Guerre en Ukraine : Leopard, Abrams, Challenger… Qui envoie quels chars à Kiev ?
On fait le point Washington et Berlin ont cédé mercredi aux appels de détresse de l’Ukraine et ont annoncé l’envoi de blindés lourds
- Depuis plusieurs semaines, l’Ukraine réclamait à ses soutiens occidentaux la livraison de blindés lourds afin de lui permettre de remporter la guerre contre la Russie.
- L’Allemagne a donné son feu vert suivi de près par les Etats-Unis dans la foulée mercredi. La France, elle, traîne toujours des pieds pour envoyer ses chars Leclerc.
- Qui envoie quoi ? Où en est-on dans ces livraisons ? 20 Minutes fait le point sur les différentes promesses de l’Occident faites à Kiev.
C’est une première victoire pour Kiev. Après des semaines de sirènes sur ses besoins en armement lourd, et notamment en chars d’assaut, l’Ukraine va enfin recevoir ce qu’elle demande. Berlin et Washington on en effet annoncé la livraison de chars Leopard et Abrams en soutient à l’armée ukrainienne qui ambitionne de repousser l’ennemi russe hors de ses frontières.
Avant l’Allemagne et les Etats-Unis, le Royaume-Uni avait pris les devants en promettant de telles livraisons, tandis que la Pologne n’attendait plus le feu vert de Berlin. La France, dans tout ça, applaudit ces décisions mais n’a pas suivi le mouvement. Pour le moment, la question de la livraison des chars Leclerc n’a pas été tranchée. Pour y voir plus clair sur qui fait quoi en soutien de blindés lourds à l’Ukraine, 20 Minutes fait le point sur les différentes annonces de ces derniers jours.
Les Leopard 2 en force
Après de longues semaines de tergiversations, Berlin a dit « oui ». Le chancelier allemand Olaf Scholz a donné son feu vert à la livraison d’exemplaires des chars allemands Leopard. Le dirigeant a créé la surprise en annonçant la livraison de 14 Leopard 2 de modèle 2A6 plus perfectionnés, pris sur le stock de l’armée allemande. Ils seront livrés à partir « fin mars, début avril », a précisé le ministre de la Défense Boris Pistorius. La formation de soldats ukrainiens au maniement de blindés légers Marders débutera « d’ici fin janvier » en Allemagne et la formation sur les Leopard suivra « un peu plus tard », a-t-il ajouté.
Grâce à ce feu vert, d’autres pays européens vont également pouvoir renforcer le stock ukrainien. Cela faisait plusieurs jours que la Pologne a longtemps attendu l’accord de l’Allemagne. Varsovie va également pouvoir livrer 14 chars Leopard 2A4. Le Canada a annoncé jeudi la livraison de quatre chars Leopard 2 « prêts au combat » et qui « seront déployés dans les semaines à venir», selon la ministre de la Défense Anita Anand. La Norvège a aussi promis à l’Ukraine des Léopard 2. Selon plusieurs médias, la coalition de pays prêts à fournir de tels blindés comprend aussi le Danemark, les Pays-Bas et la Finlande. L’Espagne a également confirmé être « disposée » à livrer aussi des chars.
Le Leopard 2 combine puissance de feu, mobilité et protection. Ce char de combat d’une soixantaine de tonnes est doté d’un canon lisse de calibre 120 mm permettant de combattre l’ennemi tout en se déplaçant. Il est en outre doté, selon le fabricant, d’une « protection passive intégrale » efficace contre les mines et lance-roquettes. Son équipage de quatre personnes bénéficie en outre d’outils technologiques permettant de localiser et cibler l’ennemi à longue distance.
Les Abrams américains, « les plus puissants du monde »
Dans la foulée de l’annonce allemande, les Etats-Unis ont également promis de se joindre à l’effort. Washington a annoncé l’envoi de 31 Abrams à l’Ukraine. Cette livraison ne devrait toutefois pas se faire avant « plusieurs mois », d’après le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby.
L’annonce est un revirement pour les Etats-Unis, qui jusqu’ici se disaient réticents à fournir leurs chars lourds les plus avancés à Kiev. Il s’agit d'« aider l’Ukraine à défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale », a déclaré Joe Biden lors d’une brève allocution. « Il ne s’agit pas d’une menace offensive contre la Russie », a-t-il insisté.
La semaine dernière encore, le numéro trois du Pentagone, Colin Kahl, soulignait que le char Abrams était « un équipement très compliqué ». « Il est cher, il requiert une formation difficile, il a un moteur d’avion à réaction. Je crois qu’il consomme 11 litres de kérosène au km », avait expliqué le sous-secrétaire à la Défense pour la stratégie. « Ce n’est pas le système le plus facile à entretenir », avait-il ajouté.
Quatorze Challenger britanniques
Si les Occidentaux ont déjà envoyé des blindés légers à Kiev, le Royaume-Uni est devenu le premier pays à s’engager envers Kiev à envoyer ce type de blindés. Londres a déjà annoncé samedi 14 janvier la livraison à l’Ukraine de 14 chars lourds Challenger 2.
Le chef de la diplomatie britannique James Cleverly cette décision afin d’aider le pays « à repousser » les Russes dans l’est et le sud du pays, affirmant que Londres soutiendra les Ukrainiens jusqu’à « la victoire ». « Nous reconnaissons qu’ils ont besoin d’une forte capacité de défense dans l’Est et dans le Sud », des régions que la Russie tente de contrôler, a-t-il souligné.
Les Leclerc toujours en suspens
De son côté, malgré la diffusion d’une vidéo en forme d’ode aux chars français Leclerc par le ministère de la Défense ukrainien, le gouvernement français n’a de son côté pas encore pris de décision au sujet de l’envoi de ses propres chars lourds. Toutefois, Paris ne l’exclut pas, comme l’a répété mercredi la Première ministre française Élisabeth Borne. « Rien n’est exclu et nous sommes mobilisés pour les soutenir dans la durée », a-t-elle affirmé lors de la séance des questions d’actualité au Sénat. « S’agissant des chars Leclerc, nous poursuivons l’analyse avec le ministre des Armées ».
Au sujet de ces chars comparables au Leopard allemand, Emmanuel Macron a émis trois critères : « que ce ne soit pas escalatoire », « que ça puisse apporter un soutien réel et efficace » aux Ukrainiens en tenant compte des délais de formation, et que ça n’affaiblisse pas les capacités de défense françaises.
Selon des responsables français, si les réflexions en cours ont permis d’établir que l’envoi de ce type de chars ne serait pas « escalatoire », les discussions sont toujours en cours sur les deux autres critères. Ces responsables semblent à ce stade réservés sur l’utilité d’envoyer des Leclerc, dont les temps de formation sont longs et qui existent en Europe en nombre beaucoup plus réduit que les Leopard. Aucune décision sur ce sujet n’est en tout cas attendue à très court terme, prévient-on à Paris.