Kurdes, Etat islamique, combattants du régime… Grosses tensions dans la « poudrière » de Deir Ezzor, en Syrie

guerres intestines Des affrontements ont débuté après l’arrestation le 27 août d’un chef militaire affilié aux forces démocratiques syriennes (FDS), accusé de malversations. Ses partisans ont alors riposté contre les FDS

20 Minutes avec AFP
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Deir Ezzor est contrôlée par les FDS à l'est de l'Euphrate.
Deir Ezzor est contrôlée par les FDS à l'est de l'Euphrate. — AFP

Ça chauffe à Deir Ezzor. Cette province située à l’est de la Syrie est le théâtre d’affrontements depuis plus d’une semaine entre des forces dominées par des Kurdes, soutenus par Washington, et des combattants arabes locaux, ce qui menace l’équilibre du secteur.

Le 27 août, les forces démocratiques syriennes (FDS) ont arrêté Ahmad al-Khabil, le chef du Conseil militaire de Deir Ezzor, un groupe local arabe armé affilié aux FDS, l’accusant de malversations, de trafic de drogue et de collusion avec le régime. Ses partisans ont alors lancé des attaques contre les FDS et les affrontements ont fait 71 morts, selon un dernier bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

La tension s’est aggravée après que des combattants prorégime ont traversé l’Euphrate vers des zones de combat, d’après l’OSDH. Les FDS ont instauré samedi un couvre-feu de 48 heures, accusant des « mercenaires liés au régime » de vouloir « semer la discorde » entre elles et les tribus arabes. Lundi, elles tentaient de reprendre le contrôle total d’une dernière localité en proie aux combats.

Réelle tension entre Kurdes et combattants arabes, ou simple propagande ?

Deux médiateurs américains ont rencontré dimanche des responsables des FDS et des dirigeants tribaux. Certains ont tenté de dépeindre les affrontements comme un conflit entre les forces kurdes et les tribus arabes. Mais les FDS ont assuré n’avoir aucun différend avec ces tribus dont beaucoup les ont aidées dans leur lutte contre l’EI.

Dans le même temps, « cette région est une poudrière », ajoute-t-il, prévenant que « si les combats s’étendent et empoisonnent les relations arabo-kurdes, les acteurs qui voudraient alimenter le conflit ne manquent pas ». Il explique que « la Turquie, le gouvernement syrien, et l’EI ont tous un intérêt à saper l’ordre actuel » et s’attirer les faveurs des tribus arabes.

La Turquie, qui déploie des troupes dans le nord de la Syrie, considère les forces kurdes comme des « terroristes », et Bachar al-Assad est opposé à l’administration autonome mise en place par les Kurdes dans leurs régions et à leur alliance avec Washington. Les médias du régime évoquent des combats entre les FDS et « les forces des tribus arabes ». Mais Omar Abou Layla, qui dirige le site d’informations DeirEzzor24, assure qu’il « n’existe pas de forces des tribus arabes » unifiées. « Si les tribus arabes s’étaient réellement liguées contre les FDS, celles-ci ne seraient plus aujourd’hui à Deir Ezzor. »