Guerre en Ukraine : « Chaos énergétique », Kherson et loi martiale… La semaine en quatre infographies
recap' « 20 Minutes » vous résume les enjeux et l’avancée du conflit entre Kiev et Moscou en infographies
- Comme chaque vendredi, « 20 Minutes » revient sur les éléments clefs de la guerre en Ukraine et les grands tournants de la semaine en infographies.
- Alors que l’hiver approche, l’armée russe a mené de nouvelles frappes d’ampleur sur les infrastructures énergétiques de l’Ukraine, dont près de 40 % des centrales électriques ont ainsi été détruites en une semaine.
- Cette stratégie du « chaos énergétique » est notamment menée grâce aux drones iraniens que la Russie fait pleuvoir sur l’Ukraine. Une Iran arrivée en renfort alors que, sur le terrain, les troupes de Vladimir Poutine semblent prêtes à s’engager dans la bataille de Kherson.
Des troupes russes massées dans la tête de pont de Kherson, des Ukrainiens à la manœuvre enhardis par leurs succès, des civils évacués, une loi martiale et des drones iraniens… Cette semaine, la guerre en Ukraine a pris un nouveau virage, Moscou, en recul sur tous les fronts, déchaînant une salve de frappes sur les infrastructures critiques ukrainiennes et optant pour la stratégie de la terre brûlée afin d’en finir avec sa série de défaites. Voici un point en quatre infographies sur cette nouvelle semaine de tensions, se terminant ce vendredi, 240e jour de conflit.
La stratégie du « chaos énergétique »
Après une série de défaites de son armée sur plusieurs fronts en Ukraine, Moscou s’est résolu à un changement brutal de stratégie pour tenter d’inverser cette spirale de l’échec : frapper massivement les centrales électriques ukrainiennes à l’approche de l’hiver. Les forces russes ont ainsi tiré des salves de missiles de croisière et lancé des centaines de drones kamikazes de fabrication iranienne sur des installations énergétiques, réussissant à paralyser quelque 40 % du réseau électrique ukrainien.
Après des semaines de grogne, les zélateurs du Kremlin ont soudain retrouvé le sourire « Il est impossible de survivre quand il n’y a pas de chauffage, pas d’eau, et pas de lumière », a déclaré cette semaine le député Andreï Gouroulev.
Au même moment, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, s’exprimant à distance devant le Conseil européen, a estimé que la Russie transformait le réseau électrique ukrainien en « champ de bataille » pour paralyser le pays à l’approche de l’hiver. De son côté, le vice-ministre de l’Intérieur Evguéni Enine a accusé Moscou de provoquer le « chaos énergétique » voire une « crise humanitaire ». Selon les services d’urgence ukrainiens, plus de 4.000 villes, villages et agglomérations ont subi des pannes de courant cette semaine. La présidence ukrainienne a qualifié la situation de « critique » et, jeudi, les autorités ont imposé des restrictions à la consommation d’électricité dans tout le pays.
L’atout loi martiale
Vladimir Poutine a ordonné, mercredi lors d’un Conseil de sécurité, l’instauration de la loi martiale dans quatre territoires ukrainiens annexés en septembre par Moscou : Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporojie. Vladimir Poutine a justifié cette mesure en affirmant que Kiev refusait de négocier avec Moscou et continuait à « bombarder » la population civile dans ces régions.
Dans la foulée, le Kremlin a publié un décret confirmant l’entrée en vigueur de la loi martiale dans ces territoires à partir de jeudi minuit, selon ce que prévoit la législation russe. Soit, le renforcement des mesures de sécurité, un couvre-feu, l’interdiction des rassemblements publics, l’évacuation d’entreprises stratégiques, l’interdiction de quitter les territoires concernés, l’internement de population, la mise en place d’une censure militaire dans les télécommunications, etc.
L’instauration de la loi martiale montre que les Ukrainiens ne voulaient pas rejoindre la Russie contrairement aux affirmations du président russe, a estimé jeudi le porte-parole de la diplomatie américaine. « Le président Poutine a annexé ces régions en affirmant qu’il y avait des personnes au sein de ces régions qui cherchaient si désespérément à fuir l’Etat ukrainien qu’elles voulaient rejoindre la Russie, a déclaré Ned Price à des journalistes. A présent Poutine expose ce mensonge en instaurant la loi martiale. »
Kherson, la bataille de l’hiver ?
Kherson sera-t-elle avant l’hiver le théâtre d’une grande bataille ? Sur le papier, la ville a tout pour être l’un de ces lieux tragiques et décisifs où parfois se scellent les conflits. Avant la contre-offensive russe fin août, « les Ukrainiens ont systématiquement préparé le champ de bataille », détruisant les ponts, les nœuds logistiques, les centres de commandement, a estimé cette semaine Valentin Mateiu, ancien membre du renseignement militaire roumain.
Mais en attendant l’assaut sur la plus belle prise russe depuis le début de l’invasion, le Kremlin blanchit la zone annexée. L’administration russe a assuré cette semaine que les évacuations de civils avaient commencé. Jeudi, 15.000 personnes avaient déjà rejoint l’autre rive du Dniepr et il est prévu d’en déplacer « 50.000 à 60.000 » en quelques jours.
Selon le secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense ukrainien, Oleksiy Danilov, il s’agit des prémices « de la déportation massive de la population ukrainienne » vers la Russie « afin de modifier la composition ethnique des territoires occupés ». La tension est encore montée d’un cran ce vendredi : les autorités pro-russes ont accusé les forces de Kiev d’avoir tué quatre personnes en bombardant le pont Antonovski reliant les rives Nord et Sud du fleuve Dniepr, utilisé pour des évacuations.
Des drones (et pas que) venus d’Iran
Des frappes russes, utilisant notamment des drones kamikazes, ont fait plusieurs morts, dont au moins quatre à Kiev lundi matin. Outre la capitale, les environs de Kharkiv et de Soumy (nord-est), de Donetsk (est), de Dnipropetrovsk (centre-est) ou de Kherson et de Mykolaïv (sud) ont été touchés. Les frappes se sont poursuivies les jours suivants et le soutien iranien est devenu cette semaine un problème de premier plan.
Il faut dire que, cet été, l’Iran a livré à la Russie des centaines de drones, selon la Maison-Blanche. Deux modèles ont été identifiés : le Mohajer-6 et le Shahed 136 (voir l’infographie ci-dessus). Le second est un drone suicide d’assez grande taille, de construction à bas coûts. Il atteint sa cible par coordonnées GPS, entrées avant son décollage. C’est ce modèle que fait pleuvoir la Russie sur l’Ukraine.
Les Ukrainiens ont mardi revendiqué avoir abattu 233 de ces drones ces dernières semaines. Et face aux livraisons présumées d’armes par l’Iran à la Russie, les alliés occidentaux ont adopté une série de sanctions contre Téhéran, malgré les dénégations des deux pays. Kiev a salué la réponse « rapide » de l’Union européenne. L’Iran est aussi soupçonné de prévoir la livraison sol-sol de missiles à la Russie. Téhéran a démenti l’information publiée par le Washington Post alors que jeudi, les Etats-Unis assuraient également que l’aide militaire présumée de Téhéran à Moscou allait jusqu’à la présence de militaires iraniens en Crimée.