Guerre en Ukraine : Pont de Crimée, frappes russes… La semaine en quatre infographies

récap' « 20 Minutes » vous résume les enjeux et l’avancée du conflit entre Kiev et Moscou en infographies

X.R. avec AFP
Le lundi 10 octobre, Moscou a multiplié les frappes sur des villes ukrainiennes, en réaction à l'explosion sur le pont de Crimée.
Le lundi 10 octobre, Moscou a multiplié les frappes sur des villes ukrainiennes, en réaction à l'explosion sur le pont de Crimée. — Sophie RAMIS, Emmanuelle MICHEL / AFP
  • Comme chaque vendredi, « 20 Minutes » revient sur les éléments clefs de la guerre en Ukraine et les grands tournants de la semaine en infographies.
  • Le pont de Crimée, qui relie la péninsule au territoire russe, a été endommagé par une forte explosion samedi matin. Moscou accuse Kiev d’en être responsable, et a lancé une contre-offensive aérienne à grand renfort de drones.
  • La guerre des nerfs avec l’Occident continue aussi sur le plan énergétique. Moscou s’est ainsi plaint de ne pas participer à l’enquête sur les fuites des gazoducs Nord Stream 1 et 2, et une autre fuite a touché cette fois un oléoduc en Pologne.

Près d’une semaine après l’explosion du pont de Crimée, l’intensité du conflit est encore montée d’un cran, entre bombardements, menace nucléaire et progression des deux camps. Car si les forces ukrainiennes continuent de grappiller du territoire dans le Sud, se rapprochant de Kherson village par village, la Russie a aussi gagné quelques positions dans l’est. Et s’est lancée dans une « contre-offensive aérienne », multipliant les bombardements sur l’arrière du front avec des drones iraniens.

Dans le même temps, le ton est monté sur la scène diplomatique. Moscou accuse Kiev d’avoir commis un « acte terroriste » sur le pont de Crimée, et Vladimir Poutine « dit qu’il ne bluffe pas avec la menace nucléaire », relève Josep Borrell. Ce qui a poussé le chef de la diplomatie européenne à prévenir que « toute attaque nucléaire contre l’Ukraine entraînera une réponse si puissante que l’armée russe sera anéantie ». Comme chaque vendredi, 20 Minutes revient pour vous sur la semaine en quatre infographies.

Le pont de Crimée endommagé par une explosion

Le pont de Crimée a été partiellement détruit le samedi 8 octobre par une explosion, qui a embrassé un train transportant du carburant.
Le pont de Crimée a été partiellement détruit le samedi 8 octobre par une explosion, qui a embrassé un train transportant du carburant. - Sophie RAMIS, Kenan AUGEARD

« Aujourd’hui à 5h07 sur la partie routière du pont de Crimée (…) a eu lieu l’explosion d’une voiture piégée, qui a entraîné l’incendie de sept citernes ferroviaire qui allait vers la Crimée. » C’est avec cette déclaration du Comité national antiterroriste russe qu’a démarré notre live Ukraine du samedi 8 octobre. Une partie du tablier routier s’est effondrée dans le détroit de Kertch, que le pont enjambe, et le pont ferroviaire est également très endommagé. Trois personnes sont mortes dans l’explosion, rapportent les autorités russes.

Une enquête a aussitôt été ouverte, et le Kremlin a accusé les « services secrets ukrainiens », fustigeant la « nature terroriste du régime de Kiev ». Les responsables ukrainiens ont au contraire ironisé sur cette explosion et pointé une « piste russe ». Le pont de Crimée est particulièrement symbolique pour Moscou, qui a lancé sa construction en 2014 après l’annexion de la Crimée pour la relier par voie terrestre au reste de la Russie. Vladimir Poutine a ordonné que les réparations soient terminées au plus tard le 1er juillet 2023.

Moscou bombarde les principales villes ukrainiennes

Le lundi 10 octobre, Moscou a multiplié les frappes sur des villes ukrainiennes, en réaction à l'explosion sur le pont de Crimée.
Le lundi 10 octobre, Moscou a multiplié les frappes sur des villes ukrainiennes, en réaction à l'explosion sur le pont de Crimée. - Sophie RAMIS, Emmanuelle MICHEL / AFP

La riposte à l’explosion sur le pont de Crimée ne s’est pas fait attendre. Lundi, la Russie a lancé une contre-offensive aérienne, multipliant les frappes sur des villes de l’arrière. Elle s’est ensuite poursuivie, dans une moindre ampleur, en se concentrant sur des infrastructures militaires, énergétiques et de communication. Le bilan de ces frappes s’élevait mardi à 19 morts et 105 blessés, dont une partie à Kiev.

Dans la capitale, des sites civils ont été touchés, notamment une université et un terrain de jeu. Ces frappes constituent un « crime de guerre », a dénoncé lundi la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna sur son compte Twitter. La ville natale de Volodymyr Zelensky, Kryvyi Rih, a aussi été ciblée avec insistance par l’armée russe.

Armée russe et drones iraniens

L'armée russe se sert de drones de fabrication iranienne pour bombarder l'Ukraine.
L'armée russe se sert de drones de fabrication iranienne pour bombarder l'Ukraine. - Laurence SAUBADU, Pierre HARDY / AFP

Ces frappes sur les villes du nord du pays, ou près de la frontière polonaise, la Russie ne les a pas effectuées depuis le front à Kherson. Selon l’armée ukrainienne, « l’ennemi a utilisé des drones iraniens de type Shahed-136 depuis le territoire de la Biélorussie et de la Crimée temporairement occupée » pour frapper Kiev ou Lviv. Des attaques au drone « suicide », peu coûteux à la construction et idéal pour viser une cible fixe comme un hôpital ou un immeuble d’habitation.



Ce n’est pas le seul engin que le régime de Téhéran fournit à Moscou. Le Mohajer-6 fait aussi partie des centaines de drones livrés cet été, selon la Maison Blanche. En s’alliant à la République islamique, la Russie contourne ainsi les sanctions occidentales et assure l’approvisionnement de son armée, alors que les lignes de production du pays ne suivent pas le rythme. C’est aussi une manière de faire jouer la concurrence entre deux pays qui se disputent la sphère d’influence au Moyen-Orient et au sud du Caucase : le Mohajer-6 est en effet considéré comme l’équivalent du Bayraktar TB-2, fournit par la Turquie à l’Ukraine. Or, Erdogan et Poutine se sont rencontrés en fin de semaine à l’occasion d’un sommet en Azerbaïdjan, et souhaitent renforcer les liens économiques entre leurs pays. Notamment en créant un « hub gazier », afin d'acheminer du gaz russe en Europe...

L’oléoduc Droujba fuit aussi, l’Allemagne stocke du gaz


L'Allemagne s'est appuyée sur ses alliés européens pour achever de remplir ses stocks de gaz.
L'Allemagne s'est appuyée sur ses alliés européens pour achever de remplir ses stocks de gaz. - Sophie RAMIS, Sabrina BLANCHARD, Patricio ARANA / AFP


L’indépendance énergétique de l’Europe est plus que jamais au menu. L’enquête sur les fuites des gazoducs Nord Stream 1 et 2, au large de l’île danoise de Bornholm, progresse lentement, gênée par la présence de munitions et de navires coulés au fond de la mer Baltique. La Russie s’est plainte officiellement de ne pas être conviée à l’enquête, menée par les services allemands, suédois et danois. Pour Vladimir Poutine, il s’agit d’un « acte de terrorisme international », qui profite aux Etats-Unis, à la Pologne et à l’Ukraine.

Une autre fuite a par ailleurs été repérée mardi soir, cette fois-ci sur l’oléoduc Droujba, qui transporte du pétrole de la Russie vers l’Allemagne en passant par la Pologne. Alors qu’un hiver incertain sur le plan énergétique s’annonce, Berlin a fait jouer ses contacts pour remplir ses cuves : ses réserves de gaz sont pleines à 95 %, notamment grâce à des importations depuis la France.