Guerre en Ukraine : Les viols relèvent d’une « stratégie militaire » et d’une « tactique délibérée » selon l’ONU

Crimes L’armée russe aurait perpétré des violences sexuelles sur des personnes âgées de 4 ans à 82 ans

20 Minutes avec AFP
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Un cimetière à Kharkiv.
Un cimetière à Kharkiv. — Francisco Seco/AP/SIPA

« Toutes les indications sont là. » La représentante spéciale de l’ONU Pramila Patten est formelle. Interrogée par l’AFP, elle affirme que la Russie utilise le viol et l’agression sexuelle comme des armes de guerre en Ukraine, estimant que cela constituait « une stratégie militaire » et « une tactique délibérée pour déshumaniser les victimes ».

« Quand des femmes et des filles sont séquestrées pendant des jours et violées, quand vous commencez à violer des petits garçons et des hommes, quand on voit une série de cas de mutilations d’organes génitaux, quand vous entendez les témoignages de femmes évoquant des soldats russes équipés de Viagra, c’est clairement une stratégie militaire », dénonce-t-elle.



« Et quand les victimes évoquent ce qui a été dit pendant les viols, il est clair que c’est une tactique délibérée pour déshumaniser les victimes », dit l’avocate mauricienne. Elle relève que les premiers cas de violences sexuelles ont fait surface « trois jours après le début de l’invasion de l’Ukraine », le 24 février dernier. L’ONU a vérifié « plus d’une centaine de cas » de viols et agressions sexuelles en Ukraine depuis le début de la guerre, mais « les cas signalés ne représentent que le sommet de l’iceberg ».

« Ce ne sera pas sans conséquence »

Citant le rapport de la commission d’enquête internationale indépendante, elle souligne que « l’âge des victimes de violences sexuelles varie de 4 ans à 82 ans ». En exprimant son soutien aux victimes, elle leur a aussi demandé « de briser le silence » et prévenu les violeurs : « Le monde est en train de les regarder, et ce ne sera pas sans conséquences de violer une femme ou une fille, un homme ou un garçon ».

La représentante de l’ONU s’inquiète aussi du risque de traite des personnes. « Les femmes, les filles et les enfants qui ont fui l’Ukraine sont très très vulnérables, et pour les prédateurs, ce n’est pas une tragédie ce qui se passe dans ce pays, c’est une opportunité. La traite des personnes est un crime invisible, mais c’est une crise majeure », prévient-elle.