ayant subi des amputations du pied ou de la jambe.
L’Ukraine est un Etat partie au traité international de 1997 sur l’interdiction des mines antipersonnel, qu’elle a ratifié en 2005, rappelle HRW, qui demande à Kiev d’ouvrir une enquête et de détruire ses stocks. « L’Ukraine respecte ses obligations internationales. Notre Etat s’est toujours montré disposé à accepter des enquêtes », a déclaré mardi, sur Telegram, le commissaire ukrainien pour les droits humains, Dmytro Lubinets. « Ce problème (des mines antipersonnel) existe, car l’Ukraine fait face à un ennemi, depuis 2014, qui dispose de nombre d’armes et utilise tout son arsenal contre notre peuple », a-t-il ajouté.